Chaque Japonais de plus de 15 ans (et chaque résident au Japon) signe, non par un paraphe écrit, mais par un hanko, un sceau qui lui est personnel.

C’est un cylindre rond ou ovale, en ivoire, bois, plastique ou métal, sur lequel est gravé son nom et/ou le nom de l’organisation pour laquelle il travaille. Après avoir été encré sur une pâte de pigment rouge, il est apposé sur toutes sortes de documents. Le plus ancien hanko connu est un tampon en or accordé à un envoyé japonais en Chine par le souverain de la dynastie Han, en 57 de notre ère.

Bien que la signature commence à être acceptée, nombres de formulaires ne sont validés que par l’apposition d’un hanko. Chaque personne en détient au moins trois : un simple, pour usage quotidien, à l’entrée de son logement, pour les reçus de livraison de colis par exemple ; un pour les transactions bancaires ; un officiellement enregistré à la mairie, bien à l’abri, pour les actes comme l’achat d’un bien immobilier ou d’une voiture, le transfert de titres de propriété, l’enregistrement d’un mariage, la déclaration d’une naissance, un testament ; parfois, un autre encore, à son lieu de travail. Ainsi, dans l’entreprise, les tampons personnels permettent de savoir qui a consulté les communiqués internes et les cadres supérieurs les utilisent pour approuver les propositions.

Dans un pays sans cesse menacé de tremblements de terre, de typhons et de tsunami, les pouvoirs publics essaient depuis des années d’inciter les entreprises et les organisations locales à dématérialiser les démarches. Le confinement dû au coronavirus et le télétravail devrait être un élément de plus à l’appui de ce mouvement.

Mais le Japon est une terre de paradoxes : à l’avant-garde de la technologie, avec ses robots humanoïdes et ses toilettes intelligentes ; attachée à des traditions qui rappellent l’époque des Samouraï. C’est pourquoi, de nombreux Japonais doivent encore de temps en temps, et jusqu’à plusieurs fois par semaine, se rendre à leur bureau pour apposer leur sceau sur des documents professionnels importants.

Le président de la Fédération patronale nippone vient de se fâcher : « Le hanko est un non-sens. Il n’a pas sa place à l’ère numérique ! ». Le premier ministre a promis de travailler à populariser la signature électronique. Cependant, le ministre de la Technologie lui-même préside le groupe parlementaire pour la préservation de la culture du hanko !

Le Figaro – 29 avril 2020
Ben Dooley et Makiko Inoue – International New York Times – 16 avril 2020
nippon.com – 17 juillet 2016  

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