Absorbée et éparpillée par l’eau de mer, la lumière est trop faible au fond des océans. Dès 200 m de profondeur, objets et êtres sont plongés dans l’obscurité. Le son, en revanche, s’y déplace cinq fois plus vite que dans l’air.

Imaginez-vous, par temps clair, contempler une ville depuis le haut d’une montagne. Votre vue porte jusqu’à l’horizon, mais vous n’entendez que les bruits proches, gazouillis d’oiseaux, sifflement du vent… Au fond de la mer, c’est l’inverse. Vous ne voyez pratiquement rien, mais vous entendez à des kilomètres de distance les explosions séismiques de gaz et toutes sortes de voix : écholocation de cétacées, claquements de crevettes, chœurs de poissons, grondements, sifflements, bavardages… Certains poissons émettent un son par frottement de parties de leur corps, comme les criquets avec leurs élytres, d’autres ont la vessie natatoire qui résonne comme un tambour… C’est le langage grâce auquel communiquent ces créatures des profondeurs évoluant dans un environnement qui serait fatal à ceux qui vivent en surface.

Cela fait longtemps que les scientifiques prêtent l’oreille aux océans, mais c’est seulement récemment qu’ils peuvent écouter jusqu’aux abysses en plongeant depuis un bateau un hydrophone équipé d’une caméra. Ainsi se révèle à eux la symphonie d’espèces connues ou à découvrir.

Sabrina Imbler – International New York Times – 11 novembre 2020

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