Prospective - Edito : À propos du revenu universel

« L’homme est le seul animal qui doit travailler », notait Kant dans ses Réflexions sur l’éducation. Tocqueville ne disait pas autre chose : « L’homme, comme tous les êtres organisés, a une passion naturelle pour l’oisiveté. Il y a pourtant deux motifs qui le portent au travail : le besoin de vivre, le désir d’améliorer les conditions de son existence. L’expérience a prouvé que la plupart ne pouvaient être suffisamment excités au travail que par le premier de ces motifs, et que le second n’était puissant que sur un petit nombre » (Mémoire sur le paupérisme – 1835). Et la pensée sociale, du XIXe siècle à nos jours, pourtant si diverse, érige ce point de vue en postulat. Il est admis que le travail est indispensable pour subvenir aux besoins, acquérir des savoirs et des savoir-faire, entrer en relation avec les autres, bref être humain.

Mais le monde change, la science et la technique impactent l’activité et la vie des gens. Les références passées sont compromises par une réalité en discontinuité que nous avons du mal à saisir et à interpréter.

Le malaise qu’engendrent le chômage ou la faible rémunération des non qualifiés, la disparition de secteurs entiers de l’économie, la nécessité de renouveler les compétences cherche sa traduction politique. C’est dans l’introduction du revenu universel que de nombreux pays pensent la trouver. Aux États-Unis, des expérimentations sont en cours sur la Côte Ouest et où l’Alaska accorde à ses résidents un revenu minimum de 1 100 $. (voir brève ci dessous)

La Finlande teste une mesure analogue en octroyant pendant deux ans 560 € par mois à des chômeurs tirés au sort. Il pourrait en aller de même bientôt en Suisse. En France aussi, l’idée est dans le vent et va être testée dans plusieurs départements. Le projet de regroupement des allocations sociales de base va dans ce sens.

Voilà l’exemple d’un projet lourd envisagé avec légèreté.

Lourd en raison des enchaînements de causes et d’effets qu’il ne manquera pas, derrière l’apparence des satisfactions accordées, d’induire à court et long terme dans des domaines aussi essentiels que nos conceptions de l’autonomie des personnes, les politiques sociales et économiques, le politique tout court. Qui peut dire l’impact des robots dans le futur proche ? Et qui peut répondre vraiment à la question du financement, alors que tant de besoins seront en concurrence ? En regard de la complexité de toutes les données, prétendre identifier des signaux faibles est une plaisanterie.

Envisagé avec légèreté, parce qu’il n’est fondé que sur les circonstances d’un moment, une idée à la mode, le souci de traiter une urgence, parfois l’ambition d’une personnalité. À l’aveuglette, nous ne posons même pas la question de savoir si cette émancipation matérielle des plus pauvres les aidera à se prendre en charge ou si, au contraire, elle débouchera, jeux vidéo et autres à l’appui, sur une forme moderne de panem et circenses (« du pain et des jeux », comme dans l’ancienne Rome).

Est-il concevable de laisser les armes au vestiaire, de mettre de côté les arguments des partisans et ceux des adversaires, de prendre un peu de hauteur vis-à-vis des contingences, de percevoir que l’enjeu du revenu universel pourrait servir de précédent pour aborder d’autres questions qui ne sont pas moins difficiles comme l’environnement, l’éducation, voire l’intégration de certains migrants ? Voilà de quoi il s’agit.

Mais sommes-nous capables de prendre en compte « la référence de l’avenir », comme le proposait Gaston Berger ?

Il y a bien longtemps (si longtemps que je n’ose pas préciser l’année), dans un ouvrage co-rédigé avec Hélène Braun, j’annonçais le découplage entre la rémunération et le travail. Nous y sommes !

 

Armand Braun

Revenu universel en Alaska

L’Alaska, l’État le plus vaste et le moins peuplé des États-Unis, pratique déjà en quelque sorte le revenu universel. Sa rente pétrolière et gazière alimente depuis 1976 un fonds, l’Alaska Permanent Fund. Depuis 1982, ce dernier verse chaque année aux résidents qui ont vécu au moins une année calendaire sur place un dividende, quels que soient leurs revenus. En 2017, il s’est élevé à 1 100 $, soit 4 400 $ pour une famille de quatre personnes. Ce n’est pas un revenu mensuel – qui équivaudrait à 90 € par personne – car la somme est versée en une fois, en octobre.

Un sondage a montré qu’une majorité d’habitants seraient même prêts à payer davantage d’impôts pour que soit maintenue cette mesure très populaire.

Mark Zuckerberg, venu en Alaska en 2016 pour s’initier à la pêche dans son grand tour des États-Unis, en a fait l’éloge : « on pense différemment selon qu’on a un coussin de sécurité ou des dettes. Si vous avez une marge de manœuvre, vous êtes confiant et vous recherchez des opportunités pour investir ».

Les Echos Week-End – 24 novembre 2017

 

La génétique, l’hermine et l’apprenti sorcier

Kevin M. Esvelt et ses collègues de Harvard se demandaient si Crispr, la technologie de manipulation génétique découverte en 2013, ne serait pas la solution pour éradiquer des espèces invasives dangereuses qui mettent en péril l’environnement naturel où elles ont pénétré et dont on n’arrive pas à se débarrasser autrement. On implanterait un gène réducteur de fertilité à quelques animaux seulement, puis on les relâcherait et ce gène se transmettrait peu à peu à la population entière.

On pourrait en théorie appliquer cette technique à une hermine introduite accidentellement en Nouvelle-Zélande et qui décime les populations d’oiseaux indigènes ou encore au moustique porteur de la malaria. 

À présent, le Dr. Esvelt regrette d’avoir abordé le sujet. En effet, des simulations mathématiques réalisées au sein de son équipe démontrent les risques d’une telle manipulation. Il faudrait commencer par l’expérimenter dans un milieu très limité, mais c’est pratiquement impossible. Les gènes altérés risqueraient de s’étendre à des territoires où l’espèce en question n’est pas invasive du tout et d’en bouleverser  ainsi tout l’écosystème.

« En réalité, un gène très agressif qui a, une fois lancé, la capacité de se propager tout seul à des populations entières est lui-même l’équivalent d’une espèce invasive ! »

Carl Zimmer – International New York Times – 22 novembre 2017

Le Luxembourg , futur port d’attache de l’espace ?

Mark Boggett, fondateur de Sepharim, premier fonds de venture capital spécialisé dans le spatial, note qu’à peine 10% des sommes levées vont vers des sociétés européennes. Et Hélène Huby, directrice du fonds Global Space Venture d’appuyer : « Sept milliards de dollars ont été investis en cinq ans dans les start-up de l’espace, dont 85% aux Etats-Unis ».

Cela va peut-être changer. Le Luxembourg vient  de se doter d’une législation pour autoriser l’exploitation minière des astéroïdes. C’est le premier pays européen à le faire, après les États-Unis qui ont une telle législation depuis 2015.

Il s’agit pour ce petit pays d’attirer des start-up de l’espace. Celles-ci, issues du privé et du public, et venues au nombre de 150, ont répondu présentes à la première conférence européenne consacrée au « New Space ». On peut citer notamment : Deep Space Industries, Planetary Resources, Ispace, Blue Horizon, Kelos Space, GomSpace, Spire Global, ThrustMe…

Leurs expertises sont variées et leurs idées font rêver : propulsion électrique de nanosatellites, ouverture de la route vers la colonisation de Mars, création d’un village lunaire, lancement d’une flotte de satellites grands comme une boîte à chaussure… « Il y a un bouillonnement de projets, j’en reçois tous les jours de nouveaux », commente Jean-Jacques Dordain, ancien patron de l’Agence spatiale européenne, qui  appuie l’initiative en qualité de conseiller du gouvernement luxembourgeois.

Anne Bauer – Les Echos – 20 novembre 2017

Les tunnels les plus formidables du monde

L’avenir de la planète est peut-être souterrain. Le manque de place et les besoins urbains ont accéléré le creusement de tunnels et d’espaces en sous-sol, au point qu’il se creuse aujourd'hui dans le monde 5.200 km de tunnels par an pour un marché de 86 milliards d’euros.

Citons, en France, les travaux du Grand Paris, la troisième ligne de métro de Toulouse, l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure dans la Meuse, le tunnel du Lyon-Turin… Les mégalopoles des pays émergents doivent développer les transports publics  pour contrer la pollution de l’air. Comme elles manquent d’espace, les solutions sont souterraines. En Chine, 150 tunneliers sont en activité.

L’Association internationale des tunnels et de l’espace souterrain réunie à Paris le 15 novembre a décerné ses prix annuels à trente des travaux souterrains les plus marquants.

Vainqueur des forages supérieurs à 500 million d’euros, la mise en œuvre du métro de Doha, au Qatar, d’un montant de 16 milliards. La difficulté, quand on fore en milieu urbain, est d’amener sur site les parois du tunnel et d’évacuer les terres excavées : en l’espèce, 15 millions de m3 de terre soit l’équivalent de 1 million de voyageurs en camions. Les déblais ont été transportés vers un point de collecte plus distant par des tapis roulants formant des viaducs.

Le prix de l’innovation a failli être attribué au tunnelier à six têtes foreuses qui a permis de creuser, à Singapour, des tunnels carrés (100% de volume utile comparé à un tunnel circulaire). C’est un forage japonais sous zone résidentielle sans tranchée en surface qui l’a emporté.

Les prix des usages innovants reflétant le manque de places en zone dense est allé à Hong-Kong, pour 48 caves destinées à loger des infrastructures urbaines : stations d’épuration, morgue, chambre forte pour archives.

Myriam Chauvot – Les Echos – 16 novembre 2017

Malin comme un singe

Enfin, on ne se sert plus de chimpanzés pour les expérimentations. Aux États-Unis, ceux qui ont survécu prennent, comme on dit, « une retraite bien méritée », dans des havres spécialement conçus pour eux. D’abord dans des cages immenses, puis tout doucement dehors, dans un parc.

C’est l’occasion pour ceux qui les soignent de les observer.

Chacun a son caractère et son rôle dans le groupe de cinq chimpanzés qui viennent d’arriver et explorent leur nouvel environnement. Lance est le plus nerveux, Jabari le plus maladroit. Bo, est le meneur : calme, curieux, audacieux, il domine en douceur ses congénères et les rassure de ses câlins.

Quelques jours plus tard, les chimpanzés reçoivent un met inconnu : des tomates ! Inquiétude dans les rangs. Puis, Bo se lance. Il saisit une tomate avec précaution, l’épluche soigneusement et mange tranquillement, d’abord la peau, puis l’intérieur.

Les autres, l’observent et l’imitent. Jabari jette sa tomate contre le mur, où elle s’écrase. Puis il apprend.

Depuis, toute la tribu dévore les tomates comme des pommes. Et c’est ce que lui réserve son avenir : du grand air et des tomates.

James Gorman – International New York Times – 8 novembre 2017

Non, vous n’êtes pas ce que vous mangez

Le poids moyen des Britanniques a augmenté de 10% entre 1980 et 2013. Or le nombre de calories qu’ils ingèrent a, lui, beaucoup diminué : la nourriture achetée en compte un cinquième de moins et comme une partie finit à la poubelle, il est sûr qu’on mange beaucoup moins. Alors pourquoi devient-on plus gros ?

Serait-ce la faute de la junk food ? Non. Bien que l’on consomme davantage de sucreries et de sodas qu’il y a une génération, la part de calories due aux graisses (viande) et aux produits sucrés (confitures) a baissé, alors que la proportion des calories issues de poissons, de fruits et de légumes est en hausse.

Alors, que se passe-t-il ? Si vous grossissez tout en mangeant moins, c’est que vous dépensez moins d’énergie.

En effet, entre 1983 et 2005, de moins en moins d’hommes ont pratiqué des métiers exigeant des efforts musculaires (17% de moins). Et le travail salarié des femmes est moins fatigant (constatation à tempérer car elles travaillent 8 h de plus par semaine). Plus significatif, le fait qu’elles passent beaucoup moins de temps en travaux ménagers (7 heures de moins) –pas grâce à l’aide de leur conjoint qui n’y consacre que 20 mn de plus mais grâce aux aides ménagères et aux machines.

D’autre part, autre cause d’immobilité, hommes et femmes perdent plus de temps dans les transports (100 minutes supplémentaires).
Et trois heures de plus par semaine à dormir.

Mélanie Luhrmann – Prospect – novembre 2017

Les cordons bleus de l’intelligence artificielle

La révolution numérique investit la cuisine. Déjà le réfrigérateur connecté permet de visualiser sur l’écran tactile de sa porte le contenu du réfrigérateur, la durée de conservation de chaque aliment, des recettes sur YouTube… Relié éventuellement à votre smartphone, il vous permet ainsi d’optimiser vos courses.

Mais ce n’est qu’un début. Bientôt, l’intelligence artificielle prendra place autour de la table.

Votre thermomix, en accord avec votre bracelet intelligent, tiendra compte de votre régime alimentaire, le confrontera avec le contenu de votre congélateur et votre balance de cuisine. Il concoctera le smoothie adapté au contenu de votre garde-manger en fonction de votre prise de poids éventuelle et de vos goûts personnels.

Votre four sera capable de décider à quelle température et quel moment commencer à rôtir le morceau de viande ou le poisson prévu pour le dîner, puis à appeler les convives à table au moment où le repas est prêt.

Votre réfrigérateur pourra lui-même passer les commandes, en tenant compte de votre budget, de vos préférences, de la saison des fruits et légumes.

Il vous suffira de dire « jeudi, je veux préparer un poulet à la mode de ma grand-mère » pour que les ingrédients soient commandés et livrés à temps. Et lorsque vous commencerez à cuisiner, un commis de cuisine virtuel vous apportera son aide, par exemple en modulant le feu pour que les oignons soient revenus juste ce qu’il faut.
Et, bien sûr, une application surveillera ce que vous jetez et vous empêchera de gâcher la nourriture.
Ainsi, tout un chacun pourra cuisiner comme un chef sans avoir jamais appris à le faire et en y consacrant un minimum de temps.

Ceux que cette description terrorise, à qui manqueraient la créativité et l’émotion de l’art culinaire, ont intérêt à garder les vieilles marmites dans lesquelles ils aiment cuire les bonnes soupes.

Kim Severson – International New York Times – 24 octobre 2017

Recouvrer la vue par les neurosciences

L’Institut de la vision de Paris, l’un des plus importants centres de recherche sur les maladies de la vision en Europe dirigé par le Pr. Sahel se retrouve à la tête d’un consortium international visant à mettre en œuvre le projet CoricalSight, qui bénéficie d’une enveloppe de 25 millions de dollars sur quatre ans. Son but : permettre à des aveugles dont le lien entre l’œil et le cerveau ne fonctionne plus de recouvrer la vue, en agissant  directement sur les neurones du cortex visuel afin de court-circuiter le nerf optique défectueux. Un projet qui, s’il débouchait, comme c’est son ambition, sur de premiers essais cliniques sur l’homme d’ici à quatre ans, pourrait à terme permettre de guérir les victimes d’un glaucome, deuxième cause de cécité dans le monde après la cataracte.

À la base du projet CorticalSight se trouve une technique d’exploration et manipulation du cerveau en train de bouleverser le champ des neurosciences depuis qu’elle a émergé il y a une dizaine d’années : l’optogénétique. Associant l’optique à la génétique, cette méthode consiste à modifier génétiquement certains neurones du cerveau afin de les rendre sensibles à la lumière ; cela fait, il devient possible de les activer ou de les inhiber à l’aide d’un flash lumineux produit par une fibre optique ou par une grille de LED implantée dans le tissu cérébral, un peu comme si on les avait dotés d’un interrupteur marche/arrêt.

Les premiers essais cliniques sur l’homme vont démarrer début 2018.

Yann Verdo – Les Echos – 2 octobre 2017

Reine d’un jour

Arme d’affirmation des célibataires ou dérive narcissique ? C’est l’une des dernières tendances en matière de développement personnel : vivre une histoire d’amour avec soi-même avec, en point d’orgue, un « automariage » célébré avec tous les attributs d’une noce traditionnelle.

« Sologamie », tel est le phénomène du moment en matière de relations amoureuses, aussi bien en Europe et aux États-Unis qu’au Japon. Des professionnels de l’automariage promettent d’aider le futur marié ou la future mariée à trouver le chemin du bonheur en célébrant son union avec la seule personne au monde qui vaille vraiment son engagement à ses yeux : elle-même. Des coachs proposent des stages comprenant une préparation à ce type de mariage et l’organisation de la cérémonie elle-même.

Sur le fond, l’automariage est peut-être un rite de passage comme un autre, avec les trois étapes définies par l’ethnographe Arnold Van Gennep : séparation de l’individu par rapport au groupe ;  liminarité, c'est à dire période intermédiaire où il a quitté son ancien statut et n’a pas encore le nouveau ;  réincorporation, c'est à dire retour parmi les sien avec un nouveau statut.

Lors de la première étape, on rompt avec les liens devenus inutiles. Puis on découvre le nouvel amour de soi par diverses techniques comme l’écriture de lettres et de poèmes d’amour envoyés à soi-même. Enfin, vient la troisième étape, avec tout le tralala : la cérémonie de mariage au cours de laquelle des vœux formulés au libre choix de l’épouse ou de l’épouse  viennent sceller le lien entre soi et soi.

L’idée c’est d’apprendre à prendre soin de soi et à s’aimer. La « sologamie » est une autre de la formule You are enough (« vous vous suffisez à vous-même »), mantra à la mode qu’on retrouve sur les t’shirts et les aimants à frigos.

Encore une déclinaison de la génération selfie !

Polina Aronson – Aeon (Londres) – 25 septembre 2017

Repris par Courrier international – 9 novembre 2017

Star d’un jour

Depuis son lancement à New-York en 2016, le musée de la crème glacée est devenu tellement populaire que des espaces similaires ont été créés à Los Angeles et à San Francisco.

À San-Francisco, tous les tickets pour les six mois de l’exposition temporaire ont été vendus en moins de 90 mn et ce pour 38 $, soit 50% de plus que le prix d’entrée au Musée d’art moderne de New-York (MoMa) ! Et des centaines de personnes font la queue plusieurs fois par semaine pour y accéder.

Bien qu’on y déguste des crèmes glacées à volonté, il ne s’agit pas d’un lieu expliquant l’Histoire des glaces de Catherine de Médicis à nos jours. Il ne s’agit pas non plus d’un musée où admirer des œuvres, mais d’un environnement pour s’admirer soi-même, un décor à selfies.

On peut se faire prendre en photo devant des murs aux couleurs acidulées, dans une piscine de vermicelles multicolores, avec des bonbons géants, en chevauchant une licorne ou un arc-en-ciel… Plus de 60 000 photos ont été ainsi postées sur Instagram.

Claire Levenson – Slate – 30 septembre 2017

Anaïs Moutot – Les Echos – 23 novembre 2017

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