La violoncelliste Claire Oppert dispense des séances de violoncelle dans le service de soins palliatifs de l’hôpital Rives de Seine à Puteaux (Hauts-de-Seine).

En 1996, lors d’un colloque, elle rencontre l’Américain Howard Buten, à la fois clown, écrivain et psychologue clinicien, qui dirige un établissement pour jeunes autistes en Seine-Saint-Denis. Elle lui raconte qu’une femme venue la trouver après son premier concert, à quatorze ans, lui a dit : «  Si vous aviez été médecin, vous m’auriez guérie. » Dans un établissement pour personnes âgées, en 2015, elle expérimente ce qui sera nommé « le pansement Schubert » : grâce à l’andante du Trio n°2 du compositeur, les cris d’une vieille dame atteinte de démence cessent, tandis que les infirmières lui nettoient une plaie purulente. La musique vivante fait surgir un élan, convoque le noyau profond de chaque personne, inaltéré et rayonnant.

À l’hôpital parisien Sainte-Périne, le Dr Jean-Marie Gomas l’incite à évaluer l’impact de sa pratique intuitive, pour mieux la diffuser : « en équipant les grands brûlés de casques vidéo lors des pansements, les Américains ont montré l’intérêt d’une contre-stimulation sensorielle. Grâce à la vidéo ou à la musique, le malade ressent moins la douleur. Et en même temps, le pansement Schubert a un impact positif sur le ressenti psychologique des soignants pendant des soins complexes avec douleur induite. »

Claire Oppert commente : « la fin de vie n’est pas qu’une affaire de médecins. Nous nous occupons du psychisme, de l’âme, de la spiritualité. Nous cultivons tout ce qui fait vibrer, pour que le patient ne se sente pas trop à l’hôpital. Et pour les familles, c’est une joie quand leurs proches réagissent à la musique, une forme de communication, un moyen de réaliser qu’ils sont encore là. »

Pascale Krémer – Le Monde – 18 novembre 2020
Claire Oppert –  Le pansement Schubert (Ed. Denoël, 2020)
https://www.youtube.com/watch?v=nioKJNp8ADE&ab_channel=J.HanckProduction

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