PROMOUVOIR LA DÉMARCHE PROSPECTIVE

prospective>>> La science fait partie de la culture
>>> Petite leçon de Préhistoire
>>> Qui veut gagner des visas ?
>>> La piste aux étoiles
>>> Lire encore mieux demain ?
>>> Le temps des avions à vapeur
>>> Et si on baissait le thermostat ?
>>> Confidentialité et recherche médicale
>>> La nouvelle religion des chiffres
>>> Des saisons comme fossilisées

La science fait partie de la culture

« Il y a des éléments qu’il faut apporter à tous les jeunes, qu’ils fassent ou non de grandes études par la suite. Il faut les ouvrir à la culture scientifique. Ils ne seront, à terme, pas capable de faire telle ou telle démonstration, mais ils auront une idée de ce qu’est la science, même s’ils ont oublié ce qu’est la structure de l’atome par exemple. Dans le socle commun, il y a la culture humaniste d’un côté et la culture scientifique de l’autre ; la science y apparaît faite pour servir, avoir un métier. Est-ce qu’une poésie de Victor Hugo est utile ? Non. Est-ce que la science est utile ? Oui, mais pas seulement. C’est trop léger pour susciter des vocations. Il est évident que vous ne connaissez pas toutes les poésies de Victor Hugo. Mais quand bien même vous aurez oublié tous les vers appris dans votre jeunesse, votre personnalité sera différente, il vous restera l’envie de connaître d’autres œuvres.

Pour la science, c’est la même chose : vous ne vous rappellerez plus telle ou telle loi, mais il vous en restera une empreinte, la science ne sera pas pour vous un domaine inaccessible, déconnecté du concret et interdit de rêve. »

Hélène Langevin-Joliot, physicienne – propos recueillis par Lucia Sillia – Le Temps – 14 mars 2014

 

Petite leçon de Préhistoire

A notre époque qu’illustrent le numérique et les explorations spatiales, la paléontologie a encore un bel avenir.

Les fossiles que nous continuons de découvrir en grand nombre – des libellules aussi grandes que des goélands ; un poisson d’il y a 385 millions d’années dont les membres flexibles témoignent de son passage de la vie aquatique à la vie terrestre ; un nid d’œufs qui prouve que les dinosaures s’occupaient de leurs petits ; et depuis l’an 2000 au moins 5 hominidés différents … – nous réservent beaucoup de surprises et d’enseignements.

Les témoignages s’accumulent pour affiner le tableau de ce qui s’est passé pendant la grande catastrophe lors de laquelle 50 à 90% des espèces vivantes ont disparu.

Or, l’intérêt n’en est pas purement académique. Les 1.800.000 organismes identifiés à ce jour ne représentent qu’une fraction de la vie sur Terre. On estime aujourd’hui que les changements climatiques en cours et la destruction des habitats vont sans doute faire disparaître 20 à 50% des espèces d’ici à la fin du siècle. L’étude des fossiles nous montre qu’après l’extinction des dinosaures, il a fallu des millions d’années pour que les animaux et les plantes survivants se diversifient et se multiplient et qu’un nouvel écosystème se constitue.

Après tout, les dinosaures ont bien vécu pendant 150 millions d’années. S’agit-il là vraiment d’un échec en matière d’évolution ?

Michael J. Novacek – International New York Times – 8 novembre 2014

Qui veut gagner des visas ?

Aux Etats-Unis, les immigrants peuvent, depuis 1990, jouer à une loterie annuelle dont les lots sont des permis de séjour permanents. En 2014, 11 millions de personnes y ont participé, soit 21% de plus qu’en 2013. Mais seulement 100.000 chanceux auront tiré un billet gagnant leur permettant de faire une demande officielle. Après les démarches administratives, 50.000 d’entre eux seront retenus.

Cette loterie est ouverte à tous, sauf aux ressortissants de pays comme le Mexique, la Chine, l’Inde dont beaucoup de citoyens américains sont déjà originaires.

On peut rejouer chaque année et chaque année cette loterie provoque une frénésie dans des pays comme l’Ethiopie où des centaines de milliers de candidats font la queue à des kiosques Internet pour s’inscrire au tirage au sort numérique.

Mais la nouvelle législation qui va encadrer les obligations des immigrés risque de mettre fin à ce projet d’intégration. Les adversaires soulignent notamment que la carte de séjour accordée sur la seule chance au tirage, pose des problèmes de sécurité en favorisant les plus malins, entrés illégalement dans le pays, contre les plus honnêtes venus sur recommandation d’une famille et d’un employeur.

« Une loterie n’est pas le moyen de gérer l’immigration », dit Stephen Yale-Loehr, qui enseigne le sujet à la faculté de Droit de Cornell. « Elle ne renforce pas les liens familiaux, ne promeut l’intérêt économique ni des migrants ni du pays d’accueil. Le Congrès doit abolir ce programme. »

Les partisans de la loterie explique que celle-ci est le seul moyen pour des réfugiés, par exemple africains, qui n’ont aucune famille sur place d’avoir une chance de venir dans ce pays dont la première vocation est l’intégration de tous les peuples.

Miriam Jordan – The Wall Street Journal – 7 novembre 2014


La piste aux étoiles

« Les voies de circulation sont des œuvres importantes que nous léguons à nos descendants. Nous devons faire en sorte qu’elles soient belles, poétiques, tout en étant conçues pour affronter l’avenir. »

Celui qui parle ainsi, c’est Daan Rosegaarde, un « techno-poète » qui, en partenariat avec le groupe de travaux publics néerlandais Heijmans, installe aux Pays-Bas des routes luminescentes. A son actif, la piste Van Gogh, une piste cyclable inspirée de La Nuit étoilée du peintre et qui relie à un hameau voisin Nuenen, une bourgade où Vincent a vécu avant de venir en France. C’est un ruban de béton le jour. Au crépuscule, quelques scintillements bleus, verts ou blancs apparaissent ça et là sur le sol. La nuit, la piste dégage une lumière à la fois douce et puissante.

Comme l’explique Joziene van de Linde, directrice commerciale internationale de Heijmans, « les éléments lumineux incrustés dans le béton sont composés d’une résine très résistante dans laquelle on a injecté des cristaux photoluminescents contenant un pigment présent dans certains terres rares importées de Chine. Ils absorbent la lumière pendant le jour et la restituent naturellement pendant la nuit. »

A 50 km de là, la Smart Highway, est un tronçon de 500 mètres sur la route nationale, dont le marquage au sol lumineux bénéficie d’un procédé de fabrication encore plus complexe. Bientôt une route-digue de 32 km datant de 1930 sera pareillement équipée.

Ce marquage intelligent n’est est qu’à ses débuts. A terme, une ligne blanche pointillée pourra se transformer en ligne continue pour mieux réguler le trafic. On pourra aussi traiter la route sur toute sa largeur : elle changera alors de couleur ou fera apparaître par exemple des flocons pour signaler la présence de verglas.

Cette technologie arrive au moment où les administrations soucieuses d’économiser l’électricité réduisent l’éclairage des routes et des villes. Elle pourrait aussi permettre aux pays en voie de développement de sauter carrément l’étape lampadaires.
Et Daan Roosegaarde rêve maintenant à des routes éclairées de chaque côté par de drôles d’organismes génétiquement modifiés, des arbres-méduses bioluminescents…

Yves Eudes – Le Monde – 3 décembre 2014


Lire encore mieux demain ?

Nous avons désormais un choix infini d’outils pour accéder à la lecture. Mais parce que le numérique nous pousse à privilégier l’écran par rapport au papier, nos esprits sont reconditionnés autrement, notre capacité à lire en profondeur est constamment perturbée par la possibilité de dérouler le texte et de zapper.

Et si la technologie nous aidait au contraire à enrichir notre expérience de lecteur ?

Je me demande si la combinaison entre les nanotechnologies et les neurosciences ne pourrait pas nous permettre un jour de mieux utiliser notre cerveau. Aujourd’hui, nous pouvons mémoriser un sonnet en une après-midi. Mais imaginez que dans l’avenir, en lisant la première fois Guerre et Paix, nous activions un « augmentateur mental » grâce auquel nous pourrions intégrer chaque mot, chaque phrase de ce chef d’œuvre pour mieux le comprendre, nous en émouvoir et nous en souvenir

La romancière britannique Jeanette Winterson a confié que les poèmes qu’elle lisait et apprenait par cœur lui avaient sauvé la vie lors d’une enfance passée dans un foyer dépourvu d’amour. Dans Fahrenheit 450, l’écrivain Ray Bradbury met en scène des personnes-livres qui mémorisent des œuvres pour les sauver de l’anéantissement d’un autodafé général.

Si nous pouvions apprendre par cœur des livres entiers, quelle vie poétique ne pourrions-nous mener !

Et, bien entendu, si cet outil était implanté dans notre cerveau, pas besoin de recharger les batteries.

Sylvia Witman, patronne de la librairie Shakespeare and Company à Paris –
International New York Times – 6 décembre 2014


Le temps des avions à vapeur

Quand fut inauguré en 1959 le premier trajet aérien entre New-York et Londres, le voyage durait six heures et demie. Le Boeing 747, lancé en 1969 a mis les vols transatlantiques à la portée de presque tout un chacun. Sept ans plus tard, Concorde a permis de diviser le temps du trajet par deux.

Pourtant, soixante ans plus tard, le même voyage dure toujours aussi longtemps.

L’abandon du Concorde en 2003 est l’exemple rarissime du remplacement d’une technologie plus avancée, permettant d’aller plus vite et plus confortablement, par une autre plus lente et plus en retard ; comme si on remplaçait les TGV français et le Shinkansen japonais par des trains à vapeur.

Quelle que soit la technique – télétransportation, engins de nouvelle génération – il faudrait vraiment que tout un chacun puisse se rendre à l’autre bout du monde rapidement, confortablement, sans danger et sans nuire à l’environnement. Etant donné les progrès stupéfiants qui ont été réalisés dans d’autres domaines, il serait temps que l’aéronautique s’y remette. !

Zaha Hadid, architecte – International New York Times – 6 décembre 2014


Et si on baissait le thermostat ?

L’homme a modifié la composition de l’atmosphère et avec elle l’évolution du climat. Il ne lui reste plus qu’à prendre ses responsabilités. Certes, il faut réduire fortement les rejets de dioxyde de carbone. Mais il n’est pas certain que cela suffise. Le temps que l’économie mondiale opère sa transition énergétique, il sera peut-être trop tard.

Le géo-ingénieur canadien David Keith a donc eu une idée pour rafraîchir immédiatement le climat : pulvériser de l’acide sulfurique dans la stratosphère et réduire ainsi la quantité de rayonnement solaire parvenant à la Terre. C’est l’application d’un phénomène constaté lors des éruptions volcaniques. En avril 1991, par exemple, le Pinatubo, aux Philippines, a libéré près de 17 millions de tonnes de gaz sulfurique dans la stratosphère et la température moyenne de la Terre a diminué de 0,4°.

Dans un premier temps, Keith voudrait – pour la modique somme de 15 millions de dollars – étudier les effets et les risques d’un tel projet. En pratique : envoyer un dirigeable à une vingtaine de km d’altitude pour y pulvériser un ruban d’acide sulfurique de 1 km de long et d’une centaine de mètres d’épaisseur. Si l’expérience se révèle concluante, il n’en coûterait que 1 milliard de dollars pour obtenir rapidement des effets visibles sur toute la Terre.

Manipuler un système aussi complexe que le climat paraît complètement fou. Que faire si, à la suite d’une telle expérience, la mousson indienne ne venait plus ? Si la sécheresse s’étendait de façon incontrôlée dans le Sahel ? Ou si un super El Niño venait s’abattre sur la côte Ouest américaine ?

Les simulations informatiques de diffusion d’aérosols dans la stratosphère ont convaincu Keith qu’il peut se lancer sans risque dans la première phase d’expérimentation. Et si celle-ci s’avère concluante, on pourrait d’après lui provoquer un refroidissement presque uniforme de toutes les régions de la planète … en s’y prenant prudemment et en trouvant le bon dosage …

Johann Grolle – Der Spiegel – 20 novembre 2014
Repris par Courrier International – 17 décembre 2014


Confidentialité et recherche médicale

Comment concilier progrès de la médecine et protection de la vie privée ? C’est dans cette équation complexe que se situent les innovations médicales de demain, issues du traitement des mégadonnées. Toute l’industrie des nouvelles technologies lorgne aujourd’hui vers ce nouveau champ de bataille.

Pour fonctionner, le big data doit collecter toutes sortes de données : publiques, mais aussi privées, et même personnelles comme les dossiers médicaux, les données issues des objets connectés, ou celles qui proviennent des réseaux sociaux. Et, surtout, il doit les recueillir sans savoir au préalable ce qu’il cherche.

En France, la collecte de données personnelles est très encadrée. La loi informatique et liberté n’en autorise le recueil qu’à la condition qu’il soit déclaré à la CNIL, avec une finalité définie, que les personnes concernées soient explicitement consentantes, et surtout que les données soient « nettoyées » pour être rendues parfaitement anonymes.

Comment dans ces conditions accéder aux données de santé pour faire progresser la recherche médicale ? Plusieurs problèmes hypothèquent l’avenir de cette recherche. D’abord, en croisant des bases de données, des geeks sont parvenus dans d’autres opérations à ré-identifier des personnes derrières des données anonymisées. Ensuite, le régime de protection des données personnelles interdit rigoureusement de retraiter des données déjà exploitées pour un nouvel objet de recherche. Or « l’intérêt de certaines données peut apparaître bien après leur collecte », s’insurge Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité chez Microsoft France. « Doit-on se priver des bénéfices des données anciennes pour la recherche médicale au motif que l’on a envisagé, après coup, de nouvelles finalités possibles ? »

La loi actuelle est dépassée et il faudra sans doute l’adapter. En témoigne l’amende de 150.000 € infligée début janvier 2013 par la CNIL à Google pour non-respect des règles de confidentialité.

On n’empêchera pas ceux qui utilisent des objets connectés à divulguer leur rythme cardiaque, leur taux de sucre dans le sang, etc. et on n’empêchera pas ces données de circuler. « Il serait plus efficace de créer une obligation légale d’utiliser ces données de façon rigoureusement éthique, tout en instaurant des sanctions véritablement dissuasives ».

Alors que la nouvelle Commission européenne doit sortir son règlement sur les données personnelles, la lutte pour l’assouplissement est lancée. La recherche médicale devrait être un argument de poids.

Valérie Segond – Le Monde – 18 décembre 2014


La nouvelle religion des chiffres

C’est l’histoire de deux citoyens qui s’appelaient Francis et habitaient le même village. L’un était prêtre et l’autre chauffeur de taxi. Ils meurent le même jour et se présentent devant le Seigneur. Francis le chauffeur de taxi obtient le paradis, un bâton de platine et une tunique d’argent. Vient le tour de Francis le prêtre. » Va, mon fils, tu as mérité le paradis, voilà ton bâton de chêne et ta tunique de lin », lui dit le Seigneur après avoir consulté ses registres. Surpris, le prêtre se plaint : « L’autre Francis, je le connais, nous étions du même village. Il a mené une vie très dissolue, il picolait, blasphémait, conduisait comme un dingue et a terrorisé tout le village par son comportement toute sa vie. Et moi, j’ai mené une vie exemplaire, chaste, fidèle, sobre, j’ai donné tous les sacrements à cette population de mécréants, j’ai dit la messe tous les dimanches. J’ai servi votre foi. Il doit y avoir une erreur ! » Le Seigneur consulte de nouveau son registre et lui répond : « Mon fils, il n’y a pas d’erreur. Nous avons changé notre mode d’évaluation. Nous procédons aujourd’hui de manière plus objective grâce à des indicateurs standardisés de performance pour décider. Aussi me faut-il constater que, chaque fois que tu disais la messe le dimanche, tout le monde s’endormait, alors que lui, chaque fois qu’il conduisait, tout le monde priait ! »

A partir de chiffres fabriqués sur le modèle prudentiel des agences de notation financière, nous fabriquons des normes qui deviennent des objectifs et tendent à remplacer la finalité des actions qu’elles étaient censées évaluer. Comme le résume l’économiste Charles Goodhart : « Quand une mesure devient une cible, elle cesse d’être une mesure ». Ce qui se trouve monstrueusement illustré par cette remarque du Pr Peter Higgs, lauréat du prix Nobel de physique 2013 : « Aujourd’hui, je n’obtiendrais pas un poste universitaire. C’est simple : je ne pense pas que je serais considéré comme assez productif ! » (The Guardian, 6 décembre 2013)

Le « système technicien », comme l’appelait le sociologue Jacques Ellul, s’est emparé de la société tout entière et la numérisation des activités a donné à la rationalisation de nos conduites un pouvoir sans précédent. La valeur n’est plus qu’une information devenue marchandise. De ce fait, les indicateurs qui devaient servir à aider à la décision ont eu tendance à la remplacer. La machine numérique a confisqué le savoir-faire du professionnel comme la décision du politique. Les normes quantitatives, techniques et gestionnaires sont devenues à la fois l’idéal à atteindre et la mesure du chemin parcouru pour l’atteindre. Une nouvelle bureaucratie de l’expertise s’est installée au sein des vieux appareils de l’Etat. Les experts deviennent les scribes de nos nouvelles servitudes, les inquisiteurs de la nouvelle religion du marché.


Roland Gori – M3, revue éditée par la Communauté urbaine de Lyon – Hiver 2014-2015


Des saisons comme fossilisées

Comment expliquer à mon enfant des villes qui grignote des fruits transformés à quoi correspondent les fêtes saisonnières ?

En automne, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on célèbre Thanksgiving, le « grand merci » – à Dieu, aux dieux païens ? – parce que dans les sociétés agricoles qui ont été les nôtres pendant des millénaires, on avait alors terminé les récoltes d’automne et on savait qu’on aurait assez de provisions pour tenir tout l’hiver.

Les écolos qui ne mangent jamais de framboises en hiver, n’achètent que des fruits et légumes de saison, et vont les ramasser eux-mêmes dans les cueillettes organisées par les fermes de la région, ont sans doute mieux conscience des saisons.

Et comment évoquer la Toussaint ou l’esprit de Noël des origines ?

Dans nos pays, on ne sait plus ce qu’est l’obscurité effrayante de l’hiver et seuls les plus démunis souffrent du froid.

Cependant, ailleurs, au-delà des villes, les impératifs de la météo, des saisons, des cycles agraires – labourage, semailles, récolte – continuent d’imposer leur loi. La Terre continue de tourner autour du soleil provoquant le gel et la nuit qu’ont oublié nos sociétés tributaires d’énergies … dont nous savons désormais qu’elles ne seront sans doute pas inépuisables.

La fin de l’année n’est plus l’époque où soit l’on s’inquiète de ne pas avoir assez de provisions, soit l’on rend grâce au ciel pour les greniers pleins. C’est le temps où l’on se rend compte qu’on n’a pas accompli tout ce qu’on espérait réussir, le temps où l’on prend de nouvelles résolutions qu’on ne tiendra peut-être pas.

Ce qui nous reste de plus proche des anciennes coutumes, ce sont des vacances – notamment les vacances d’été, héritage des moissons pendant lesquelles les enfants n’allaient pas en classe pour pouvoir aider leurs parents. Et ce qui revient cycliquement dans nos pays, c’est le temps des impôts.

Sam Leith – Prospect, Londres – janvier 2014

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