Prospective.fr – Mars 2015 – Edito

Mars ? Vous avez dit « Mars » ?

« Hello, le monde! Je m’appelle Jérémy, j’ai 37 ans, j’ai une formation d’astrophysicien et de spécialiste de la médecine en apesanteur. J’ai été médecin de famille pendant dix ans à Bordeaux, puis je suis parti un an en mission humanitaire. Je suis déterminé, engagé, résilient, j’ai l’esprit ouvert et je suis, aux dires de tous mes amis, un compagnon facile à vivre. Je suis optimiste, déterminé à réaliser des rêves qui ont du sens et passionné depuis l’âge de vingt ans par la Planète Mars … »

C’est ainsi que se présente (en anglais) sur le site de la communauté Mars One, le seul Français parmi les cent candidats qui viennent d’être sélectionné pour ce projet.

Mars One est une ONG basée aux Pays-Bas qui s’est donné pour objectif d’atteindre la planète Mars avec les technologies existantes. Le but : y établir une colonie permanente d’humains. Permanente, car il sera techniquement impossible de repartir.

Un premier satellite de communication devrait être lancé en 2018. En 2020, un robot ira explorer la planète rouge pour trouver où installer la future base, dont les éléments seront expédiés en 2022. Cette base devrait être à même d’accueillir les Terriens sur ce désert extrêmement froid à l’atmosphère toxique. A partir de 2024 ou 2025, ceux-ci arriveront par équipages de quatre, tous les deux ans. (La Terre et Mars, qui tournent autour du Soleil à des vitesses différentes, sont à peu près alignées tous les deux ans et c’est donc alors que la distance considérable qui les sépare est quand même la plus courte).

202 586 personnes ont répondu à un appel à volontaires sur Internet. 1 058 d’entre elles ont été retenues en 2013. Après une troisième semi finale, ils sont aujourd’hui 100 candidats, 50 hommes et 50 femmes, du monde entier : 39 d’Amérique, 31 d’Europe, 16 d’Asie, 7 d’Afrique et 7 d’Océanie. Choisis pour leur parfaite santé, leur équilibre psychologique et leurs compétences techniques, ils seront regroupés en équipes. Leur capacité à s’adapter ainsi que leur endurance seront mises à l’épreuve dans une réplique, installée aux Pays-Bas, de la base censée les accueillir sur Mars. Au final, 24 d’entre eux auront la chance d’être du voyage.

Une fois sur place, ils seront très occupés. Ils achèveront de construire la base et feront pousser des plantes et des algues pour se nourrir. Leur travail sera essentiellement scientifique : analyser le sol, le sous-sol, l’atmosphère ; y détecter des signes de vie fossiles ou possibles… Et ils auront tout loisir contempler les somptueux paysages martiens.

Depuis 1964, une cinquantaine de missions d’exploration lointaine (satellites) ou proche (rovers avec labos embarqués) ajoutent à nos connaissances de la planète. Des projets récents, Mars One est le plus follement optimiste.

« Le plus grand défi », explique Bas Lansdorp, un des fondateurs de Mars One, « c’est de recruter des gens capables de tout abandonner sur Terre. Mais, par mail et Skype, Mars ne sera qu’à quarante minutes de la Terre. Nous n’éliminerons donc pas les candidats qui ont une famille. Les premiers migrants et les premiers explorateurs, eux, n’avaient pas le téléphone ; ils laissaient derrière eux leurs parents et leurs enfants sans être sûrs de jamais les revoir et sans possibilité de communication. »

Rien n’est plus fort, plus spécifique de l’humanité que l’attirance pour l’inconnu !

 

Hélène Braun

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