Des problèmes entre les générations, c’est une histoire vieille comme l’humanité.
Mais les circonstances actuelles sont différentes. Il semble bien que la chaîne immémoriale des générations soit entravée.
Les affinités s’appauvrissent, les solidarités sont discutées.
Chaque groupe d’âge vit désormais sa vie, dans une certaine indifférence aux autres : les jeunes, depuis dix ans (eh oui !) jusqu’aux environs de trente cinq, avec de multiples sous-catégories ; les vieux, depuis cinquante ans… Et, entre les deux, un « marais » démographique (les gens qui travaillent dans les entreprises et les administrations, les parents…). Chacun de ces groupes d’âge se comporte comme le font les animaux de règnes différents qui se côtoient sans se voir.
Les personnes âgées, qui représentent un peu plus de 20% de la population, perçoivent environ 20% de PIB en transferts sociaux ou assimilés, soit autant que l’ensemble des autres classes d’âge. Leur horizon est local. Elles tendent, quand elles en ont les moyens, à s’isoler au sein de gated communities. Leurs droits acquis et leur patrimoine sont le centre de leurs préoccupations. Et les Français passent environ cinq ans de plus à la retraite que la moyenne des habitants des pays membres de l’OCDE. Avec l’allongement de la durée de la vie, il y a de plus en plus souvent deux générations de retraités dans les familles, et quand les plus âgés décèdent ce sont des retraités qui héritent, pas des jeunes parents qui cherchent à s’installer.
Les jeunes vivent au sein de leur propre bulle, avec ses héros (acteurs, chanteurs, sportifs), ses technologies et ses métiers (start-up, digital natives, etc.). Les clubs sportifs n’acceptent de membres que jusqu’à un certain âge. Beaucoup de jeunes sont pauvres, chômeurs. Un certain nombre figurent parmi nos plus importants créateurs de richesses. Pour tous, le monde est leur horizon.
Les différences entre générations prennent le pas sur les différences entre classes sociales.
L’expérience des deux derniers siècles montre qu’il faut une génération pour s’adapter aux nouvelles formes du travail. Celui-ci reste le lieu de rencontre des cultures professionnelles établies et de celle des jeunes.
Toutes les nations développées devront affronter des défis tels que ceux-ci :
- Qu’est-ce que la gouvernance intergénérationnelle ? Que deviennent l’intérêt général et les thèmes qui l’accompagnent, l’égalité et la solidarité entre autres ?
- La possibilité d’échapper au facteur territorial. Les retraités vont au Portugal pour payer moins d’impôts et les jeunes diplômés vont chercher fortune ailleurs. Le vieil adage ubi bene ubi patria devient tout à fait actuel à l’heure des nouvelles technologies et des nouvelles compétences.
- L’intégration de l’éducation, du travail et du loisir, dont il est depuis si longtemps question sans qu’il ne se passe rien.
- Quid des laissés pour compte ? La presse indiquait récemment que le nombre des pauvres en France avoisinait une dizaine de millions de personnes et que, depuis 2008, près de 1 million de Français sont tombés dans cette catégorie.
- Quelle traduction politique, alors que l’âge moyen de la population ne cesse de croître et que le monde se transforme si vite ?
- L’éventualité selon laquelle les générations, désormais concurrentes, deviendraient des castes n’est plus impensable.
- Apparemment hors sujet et pourtant au cœur du sujet, l’affaire des taux négatifs. Les taux d’intérêt étaient le liant discret qui lissait beaucoup de problèmes de transmission, pas seulement financière, entre les générations. Ce liant disparaissant, de rudes tensions pourraient apparaître, entre autres pour le système de répartition qui fonde les retraites.
L’avenir n’est le souci de personne parce que rares sont ceux qui s’y intéressent et très nombreux ceux qui ont renoncé à s’y intéresser.
Qui entreprendra ? Comment ? Pour faire quoi ? Comment s’informer, écarter les formatages mentaux qui font obstacle à l’intelligence et à la créativité ? Comment agir avec persévérance, accepter de se tromper et de recommencer ? Beaucoup d’interrogations relèvent des individus, d’autres de la puissance publique. Cette dernière, quand elle repose sur l’élection, est-elle légitime pour intervenir au-delà de son mandat ? Comment peut-elle s’assurer de la pertinence de ses idées, de ses initiatives ? A-t-elle la capacité de s’attaquer à des domaines nouveaux pour elle comme pour tout le monde ?
Nous sommes dans un monde infiniment complexe au sein duquel toute certitude est présomptueuse. Mais on peut penser que cette complexité représente l’espace de liberté au sein duquel de nouvelles solutions pourront émerger.
Armand Braun
Le 22 septembre s’est tenue à l’université Harvard la 26ème cérémonie des Ig Nobel. Organisée par le magazine Annals of Improbable Research (Annales de la Recherche Improbable), elle met à l’honneur les découvertes scientifiques les plus farfelues de l’année.
Chaque lauréat a reçu de la main de vrais prix Nobel un billet de dix mille milliards de dollars zimbabwéens (soit moins d’un centime d’euro) et, parce que le thème de l’année était le temps, un trophée en forme d’horloge dont les chiffres ont été remplacés par les lettres IGNOBELPRIZE et les aiguilles par des seringues.
Ont donc été décernés cette année :
L’Ig Nobel de biologie à deux Britanniques, l’un pour avoir créé des prothèses permettant de vivre comme une chèvre, l’autre pour avoir vécu dans la nature comme un blaireau, un renard, un cerf et un oiseau.
L’Ig Nobel de médecine à cinq chercheurs allemands qui ont prouvé que lorsqu’on a une démangeaison d’un côté, le fait de se regarder dans un miroir et de se gratter de l’autre côté peut nous soulager.
L’Ig Nobel de physique à une équipe internationale qui s’est demandé pourquoi les chevaux à crinière blanche attire moins que les autres et à une autre qui s’est interrogée sur le fait que les libellules se jettent sur les pierres tombales noires pour y mourir.
L’Ig Nobel de chimie à Volkswagen pour avoir résolu de manière originale le problème de l’émission excessive de pollution en produisant électromécaniquement moins d’émissions dès que les voitures étaient testées dans les centres de contrôle.
L’Ig Nobel de reproduction à un scientifique égyptien qui a comparé les effets sur la vie sexuelle des rats du port de petits pantalons en polyester, en coton et en laine.
L’Ig Nobel de la perception à deux Japonaises qui ont démontré que les choses sont vues différemment lorsqu’on les regarde en se penchant entre les jambes.
L’Ig Nobel de psychologie à une équipe internationale pour avoir demandé à mille menteurs à quelle fréquence ils mentaient … tout en se demandant s’il fallait ou non croire à leurs réponses.
L’Ig Nobel de littérature à l’autobiographie en trois volumes d’un entomologiste suédois qui collectionne les mouches mortes et vivantes.
L’Ig Nobel d’économie à des chercheurs de Nouvelle-Zélande et de Grande-Bretagne pour avoir ridiculisé le concept d’image de marque en demandant à des gens d’attribuer une personnalité à des figures peintes sur des rochers.
L’Ig Nobel de la paix à une étude canadienne sur le bullshit, autrement dit la foutaise…
Tout cela n’est pas aussi risible qu’il y paraît. Ainsi l’Ig Nobel de physique de 2006 a fourni, grâce à l’observation des spaghettis, la réponse à une question très sérieuse sur la fragmentation et l’élasticité des matériaux posée par Pierre-Gilles de Gennes, le prix Nobel de physique français, avec toutes sortes d’applications pratiques à la clef.
Allez sur la Toile et régalez-vous de la vidéo de la remise des prix : des savants qui font les potaches alors que tant d’ignorants se prennent au sérieux, quel bien cela fait !
www.improbable.com/ig/2016
Les avions sont de plus en plus grands et nombreux, les consignes de sécurité de plus en plus contraignantes, les salles d’embarquement de plus en plus spacieuses. Les aéroports sont de plus en plus vastes, quand ils ne sont pas dispersés en terminaux éloignés les uns des autres. Le chemin jusqu’à la porte d’embarquement est de plus en plus long. Il faut beaucoup marcher avant d’espérer s’envoler.
Les aménagements sont souvent obsolètes et toujours insuffisants. La solution idéale n’a pas encore été trouvée. Multiplier les fauteuils roulants et les chariots à la disposition des voyageurs, c’est indispensable, mais cela crée des embouteillages. Les tapis roulants sont agréables mais les passagers qui y restent immobiles bloquent ceux qui marchent, sans parler de ceux qui trébuchent en montant ou en descendant. C’est aussi un manque à gagner, car cela empêche de flâner dans les boutiques. Les tapis roulants les plus anciens souvent démontés pour laisser la place à des bars et à des restaurants, indispensables en heures de pointe et pour pallier au fait qu’il faut se présenter longtemps à l’avance.
Les aéroports circulaires étaient une fausse bonne idée : tarmacs plus spacieux, accès apparemment plus pratiques, ils ont vite révélé leurs insuffisances car on ne peut les agrandir au fur et à mesure de l’augmentation des besoins. La nouvelle tendance est à l’aéroport unique, rectangulaire mais immense et on envisage de nouvelles solutions de mobilité : couloirs séparés pour les piétons et les chariots, fauteuils roulants électriques pour tous (pas seulement « les impotents ou les ventripotents »), navettes lentes qu’on peut emprunter ou laisser à loisir (style ascenseurs pater noster). Tout cela a un coût, mais permettra de s’adapter à une population vieillissante.
Scott McCartney – The Wall Street Journal – 29 septembre 2016
L’industrie manufacturière américaine prévoit pour la prochaine décennie une grave pénurie de personnel qualifié : deux millions de postes de travail risquent de ne pas être occupés. Que faire ? Beaucoup de professionnels prendront bientôt leur retraite et les jeunes Américains considèrent l’apprentissage comme une voie de garage (si on peut dire …), même si les apprentis sont bien rémunérés. Il en va tout autrement en Allemagne, où près de la moitié des diplômés de l’enseignement secondaire optent pour l’apprentissage, ce qui leur garantit un emploi futur. Les apprentis allemands passent trois à quatre jours dans l’entreprise et un à deux jours à l’école. L’entreprise paie leur formation et leur salaire.
Des accords sont donc actuellement passés par l’industrie américaine avec de grandes entreprises allemandes. Le modèle allemand s’implante avec succès aux Etats-Unis, au point que la ministre de l’artisanat et du commerce qui supervise la question déclare : « à long terme, le modèle allemand de formation des apprentis est sans doute le produit d’importation qui rendra le plus de services. »
Pendant ce temps, l’Allemagne a des soucis différents : le passage au numérique requiert des ingénieurs spécialisés plus qui n’est possible d’en trouver. Cette année, il faudrait 85 200 ingénieurs mais l’effectif au travail n’est que de 73 500. Circonstance aggravante là aussi : le vieillissement, puisqu’en Allemagne, déjà, plus de 37% des ingénieurs ont plus de 50 ans. Et ni l’automatisation, ni le recrutement d’ingénieurs étrangers ne combleront l’écart.
L’Europe et, au-delà, le monde entier devraient se préoccuper davantage de cette question critique.
Max Colchester et Giovanni Legorano – The Wall Street Journal – 28 septembre 2016
Des investisseurs lorgnent vers notre satellite. En effet, le sous-sol lunaire recèle du titane, du platine, de l’hélium. Moon Express devrait se poser dès 2017 sur la Lune pour prospecter ces gisements. Sont également intéressés des sociétés de robotique et de télécommunication et des pionniers du tourisme spatial (Blue Origin, Space X, Virgin Galactic).
L’Agence spatiale européenne (ESA) plaide la construction d’une base permanente sur la Lune à l’horizon 2030 pour succéder à la station spatiale européenne qui arrivera en fin de vie à cette époque.
Claudie Haigneré, première femme française dans l’espace est l’ambassadrice de ce projet : « Les chercheurs sont déjà en train de construire les briques du village lunaire », affirme-t-elle. Depuis un an, l’ESA travaille en effet à la conception d’un véritable Meccano de l’espace. Première étape : un lanceur propulsera vers la Lune un module qui libérera à l’alunissage une structure gonflable habitable. Idéalement, cela se passera en 2019, pour le cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune.
Cette structure sera protégée des rayons cosmiques, des pluies de micrométéorites et des températures extrêmes (125° le jour, -150° la nuit) par un dôme bâti en impression 3D à partir de poussière lunaire agglomérée. L’énergie sera fournie par des panneaux solaires. Et on utilisera les métaux, les minéraux et l’eau sous forme de glace trouvés sur place.
Dans ce village, des maisons pour astronautes et des laboratoires scientifiques. Il pourra servir de base à la construction de télescopes spatiaux, et de tremplin pour des missions vers les astéroïdes et les futurs vols habités vers Mars. Le carburant de ces engins sera fabriqué sur place à partir d’hydrogène et d’oxygène.
Marc Lomazzi et Camille Sellier – Le Parisien – 25 septembre 2016
En France, pour protéger le bétail, il est permis d’abattre de juillet à juin, dans 20 départements, 36 loups, soit 10% de la population totale estimée à environ 300. C’est trop pour les écologistes, pas assez pour les éleveurs.
L’observation des attaques de loups dans des fermes européennes et américaines vient d’être publiée par l’université du Wisconsin. Les conclusions des scientifiques viennent à l’appui de la conviction des écologistes. Dans 70% des cas, l’abattage des grands prédateurs reste sans effet, voire augmente le nombre d’attaques contre le bétail. Pourquoi ? Plusieurs explications sont avancées. Les loups s’autorégulent ; en tuer favorise la reproduction de ceux qui survivent. En intervenant sur les meutes, on induit une réaction ; certains loups quittent le groupe et vont s’installer à de nouveaux endroits, parfois plus proches du bétail. Et si on tue sur le chef de meute ou son épouse, qui sont en fait les parents de la tribu, c’est la déstructuration sociale ; des solitaires s’en vont chasser dans leur coin, ce qui démultiplie les attaques.
Il vaudrait dont mieux éloigner les loups par la dissuasion visuelle ou sonore, des filets de contention, des rubans répulsifs etc. Mais les éleveurs ont remarqué que le loup, très intelligent, s’adapte et déjoue ces dispositifs de protection. En France, la méthode privilégiée est celle des chiens de garde. Il y en a 1 500 contre les loups dans les Alpes et 1 000 contre les ours dans les Pyrénées.
Ce qui est sûr, c’est que le débat n’est pas clos.
Clémentine Thiberge – Le Monde – 11 septembre 2016
Un fléau mortel hante Venise. Ce n’est pas le choléra dont se meurt le personnage de Gustav von Aschenbach dans le roman publié en 1912 par Thomas Mann. C’est la monoculture touristique qui transforme la perle de l’Adriatique en centre commercial à la Disneyland.
Des millions de touristes envahissent chaque année les rues et les canaux de la ville, tandis que la population proprement dite diminue. En 1951, Venise comptait 174 808 habitants. Ils n’étaient plus que 56 311 en 2014. De très nombreux Vénitiens ont été bannis de l’île proprement dite et ceux qui sont restés n’ont d’autre choix que de travailler dans les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs qui vendent des objets en verre et des masques de carnaval. Ce phénomène altère gravement son économie, déchire son tissu social, insulte son Histoire.
Avec l’abandon des destinations à risque comme la Turquie et la Tunisie, le nombre de visiteurs croît encore. Les 2 400 sites d’hébergement actuels ne satisfont plus l’appétit des voyagistes. Le nombre de logements exclusivement consacrés à l’accueil des touristes pourrait atteindre les 50 000 et occuper la totalité du centre historique.
Pendant les quinze dernières années, les établissements publics, les banques, les cabinets médicaux, les magasins et même le Consulat d’Allemagne ont fermé le long du Grand Canal pour laisser la place à 16 nouveaux hôtels. De gigantesques paquebots de croisière accostent le long des quais, paradent face à la Place Saint Marc… Certains sont deux fois plus hauts que le Palais des Doges !
Le pire est peut-être à venir avec des projets comme le creusement d’un souterrain ou celui de nouvelles voies de navigation destinées à faciliter la circulation en eaux profondes. Ils vont encore accélérer l’érosion de ce système unique d’une ville sur la lagune.
Salvatore Settis, président du comité scientifique du Louvre - International New York Times –
30 août 2016
Le cricket est un sport national dans les anciennes colonies de l’Empire britannique que sont l’Inde et le Pakistan et en Afghanistan, où même les talibans l’autorisent. Les migrants qui jouaient au cricket dans leur pays d’origine l’importent dans les pays où ils se réfugient. C’est ainsi qu’il fait des adeptes en Allemagne.
Le jeune Pakistanais Irshad Ahmad est arrivé il y a huit mois à Bautzen, cette petite ville de Saxe où, en février 2016, les gens se sont réjouis de voir partir en fumée un futur foyer de réfugiés. Ahmad qui a « le cricket dans le sang » a entrepris de créer son équipe en recrutant des joueurs dans les foyers. Au début, l’idée n’enthousiasmait pas la municipalité, si bien qu’ils devaient s’entraîner dans la rue avec une batte empruntée et trois balles. Cela ne les a pas empêchés de gagner un tournoi à Dresde fin avril. Du coup, les portes se sont ouvertes. Aujourd'hui l’équipe est intégrée au club de sport MSV de Bautzen et compte 50 joueurs.
Indiens, Pakistanais et Afghans jouent ensemble malgré les conflits religieux et politiques. Des réfugiés victimes d’agressions qui n’osaient plus quitter leur foyer viennent désormais à l’entraînement. Les Allemands sont encore réticents à les rejoindre car un match peut durer jusqu’à cinq jours … pauses pour le thé incluses, mais ils y viendront.
L’équipe allemande de cricket a pour président un Anglais, Brian Mantle, ne compte que des amateurs et n’est pas classée. Mais, grâce à ces nouvelles recrues, pour la plupart âgées de moins de 19 ans, elle va bientôt entrer dans le Top 20 établi par le Conseil international du Cricket.
Timo Nicolas – Süddeutsche Zeitung – 21 juin 2016 – repris par Courrier international – 25 août 2016
En 1907, l’université de Harvard a acquis, à 100 km à l’est de Boston, une vaste parcelle vallonnée et boisée de 1 600 hectares pour en faire une école forestière. Le site est aujourd'hui l’un des meilleurs centres de recherche écologique du monde. Entre high-tech et exploration du passé, les chercheurs tentent d’y prédire l’avenir de nos écosystèmes.
Cinq tours d’acier de plus de 30 m de haut, bardées de caméras et de capteurs, dominent la canopée.
David Foster, botaniste et écologue, directeur de la Harvard Forest : « Nous avons dans ces tours la plus longue série continentale de mesures continues de dioxyde de carbone du monde, puisqu’elle remonte à 1991. Nous essayons à présent de capter tous les principaux échanges gazeux de la forêt, vapeur d’eau, ozone, oxyde nitreux… Il y a aussi de plus en plus de matériel optique – appareils photo, caméras thermiques et infrarouges, etc. – car la lumière livre énormément d’informations sur l’état de la forêt. »
Débit des ruisseaux ou de la sève dans les arbres, poids de la couche neigeuse, taux de respiration des microbes du sol, des milliers d’instruments répartis sur l’ensemble du territoire et des kilomètres de réseaux recueillent et transmettent des millions de données pour dessiner l’image du métabolisme de la forêt et apporter des informations aux centaines de scientifiques qui se livrent à une quarantaine d’expériences simultanées concernant toutes les facettes de l’écologie forestière, depuis les effets de la pollution azotée jusqu’à ceux du réchauffement climatique, en passant par l’impact des rongeurs, du grand gibier ou les conséquences des tempêtes…
Depuis plus d’un siècle, des méthodes de pointe et des idées nouvelles apparaissent ici, qui sont ensuite communiquées à la communauté scientifique mondiale. La plus féconde de ces idées est l’importance du temps long car les écosystèmes sont en perpétuel transformation.
Depuis quelques années, un nouveau défi s’est imposé à la Harvard Forest : produire des résultats qui sortent des cénacles scientifiques, se rapprocher des décideurs, locaux, nationaux, planétaires. « Nous voulons absolument que nos résultats soient utiles, et donc nous ne nous contentons pas d’envoyer nos publications a posteriori à ces acteurs : nous les associons à la conception même de nos programme de recherche. Faire de la science d’excellence ne suffit plus. Il est désespérément urgent que le savoir ici trouve le chemin de la décision politique. »
Yves Sciama – Le Monde – 24 août 2016
Qui sont les animaux les plus dangereux ? En se basant sur le nombre officiel de morts chaque année publié par l’Organisation Mondiale de la Santé et la Food and Agriculture Organisation des Nations Unies, Bill Gates a créé une infographie recensant les 15 animaux les plus mortels. En tête du classement, pas ceux auxquels on pense en premier et qu’on craint le plus. Le requin est dernier de ce top 15.
Premier et de loin, le Moustique, porteur de nombreuses maladies, notamment le paludisme, la fièvre jaune, la dengue, l’encéphalite, est responsable de la mort de 725 000 êtres humains par an.
L’Homme arrive en deuxième : il tue 475 000 de ses semblables. Avec le Serpent, on passe à 50 000. Le Chien : 25 000. La Mouche tsé-tsé : 10 000 morts de la maladie du sommeil. La Réduve, une sorte de punaise qui aspire le sang et transmet l’infection parasitaire dite maladie de Chagas : 10 000. L’Escargot d’eau douce (qui abrite un parasite très dangereux) : 10 000. L’Ascaris, un ver parasite de l’intestin : 2 500. Le ténia : 2 000. Le Crocodile : 1 000. L’Hippopotame : 500. L’Eléphant : 100. Le Lion : 100. Le Loup : 100. Le Requin : 10.
La Fondation Bill et Melinda Gates cherche depuis longtemps à éradiquer les maladies transmises par le Moustique. Depuis 1988, Discovery Channel brise les idées reçues à l’encontre des requins grâce à sa Shark Week. Bill et Melinda Gates projettent de lancer une Mosquito Week pour sensibiliser l’opinion aux dangers du Moustique.
Quant à l’Homme, deuxième du hit-parade, c’est sans doute désespéré…
Gentside Découverte – www. maxiscience.com
Les Echos – 20 mai 2016
Depuis 160 000 à 200 000 ans qu’existe l’homme moderne, 500 000 langues différentes ont vécu et sont mortes. La moitié des 6 909 langues qui existent actuellement dans le monde vont disparaître. En fait, seulement 20 langues sont parlées par la presque totalité de la population mondiale. Les autres subsistent au sein de tribus clairsemées et ne concernent que très peu de personnes.
Quand les conditions climatiques permettent à des petits groupes de vivre en autarcie, chacun parle sa langue pour délimiter son territoire. C’est le cas en Afrique et dans le Pacifique, où sont parlées 60% des langues du monde. En Papouasie-Nouvelle Guinée on en parle une différente tous les quelques kilomètres.
Le climat a aussi influencé la physionomie des langues : plus de voyelles pour se faire entendre de loin dans les pays chauds où l’on vit en plein air ; pas dans les pays froids où l’on parle surtout à l’intérieur.
L’espéranto, bâti de toutes pièces pour être la langue universelle était une fausse bonne idée. Elle n’a pas davantage pris que certaines villes nouvelles bâties de toutes pièces, sans histoire et sans âme.
Toutes les langues se valent, mais il y en a qui sont plus chanceuses que d’autres. Lutter pour la survie de cette diversité est un combat perdu d’avance. L’anglais a d’ores et déjà gagné. Le mandarin, l’hindi, et l’espagnol comptent davantage de locuteurs, mais l’anglais est la deuxième langue de tout le monde.
James Gillespie - The Sunday Times – 11 décembre 2011