En voilà une affirmation contre-intuitive, paradoxale et qui choquera : « les plantes ont horreur de la nature ». Cette assertion prêtée à un horticulteur néerlandais guide depuis quinze ans l’entreprise de biotech Plant Advanced Technologies (PAT) détentrice du brevet de « plantes à traire ». À l’état naturel, les végétaux se livrent à de féroce compétitions pour accéder à l’eau, à la lumière et aux nutriments. Pour se protéger des assauts des champignons, d’animaux ou d’autres plantes, elles ont développé des molécules précieuses dont l’homme sait depuis longtemps tirer parti. Mais il lui a toujours fallu détruire le végétal pour en extraire le principe actif.

En 1999, des chercheurs du laboratoire Agronomie et Environnement à Nancy, Frédéric Bourgaud et Éric Gontier, ont breveté le concept d’un prélèvement industrialisé de l’exsudation racinaire hors sol sous le nom de « plante à traire ». Jean-Paul Fèvre, aujourd’hui PDG de PAT explique : « il a fallu mettre en place des stratégies de stimulation sur une plante bien portante pour obtenir, via son système racinaire, les molécules intéressantes présentes à l’état de traces qui se s’expriment d’ordinaire qu’en cas d’agression. »

PAT a acquis trois hectares de serres horticoles sur lesquelles une vingtaine d’espèces de plantes croissent à un mètre au-dessus du sol, leurs racines baignant dans un bac. Trois à six fois par an, la « traite » s’effectue, tandis que la plante poursuit tranquillement sa croissance. L’extraction in vivo permet de récolter sur 1 000 m² de serres l’équivalent de 30 ha de culture : « nous sommes des découvreurs de molécules. Nous mettons une technique unique au monde au service des marché cosmétique, nutraceutique, pharmaceutique et phytosanitaire », précise Jean-Paul Fèvre.

Pascale Braun – Les Echos – 24 juillet 2020
https://www.plantadvanced.com/

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