Prospective - Edito : Supprimer les trottoirs dans les grandes villes ?

La création des trottoirs, de même que celle plus tard du Code de la Route, ont été en leur temps de formidables innovations sociales. Les choses étaient claires : les trottoirs aux piétons, la chaussée aux automobiles et autres véhicules. Mais tout est changé.

Les trottoirs sont utilisés par vélos, joggers, motos et scooters, trottinettes, gyroroues, skate-boards… Isolés ou en hordes, ils provoquent dans les cœurs de villes des accidents chaque jour plus nombreux et plus graves. Des rapports de force se sont instaurés au profit des plus rapides, des plus forts, des plus dangereux. Les piétons, dont beaucoup se déplacent les yeux baissés vers l’écran de leur cerveau auxiliaire, deviennent des fâcheux à peine tolérés, dont on attend qu’ils acceptent sans se plaindre de se faire bousculer, voire renverser, voire tuer par des anonymes qui sauront disparaître dans l’instant. Jeunes mamans et leurs poussettes, personnes âgées, handicapés, prière de s’abstenir. Les professionnels, qui doivent transporter outils, dossiers, etc., se sentent malvenus dans des villes que pourtant ils font vivre.

Faudra-t-il désormais contracter une assurance-vie avant d’aller marcher dans les rues ? En l’état actuel, le scandale ne peut que s’aggraver. Les administrations en charge de la circulation et de la mobilité affichent un discours de coexistence harmonieuse et solidaire entre ces modes de transport, discours de plus en plus déconnecté de la réalité telle que les gens la vivent. Interrogées, beaucoup ne répondent pas. Certaines affichent des menaces de contraventions qu’elles n’ont plus les moyens ni la volonté de mettre à exécution. D’autres refoulent leur impuissance en faisant semblant d’avoir été les organisatrices d’une prétendue entente cordiale. La maréchaussée a été réaffectée à d’autres priorités. Ce chaos rappelle les désordres des derniers jours de la circulation hippomobile à l’arrivée des véhicules à moteur, sans parler des embouteillages sur la chaussée. Le Règlement, le Code de la Route, la loi elle-même sont marginalisés.

Cette situation n’est pas que négative. La multi occupation des trottoirs est aussi une expression de la vitalité de la société, de la multiplication des moyens de déplacement. Elle permet à des piétons dont beaucoup sont des actifs, les autres n’en étant pas moins respectables, une sympathique variété et liberté des comportements. Les circonstances actuelles les réduisent pourtant à la modeste condition de variable mineure d’ajustement.

Dans des métropoles congestionnées, et qui le resteront, est-il concevable de substituer à la gestion administrée de la circulation  la responsabilisation de chaque acteur ? De susciter, à partir des comportements des personnes, un Code de la Rue aussi respecté que le Code de la Route l’a été en d’autres temps ? En somme, prendre acte du chaos sans espoir désormais installé pour faire l’expérience d’un chaos accepté qui pourrait générer de nouvelles pratiques spontanées ? Autrement dit, supprimer purement et simplement les trottoirs...

En commençant, parce que là se retrouvent les enjeux les plus intenses et les plus contradictoires, par l’avenue des Champs Elysées…

Armand Braun

Le bureau de tabac, lieu onirique

En cette époque où tout est médiatisé, il est parfois nécessaire de se plonger dans la réalité. Comment ? Nous vous proposons – du moins si vous êtes en France – d’aller observer ce qui se passe dans un bureau de tabac où les gens vont jouer au Loto, au Millionnaire et à toutes sortes de jeux de hasard.  

Nous l’avons fait dans différents quartiers de Paris et des environs. Ce ne sont que nos propres observations empiriques et donc dénuées de valeur statistique, mais … : en moyenne, un client toutes les 30 secondes, quel que soit le moment de la journée. Qui ? Des gens pauvres, employés chômeurs, étudiants, et il y a lieu de s’apitoyer quand on les voit dépenser le peu qu’ils ont pour de vains espoirs. Mais aussi des gens aisés. En fait n’importe qui.

On nous dira que ces clients sont malades. Bel argument pour financer beaucoup d’études et, ce faisant, justifier l’État qui disserte sur les addictions tout en encaissant cet impôt « volontaire ». La situation n’est certainement pas propre à la France.

Le fond du problème, c’est l’effort désespéré de tant de gens accablés par les soucis d’argent et la misère de leur condition. À ce titre le bureau de tabac est un espace complètement onirique, alimenté par les espoirs fous et les cruelles déceptions de la foule qui le fréquente, un lieu où s’entrechoquent avec violence, en général dans le silence, les passions et les angoisses les plus dévorantes.

On dit parfois qu’il faut remonter aux origines pour comprendre la vraie nature des situations. Que l’on nous permette alors de rappeler que Voltaire, qui était pauvre, s’est soudainement enrichi en trafiquant les résultats de la première loterie de Paris.  En 1729, avec son ami le mathématicien La Condamine, il a remarqué que le prix à remporter était bien plus élevé que le coût total de tous les billets. Ils se débrouillèrent pour les acheter tous et remportèrent ainsi la loterie. C’est ainsi que désormais à l’abri du besoin, le jeune Arouet a pu devenir l’illustre Voltaire. Y a-t-il vraiment lieu de le blâmer ?

 

prospective.fr

 

Les littéraires bienvenus dans les entreprises

L’opération Phénix, qui facilite l’accès aux métiers de l’entreprise des diplômés de lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales, fête ses dix ans. Elle s’est matérialisée par un master professionnel (M2) en alternance « métiers de l’entreprise » rattaché au département de philosophie de la Sorbonne. Près de 270 étudiants ont été embauchés depuis sa création. Ce master sera aussi préparé l’an prochain à l’Institut d’administration des entreprises de l’université de Nantes.

Avec le rôle croissant de l’intelligence artificielle, l’automatisation et la robotique, on se rend compte que le savoir-être est aussi important que le savoir-faire : aux machines le travail purement technique, aux hommes  la capacité à s’adapter, l’intuition, la culture générale, toutes développées dans les filières littéraires.

Comme l’explique Mercedes Erra, présidente exécutive du groupe Havas, marraine de la promotion 2017-2018 du master professionnel « métiers de l’entreprise » de l’université Paris-Sorbonne, « La réalité de la formation littéraire est très loin des clichées : elle a un côté poétique et imaginatif, mais elle demande surtout beaucoup de rigueur pour réfléchir, argumenter ou bâtir la structure d’une dissertation. Savoir penser, savoir écrire sont parmi les choses les plus difficiles qui soient. Les lettres sont sans doute plus proches du quotidien de la vie que les mathématiques : on a besoin d’un savoir raisonner qui relève davantage des sciences humaines que des sciences exactes. »

Adrien de Tricornot - Le Monde – 27 septembre 2017

Les méduses en salade

Les méduses sont, sur les plages de Méditerranée, une pollution marine au même titre que les sacs plastique et autres détritus. La pêche intensive a éliminé leurs prédateurs. Hermaphrodites, capables de pondre 45 000 œufs par jour ou de se diviser sans fin, elles ont une capacité de reproduction hors normes. Plus moyen d’espérer s’en débarrasser, plus moyen de réduire leur population.

Elles font fuir les touristes car elles provoquent des brûlures très douloureuses. Biomasse égale au volume d’un pétrolier géant, elles bloquent des équipements industriels.  Voraces, elles déciment les élevages de poissons.

En Italie, on a peut-être trouvé la solution : en faire des sashimis, des salades, des escalopes panées... Des chefs expérimentent toutes sortes de recettes.

Et pourquoi pas ? Une autre espèce invasive venue d’ailleurs a déjà inspiré depuis longtemps les gastronomes italiens : la tomate.

Jason Horowitz – Marina Di Ginosa Journal – 21 septembre 2017

Le problème avec les smartphones

Des applications sur smartphone comme Find My Friend vous avertissent automatiquement que l’ami que vous attendez vient de débarquer de son avion, que votre enfant sort de l’école, que votre mère est arrivée chez elle. Certains parents les utilisent pour espionner leurs adolescents…  Et vice-versa : vos enfants savent que vous mentez quand vous prétendez être au boulot ou bloqué dans les embouteillages, ils savent qu’ils peuvent traîner tranquillement dans leur chambre en désordre car vous êtes loin…

Aux États-Unis, un artiste, un ingénieur, un journaliste, un chauffeur de limousine et quelques autres se sont associés pour dénoncer un abus de pouvoir des autorités : on leur avait confisqué leur téléphone lors d’une fouille à la frontière. Certes, une exception au fameux Quatrième Amendement autorise la police des frontières à retourner les bagages et démonter les voitures pour des raisons de sécurité… mais dans des limites raisonnables.

Or la spécificité des nouveaux téléphones change la donne. Saisir un smartphone, obliger son propriétaire à livrer son mot de passe et utiliser un algorithme pour accéder à des informations privées, c’est autrement plus grave que de retourner en public le linge sale d’une valise.
Et avec l’IPhone X qui fonctionne sans mot de passe mais avec la reconnaissance faciale, il suffira – au policier, au douanier …  voire au ravisseur – de braquer l’écran du téléphone devant le visage de son possesseur… pour le déposséder.

Joe Palazzolo – The Wall Street Journal – 14 septembre 2017

Katherine Bindley – The Wall Street Journal –  15 septembre 2017

Qui a osé débarbouiller la Vierge Noire ?

La cathédrale de Chartres, emblème de l’architecture gothique du XIIIe siècle, fait l’objet depuis 2008 d’une importante campagne de restauration. Au programme notamment : la reconstitution des enduits. Le haut-chœur a été restauré entre 2009 et 2010. Cette opération a mis au jour des badigeons ocre et blanc, des colonnes et des arcs surlignés en blanc du XIIIe siècle, reprenant un motif de parement en fausses pierres, jusque-là caché par la pollution, la poussière et la suie. Le nouvel éclat de l’édifice obscurci depuis des siècles en choque certains.

La Vierge Noire n’est plus noire du tout ! Ce visage sombre qui, depuis des siècles, faisait partie de son mystère, n’était que l’effet d’une épaisse couche de crasse due à la fumée des cierges et des lampes à huile sur son visage de bois.

Martin Filler, spécialiste américain en architecture, a publié fin 2014 dans la New York Review of Books un article dénonçant cette restauration. Il s’indigne qu’on n’ait pas pris  en compte des directives établies par la Charte de Venise de 1964, stipulant que toute modification doit être réversible. « Même si les intérieurs de Chartres étaient initialement plus clairs, ils n’ont pas été vus dans cet état depuis des siècles. L’idée que nous puissions recréer l’aspect de la construction d’origine par des moyens artificiels est aussi aberrante que d’imaginer qu’une actrice vieillissante puisse retrouver sa jeunesse avec un lifting ».

Faut-il continuer à associer le gothique avec le romantisme de la noirceur ou tenter de retrouver l’image polychrome et lumineuse de ce qui paraissait aux yeux des pèlerins du Moyen-Âge comme le reflet du paradis ? Quel est le passé à préserver ? L’authenticité d’un état premier ou l’évolution naturelle d’un monument ? Telle est le débat que Patrice Calver, architecte en chef du projet, clôt ainsi : « Je suis très démocrate, mais le public n’a pas compétence à juger de ces choses ».

Benjamin Ramm – International New York Times – 6 septembre 2017

www.patrimoine-environnement.fr

La joie au travail ne vient pas de l’architecture intérieure

Le bien-être au travail est trop souvent associé au design des bureaux. C’est un tort. Ce qui compte avant tout c’est la sécurité de l’emploi et l’accomplissement professionnel.

En essayant de créer un cadre de travail attractif, les entreprises risquent fort de transformer leurs  bureaux en cirques, comme Angle Solutions à Liverpool qui possède les bureaux les plus cools d’Angleterre, décorés de chapiteaux en toile censés améliorer son image aux yeux des nouvelles recrues et des journalistes.

Les employés de bureau veulent autre chose que des gadgets et des espaces détente. Les à-côtés décalés se révèlent plus souvent agaçants qu’attrayants : peu de gens aiment travailler dans un hamac ou conduire une réunion de crise dans une piscine à boules !

En fait, que souhaitent les employés ? Des choses pas assez spectaculaires pour avoir les honneurs d’Instagram : des écrans qu’on puisse masquer pour travailler tranquillement, des meubles confortables et de bonne qualité, des boissons fraîches. Et surtout : des perspectives d’évolution, le respect, la confiance, un bon salaire, de bonnes relations avec les collègues.

Ces dernières se nouent-elles pendant ou après le travail ? Les gens qui travaillent dans un environnement favorisant les rapports sociaux, comme les bureaux en centre-ville, proches de pubs, de bars et de complexes sportifs ont plus de mal à se lier avec leurs collègues que les agriculteurs, les foreurs de pétrole et les travailleurs de nuit. Si chaque soir est l’occasion de se retrouver entre collègues après le travail, les relations sociales sont plus faciles mais aussi plus superficielles. Lorsque les possibilités de rencontre sont plus rares, le choix de nos amis est plus délibéré.

Cary Cooper – The Conversation (Londres) – 9 mai 2017

Repris par Courrier international – 31 août 2017

Une patrie pour les Rastafari

Le mouvement culturel et spirituel rastafari (ou rasta) est apparu en Jamaïque. On reconnaît les Rastafari au fait qu’ils ne se coupent pas les cheveux (d’où les dreadlocks). Ils sont végétariens, ne consomment pas de vin, car c’est le sang du Christ, mais considèrent le cannabis comme une herbe sacrée. Le plus connu d’entre eux est Bob Marley.

Après le traumatisme de l’esclavage, certains Jamaïcains ont cherché à créer un sionisme noir. Marcus Garvey a été le grand penseur de ce mouvement et a prophétisé : « un roi noir va naître, il sera notre sauveur ». En 1930, quelques années plus tard, Hailé Sélassié a été couronné Empereur d’Éthiopie (Négus, Lion conquérant de la tribu de Juda).

La prophétie s’était réalisée ! Le Négus a reçu un accueil triomphal quand il a effectué une visite officielle en Jamaïque en 1966. Il a alors concédé aux Rastafaris des terres situées à Shashamane, à 300 km au sud d’Addis-Abeba et ce lieu est devenu leur Jérusalem. Bob Marley l’a chanté dans « l’exode du peuple Jah ». Ils ont été nombreux à s’y installer, même s’ils n’y trouvaient pas de travail, vivaient dans la misère et se voyaient refuser la nationalité éthiopienne.

Cette situation vient de changer : ils sont désormais citoyens éthiopiens.

Bernd Dörries – Tages Anzeiger Zürich – 15 août 2017

Qu’est devenu l’enfant unique chinois ?

Le jeune homme qui étudie à l’étranger et appelle chaque jour ses parents en sanglotant, la jeune femme habillée à la dernière mode qui hurle en public sur son petit copain, l’étudiant brillant qui arrête soudain ses études pour se perdre dans les jeux vidéo, le candidat à un réality show de speed dating arrivant flanqué de ses deux parents, qui rejettent les possibles fiancées avant même que leur fils ne les ait vues…  voici quelques exemples de ces « petits empereurs » nés entre 1980 et 1990  à la faveur de la politique chinoise de l’enfant unique.

Ce terme de « petit empereur », ils l’ont rejeté. Mais à présent qu’ils sont adultes, il faut bien se rendre à l’évidence : l’attention excessive des parents, l’exigence de réussite, la culture de consommation en ont rendu beaucoup égocentriques et incapables d’acquérir leur indépendance.

C’est ce que le psychiatre Wu Zhihong a nommé le syndrome de « l’enfant géant ». Il note qu’avec la richesse matérielle et le vedettariat de l’enfant unique, les valeurs traditionnelles de la famille qui fondaient la civilisation chinoise depuis des millénaires se sont renversées : on respectait parents et ancêtres ; à présent, c’est des parents que l’on attend qu’ils  se dévouent à leurs enfants.

Ce sont surtout les citadins qui se mêlent ainsi de la vie de leurs rejetons d’une manière qui choquerait grandement les « mamans tigres » d’autrefois : leur influence continue après l’âge scolaire, s’étend à la carrière professionnelle, au mariage, au choix d’une maison, à l’éducation la génération suivante.

Résultat : les jeunes empereurs sont tristes. Ils ont peur de prendre des risque, choisissent des métiers sûrs, se plaignent de stress et d’ennui. Un quart d’entre eux quittent leur premier emploi au bout d’un an. Leur énergie est tournée tout entière vers la consommation de biens, ils n’éprouvent aucune empathie pour les autres, sont incapables de se lier durablement et n’osent pas fonder une famille.

Helen Gao – International New York Times – 9 août 2017

 

Les entrepreneurs de l’espace

L’espace devient un marché pour les acteurs du privé. Voici quelques-unes des applications prochaines envisagées avant que l’homme n’aille explorer la planète Mars. Une chaîne robotisée de microsatellites sera construite non loin de Cap Canaveral pour connecter à Internet les 3 milliards de personnes qui en sont encore privées.  Des satellites en orbite basse alliés à des ordinateurs vont permettre de surveiller les rails et ballast du réseau ferroviaire, mesurer l’impact des mesures prises en matière de réduction du gaz carbonique et du méthane, rendre la géolocalisation plus précise. Les nettoyeurs de l’espace encombré de milliers d’objets depuis le lancement de Spoutnik en 1957 testent toutes sortes de techniques : filet géant, voile à énergie solaire, épuisette, harpon, bras robotique, électromagnétisme. Des sociétés minières de l’espace pensent exploiter bientôt les richesses des astéroïdes. Le tourisme spatial démarre : fin 2018, deux passagers privés vont s’envoler vers la Lune à bord d’une capsule appartenant à Elon Musk.

                                                                                      Florence Bauchard – Les Echos – 13 juillet 2017                 

L’addiction à Internet

Les applications des médias sociaux numériques, amusantes, gratuites et faciles à utiliser quel que soit l’âge, permettent aux générations de communiquer davantage entre elles. Mais pour le reste, c’est un désastre.                

D’après un rapport  de l’Académie des sciences sociales de Chine, 87% des 16-24 ans consultent leur messagerie au moins tous les quarts d’heure. La Chine est le premier pays à avoir qualifié cette addiction de désordre clinique et en Corée du Sud il existe des centres de désintoxication pour les adolescents. Avec les 900 millions d’utilisateurs de l’application chinoise WeChat , les messages audio sont aussi répandus que les textos : les gens se servent de leur téléphone comme d’un walkie-talkie, en écoutant la réponse sur haut-parleur. Tout le monde trouve cela normal et personne ne se plaint du bruit. 

La vie « online » est si prégnante que la vie « offline » disparaît. Le vrai monde est ressenti comme un empêcheur de chatter en rond. On voit des gens manger tout en regardant sur leur écran ce que mangent les autres. Un symptôme grave du « syndrome CheChat » est le paradoxe de la paralysie faciale : les sentiments se disent en points d’exclamation et d’interrogation, et en emojis, tandis que les visages réels se retrouvent dépourvus de toute expression.

Yuan Ren – Prospect – Juin 2017

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