Prospective.fr – mai 2018 – Edito
Information et communication, de quoi parle-t-on ?

Nous sommes redevables de dons incroyables aux nouvelles technologies de l’information : ubiquité, instantanéité, possibilité pour chaque personne d’échanger avec chacune et toutes. Un rêve, auraient estimé nos prédécesseurs.

Ce rêve réalisé est aussi porteur de nouveaux risques. L’un d’entre eux a trait à cette question à la fois grave et méconnue qu’est la confusion entre l’information et la communication.

Sous couvert d’information, on nous abreuve souvent de campagnes de communication à propos de toutes sortes de sujets : une campagne électorale, une compétition sportive, une opération marketing, la sortie d’un blockbuster, la vie privée d’une star, un scandale… Et par le biais des médias, surtout la télévision, voici fixée l’attention de millions de personnes sur une question importante, oiseuse, voire dangereuse –  souvenez-vous de la puissance radiophonique d’Hitler !

Cette confusion actuelle entre information et communication est d’autant plus perverse qu’on croit être informé alors qu’on n’est qu’abreuvé de messages intéressés. Quoiqu’on dise, l’accès de chacun à l’information véritable devient de plus en plus difficile, derrière les rumeurs, les manipulations et les fake news de toute origine et de toute nature. Les médias sont à la fois le plus formidable instrument de culture et le plus formidable instrument de déculturation.

Sans information pertinente, pas de pensée personnelle. Chaque personne devrait pouvoir écarter les lourdes et vaines couches de la communication et se doter de son propre dispositif de recueil et de tri de l’information afin d’irriguer son autonomie et sa liberté.

Et on pourrait, à la limite, se demander si les métiers de communicant et de journaliste ne devraient pas être séparés. Cela permettrait aux journalistes de repenser leur rôle dans la société pour lui conférer plus pleinement la profondeur et le sens dont il doit être porteur.

Armand Braun

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