Prospective.fr – mars 2018 – Edito
Si non é vero…

De beaux films, basés sur des faits réels, sont récemment sortis : L’échange des princesses, Pentagon Papers, Les heures sombres, Stronger, Le 15 h 17 pour Paris. Ils ont en commun le fait que nous n’avons pas de doute quant à la véracité des faits et des personnages qu’ils mettent en scène. Ces histoires nous plaisent parce que nous savons qu’elles sont vraies et l’art du cinéaste les rend encore plus merveilleuses. De même que nous voyons mieux les couchers de soleil sur la mer depuis Monet.

La force de la vérité nous rend par contraste plus sensibles aux risques que présente la multiplication des fake news ou, pour reprendre le mot du chercheur en informatique américain David Ovadya, une prochaine « infocalypse ».

Le mois dernier, nous avons été nombreux à nous faire piéger. Il ne s’agit pas ici des indélicatesses sexuelles, réelles ou supposées, de tel ou tel mâle en vue, mais d’une sombre histoire de squat dans une résidence de la région parisienne. Serge, 60 ans, propriétaire de son logement depuis 1992, s’était juste absenté pour un petit séjour à Nice auprès de son père malade. À son retour, il n’a pas pu rentrer chez lui : un couple et leurs deux enfants étaient installés dans l’appartement depuis trois mois, sans que ni les voisins, ni les gardiens ne s’en inquiètent. Ils étaient entrés par effraction, avaient changé les serrures et modifié le contrat EDF. Ils ne se sont fait repérer que lorsque le père de famille s’est fait passer pour le propriétaire auprès du syndic afin de recevoir un badge d’accès au parking.

Publiée par Le Parisien, la mésaventure a été reprise notamment sur la Toile. Comme d’autres, j’ai diffusé le lien :

http://www.europe1.fr/faits-divers/hauts-de-seine-il-retrouve-son-appartement-occupe-par-des-squatteurs-3568643

Je me demandais si j’allais signer la pétition et l’appel aux députés pour dénoncer le scandale : les squatteurs ayant été démasqués plus de 48 h après leur installation, ils pouvaient, paraît-il, invoquer légalement le droit au logement. Et puis, moi aussi, j’ai appris ce qu’il en était : deux escroqueries conjuguées. D’un côté celle de locataires indélicats qui avaient cessé de régler leur loyer. De l’autre, celle d’un propriétaire qui pouvait d’autant moins s’en débarrasser qu’il n’avait pas établi de bail et avait donc imaginé ce subterfuge pour les mettre à la porte.

On l’a d’autant mieux cru que des faits similaires, mais réels, se sont effectivement produits ailleurs. Mais sans qu’ils aient fait eux le buzz ! Finalement, la force d’un gros mensonge, c’est parfois de mettre en évidence ce qu’on ne voyait pas jusque-là.

Si non é vero é bene trovato !

Hélène Braun

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