La crise climatique entraînera toutes sortes de conséquences, déjà présentes mais susceptibles de s’aggraver encore. J’en évoque une plus particulièrement : la fuite des populations du sud vers le nord, où il n’est d’ailleurs pas évident que le climat sera plus supportable. Avec au sud le retour à l’état sauvage de vastes espaces, aux deux sens du mot. N’y resteraient que quelques centres urbains et des lieux d’exploitation minière. Quant aux nouveaux arrivants, contrairement au passé, beaucoup parmi eux prétendent nous imposer leurs « valeurs ».

Le progrès scientifique et technique se poursuivra. Jamais tant de personnes ne s’y sont consacrées. D’ores et déjà, il bénéficie à une partie de la population mondiale, au-delà de tout ce qu’elle aurait pu espérer. 

Le progrès humain par contre, l’éducation et la lutte contre la pauvreté notamment, fait du sur place, alors qu’on nous annonce que nous vivrons plus longtemps. La relation à l’activité est une expression parmi d’autres de cet immobilisme. Qu’adviendra-t-il de la valeur travail ? L’idée d’un monde oisif, préconisée par beaucoup, est-elle compatible avec les innombrables tâches qui nous attendent ? Mais nous sommes incapables de concevoir ce qui est étranger aux normes du présent. Et le malaise social qui s’aggrave tend à renouer avec les bonnes vieilles plaies de l’intolérance, du sectarisme, du nationalisme, de la violence. 

Les impacts de certaines formes de progrès ne sont pas encore identifiables. À propos de l’intelligence artificielle générative, on peut tout dire et son contraire. Ce qu’on observe dès maintenant, c’est qu’elle gagne l’ensemble des activités, y compris celles que nous lui pensions inaccessibles des arts et de l’artisanat. La question émerge : qui, de l’IA ou de l’humanité, contrôlera l’autre ? Mais l’IA peut compter sur un puissant allié : les totalitarismes, friands de surveillance. 

Toutes ces perspectives, qui ne sont pas vraiment des lendemains qui chantent, nous ramènent à un débat de toutes les époques : faut-il subir la force des choses, avec ses puissants alliés et ses attentes d’obéissance, de conformisme, d’acceptation de la fatalité (les tenants de l’apocalypse imminente sont de plus en plus nombreux) ? Sinon, que signifierait se comporter comme des personnes, avec leur irrésistible besoin de liberté et de création ?

Chers lecteurs, la plupart d’entre vous serez encore présents en 2050 et vous aurez tout loisir de prendre rétroactivement la mesure des erreurs qui figurent ci-dessus. Et si vous ne voulez pas attendre 2050, vos réactions immédiates nous intéresseront.

Armand Braun et Denis Laming

Print Friendly, PDF & Email