EDITORIAUX 2011
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Janvier 2011 Prospective : qui s’installera dans l’hôtel de la Marine ? Qui sera, une fois achevés les travaux nécessaires, le maître des lieux dans l’hôtel de la Marine ? Qui aura les moyens de redonner à cet immeuble, qui abritait jusqu’à présent une administration militaire, l’éclat qu’il mérite ? Qui en France aurait les moyens de l’acquérir, de le transformer, de le gérer durablement ? Peut-être trouvera-t-on. Mais, dans le monde aujourd’hui, les opérateurs capables de redonner vie à un édifice de cette envergure sont plus probablement allemands, américains, arabes, chinois, russes… Il n’était que temps pour l’Etat de se délester au profit de la vie civile de quelques unes des nombreuses propriétés par lesquelles il manifeste son prestige et où il loge ses fonctionnaires. Il n’y a rien à y redire et cela aurait dû se faire beaucoup plus tôt. Pour le moment, les idées avancées relèvent du bricolage – des boutiques, des appartements de luxe… –– et supposent une regrettable désarticulation de ce magnifique ensemble. Au-delà des considérations actuellement plaidées par ceux qui, à un titre ou à un autre, s’y intéressent, au-delà des prudences des défenseurs du patrimoine, cette affaire ne peut être traitée à la légère. Or, l’hôtel de la Marine n’est pas un lieu comme un autre. L’hôtel de la Marine, c’est la France. Il est une composante de cette place de la Concorde où se sont déroulés tant d’événements importants de notre Histoire. Cette place dont l’écrivain italien Curzio Malaparte disait : « là souffle l’esprit du monde ». Portons-nous de quelques années en avant. Représentons-nous une célébration de la Fête nationale, comme celle qui se déroule là chaque année, en présence du Président de la République, des corps constitués, des représentants de tous les peuples du monde. Qui contemplera cette scène du haut de son balcon ? L’avenir de l’hôtel de la Marine comporte une part d’inexprimable, il concerne les eaux profondes de la nation. Que dirions-nous, par exemple, si demain un acheteur étranger de dette française exigeait en échange d’apposer son identité sur ce lieu symbolique ? Quelle qu’elle soit, l’identité du futur locataire ne passera pas inaperçue, une signification lui sera attribuée, en France et dans le monde. Dans notre monde superconnecté, l’ancien garde-meuble du roi appartient à l’identité française. Se tromper serait trop grave. La dévolution de l’hôtel de la Marine est une affaire d’Etat. C’est aussi, contre l’apparence, une question tout à fait prospective. Peut-être faut-il inventer une structure ad hoc pour le préserver parce que nous aurions su lui inventer une nouvelle raison d’être. Une suggestion : pourquoi ne pas en faire le siège de la Présidence de la République ? Le palais de l’Elysée n’a pour lui que son joli nom et son beau jardin. Pour le reste, il est malcommode, plein de courants d’air, caduc. Que de projets neufs ne pourrait-on développer sur son emplacement ! Certes, pour diverses raisons, de sécurité notamment, cette idée est fantaisiste. Il n’empêche que le chef d’œuvre de Gabriel remplacerait avantageusement la résidence de Mme de Pompadour. Armand Braun |
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Citation
« Le pilote expert et adroit ne navigue pas à l’arbitre du vent ; au contraire, utilisant sa force, il dispose ses voiles de telle sorte qu’elles le mènent au port désiré… Il n’y a pas de navire plus dangereux que la couronne, exposée aux vents de l’ambition, aux écueils des ennemis et aux bourrasques du peuple… »
Diego de Saavedra Fajardo, diplomate et écrivain espagnol (1584-1648) – cité par Michel Le Bris in « D’or, de rêves et de sang »
Clin d’oeil
« Chagall a peint le plafond de l’Opéra de Paris à 77 ans et Verdi composé « Falstaff » à 80 ans. Claude Monet a achevé « Le Pont japonais » à 82 ans, et Martin Scorsese, « Killers of the Flower Moon », à 81 ans. »
Erwan Le Morhedec – Le Figaro – 9 février 2024
Rencontre
Le coin du poète
Dans le marbre de ta mémoire
Dans le marbre de ta mémoire
Je graverai mon nom
Afin que jamais tu n’oublies
Les traits de mon visage
L’amour qui nous avait unis
Nos envols sur la crête des vagues
Et le sombre et profond silence
Des nuits où nos doigts enlacés
Nous écoutions sonner nos cœurs à l’unisson
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux inscrire ces matins
Où les rais d’un soleil ardent
Te délivraient de ton sommeil
Où dans le trait des hirondelles
Griffant l’immensité du ciel
Montait le parfum du printemps
Où nous rêvions à tire d’ailes
De les y rejoindre en volant
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux ciseler l’éphémère
Compter les jours où nous vécûmes
Les jours où nos âmes mêlées
Les nuits où nos corps enlacés
Nous suivions les portées du désir
Comme un archet au bout des doigts
Nuits où le murmure de ta voix
Chantait la salsa du plaisir
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux être mort ou vivant
Le glyphe que l’usure du temps
Ne peut effacer ni détruire
Jean Recoing