EDITORIAUX 2013
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Février 2013 Prospective de la société civile En 2017, dans quatre ans, ce sera le centenaire de la Révolution communiste en Russie. Peu après viendront l’Italie avec l’arrivée au pouvoir de Mussolini, l’Allemagne, avec Hitler, l’Espagne avec Franco. Tous ces pouvoirs brandissaient le drapeau d’idéologies totalitaires et répandaient là où ils s’installaient des torrents de sang. Encerclée, la France faisait figure de faible isolat démocratique et a été conquise sans coup férir en 1940. Il a fallu qu’apparaissent pas moins de trois hommes providentiels, Churchill, De Gaulle et Roosevelt, pour que l’Europe échappe à l’abîme qui s’ouvrait devant elle. Et il a encore fallu, au lendemain de la Guerre, quelques dirigeants d’une rare sagesse (Adenauer, de Gasperi, Schuman, Spaak) pour concevoir les institutions européennes qui nous ont valu cinquante ans de paix et de prospérité. A travers toute l’Europe, la déchirure du tissu social et la paupérisation, le vieillissement et la concurrence entre les générations, l’endettement des Etats, l’apparition de pouvoirs mafieux, la crainte morbide de l’avenir nous préparent de longues années d’épreuves. Nous expliquerons par la malchance, la faute d’autrui ou la fatalité des événements en regard desquels nous récuserons toute responsabilité. Mais les tragédies possibles ne surviendront pas par hasard. Que l’on nous permette de proposer notre diagnostic. Nous le faisons avec modestie, car il n’a pas grand-chose à voir avec ce que les sachants nous racontent tous les jours. Ce qui domine à l’heure actuelle, c’est une conception caduque de la prudence, qui tend à nier la réalité. Tout se passe comme si nous décidions de rester fixés sur le présent. Et en effet qui sait, dans cette ambiance de crainte, quelles conséquences entraîneraient très vite pour la vie sociale l’acceptation délibérée de métamorphoses dont la communication électronique vient encore accélérer le rythme ? La vraie prudence serait de contribuer résolument à l’apparition d’une nouvelle vague d’innovations scientifiques et techniques, comme vont le proposer dans un ouvrage à paraître Peter Thiel, investisseur dans le domaine des nouvelles technologies, Garry Kasparov, ancien champion du monde d’échecs et Mark Shuttleworth, pionnier du logiciel libre. Si nous acceptions de participer sans crainte au mouvement du monde, nous retrouverions toutes les chances auxquelles nous sommes en train de renoncer. Choisir le mouvement est indispensable et urgent, car l’économie est à l’arrêt et nous renonçons de fait à assumer nos responsabilités, notamment en termes de modernisation et de transformation du contexte écologique. Comment faire comprendre que nous le pouvons, alors même que les Pouvoirs publics, désormais fort démunis, n’ont plus les moyens de donner l’exemple ? Tout est à faire, dans tant de domaines ! L’invention surgira si ne nous lui fermons pas les portes. Et si nous ouvrons celles qui sont maintenues fermées par effet de monopole (transport public…),de bureaucratie (impôts locaux) ou de corporatisme (la fonction publique). Faute de quoi se poursuivra l’hémorragie des jeunes qui partent par milliers réussir leur vie ailleurs. Il y a longtemps, dans son ouvrage célèbre, La crise de la conscience européenne, Paul Hazard donnait cette définition de l’Europe, si étrangère à nos comportements actuels, » une pensée qui ne se contente jamais « . Armand Braun |
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Citation
« Au début des années 2000, la vulgarisation, c’était la cerise sur le gâteau. Maintenant, la cerise est devenue le gâteau. »
Jean-Michel Courty, physicien – Le Monde – 28 février 2024
Clin d’oeil
« Les réseaux sociaux utilisent les mêmes artifices pour garder les gens le plus longtemps possible devant leur écran, que la fameuse boîte de Skinner, où des rats appuient frénétiquement sur un levier qui leur apporte aléatoirement une friandise. »
Augustin Lignier, International New York Times, 27 janvier 2024
Rencontre
Le coin du poète
PRINTEMPS
Une tendre buée verte
Mousse sur les rameaux dans les hautes futaies
Le hêtre et le tilleul y respirent en paix
La tiédeur du soleil
Poussés par le vent d’ouest
Les nuages déposent leur précieuse pluie
Sur les bourgeons qui s’ouvrent
Et les troncs reverdis
Tout brille
La canopée se meut en ondulations lentes
La jonquille couvre d’or les feuilles du passé
Jean Recoing