EDITORIAUX 2008
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Janvier 2008 Après les longues épreuves de la Révolution et de l’Empire, alors que les valeurs, les perspectives et les structures fondamentales de la société et, avec elles, de l’économie s’étaient effondrées, Claude Henri de Saint-Simon, (1760-1825) a proposé un nouvel horizon. Il fut, avec ses disciples, un puissant inspirateur de la révolution industrielle qui a rendu possibles les innombrables programmes de développement du XIXe siècle. Il y avait alors un modèle (l’Angleterre), une croyance partagée (le progrès), une figure emblématique (l’ingénieur), un cadre géographique (la France). Tout est différent de nos jours : une planète Terre, urbanisée, interconnectée, où les directions se perdent, l’Orient se confond avec l’Occident, où, dans une profusion d’interfaces et d’avenirs possibles, convergent l’espace et le temps, le micro et le macro, l’instant et la durée. Une planète Terre que l’effet en retour sur le présent d’une crise écologique à venir, globale et critique, est en train de tétaniser. En son temps, Saint-Simon, ingénieur de l’avenir, philosophe de l’action, avait contribué à faire reculer le pessimisme (qui pourtant a eu le mérite d’inspirer, en France et surtout en Allemagne, le romantisme). Il a répondu a des questions qui sont les mêmes aujourd’hui : faisons-nous vraiment l’effort de comprendre, d’agir, de tirer parti de nos atouts pour générer un avenir ouvert, à notre mesure ? Je ne le pense pas. Depuis l’époque de Saint-Simon, nous avons énormément appris en termes d’organisation, de sciences et de techniques… Le niveau de complexité atteint par la société aujourd’hui – et qui ne fera que croître – n’était même pas concevable en son temps. Par contre, des idées plaidées par Saint-Simon sont d’une grande actualité : prudence vis-à-vis de l’expertise, pour toujours faire la différence entre ce qui relève de l’opinion et ce qui relève de la connaissance ; vis-à-vis de l’omniprésence de l’Etat dans la société et l’économie ; vis-à-vis des avenirs extrapolés, alors la qualité des extrapolations est, de manière si évidente, subordonnée à celle de l’information dont on dispose. Prudence vis-à-vis de certains mots, hélas parfois vidés de leur sens et utilisés comme concepts-valises : conscience, précaution, éthique, transparence… Mais prudence prospective, celle qui prend tout en compte et remet tout en question, celle qui met la vision en mouvement, qui propose des objectifs, qui restaure la confiance. La prudence prospective est l’opposé de la prudence immobile, celle qui gèle par la peur toute action. Danger ô combien mortel à l’heure du perpétuel changement ! La référence à Saint-Simon nous encourage justement, dépassant les conceptions sous dimensionnées, frileuses ou, au contraire, précipitées parce qu’imparfaitement pensées, à intégrer les menaces dans une approche résolue, responsable et optimiste de l’avenir. Notre souhait pour 2008 : que chaque personne porte l’étincelle d’un avenir plus humain ! Armand Braun |
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Citation
« Au début des années 2000, la vulgarisation, c’était la cerise sur le gâteau. Maintenant, la cerise est devenue le gâteau. »
Jean-Michel Courty, physicien – Le Monde – 28 février 2024
Clin d’oeil
« Les réseaux sociaux utilisent les mêmes artifices pour garder les gens le plus longtemps possible devant leur écran, que la fameuse boîte de Skinner, où des rats appuient frénétiquement sur un levier qui leur apporte aléatoirement une friandise. »
Augustin Lignier, International New York Times, 27 janvier 2024
Rencontre
Le coin du poète
PRINTEMPS
Une tendre buée verte
Mousse sur les rameaux dans les hautes futaies
Le hêtre et le tilleul y respirent en paix
La tiédeur du soleil
Poussés par le vent d’ouest
Les nuages déposent leur précieuse pluie
Sur les bourgeons qui s’ouvrent
Et les troncs reverdis
Tout brille
La canopée se meut en ondulations lentes
La jonquille couvre d’or les feuilles du passé
Jean Recoing