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Le Bouthan est un pays grand comme la Suisse, coincé dans l’Himalaya entre l’Inde et la Chine, sans accès à la mer. Il affiche un bilan carbone négatif grâce à l’hydroélectricité. C’est un pays démocratique, connu pour avoir conçu le concept de « Bonheur national brut ».

Le roi Jigme Khesar Nmagyel Wangchuck vient de lancer un projet qui devrait, dit-il, l’occuper pendant les vingt prochaines années de son règne, jusqu’à ce qu’ayant atteint l’âge de 65 ans il soit obligé par la Constitution de prendre sa retraite : une « ville de pleine conscience ». L’entreprise sera financée pour l’essentiel par des investissements extérieurs et les recettes des exportations d’hydroélectricité. 

Il s’agit d’une ville nouvelle couvrant un territoire de 1 000 km², où coulent 35 rivières qui seront protégées et entourées de forêts et de champs pour promouvoir la biodiversité. Les immeubles seront construits en bois, en bambou et en pierres locales, selon les principes de l’architecture locale. 

Les quartiers seront reliés par des ponts très originaux, dont certains abriteront des universités, des hôpitaux, des marchés et des centres spirituels. Le terminal d’un nouvel aéroport sera lui aussi un pont.

L’ambition : transformer chaque obligation technique en œuvre d’art et en imitation de la nature, ériger un monument à « la possibilité offerte aux hommes par les dieux de vivre en harmonie avec la nature magnifiée. La tradition sera protégée et mise en situation de pouvoir évoluer ».

Jacques Attali – Les Echos – 11 janvier 2024

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