PROMOUVOIR LA DÉMARCHE PROSPECTIVE

prospective>>> L’ADN continue-t-il d’évoluer ?
>>> La couche d’ozone se reconstitue
>>> Allô la forêt ? Ne quittez pas, nous arrivons à votre secours !
>>> Tableaux interactifs et tablettes au lieu de craies et de livres
>>> Les cabines téléphoniques londoniennes passent au vert
>>> Le retour du vieux sage
>>> La Californie meurt de soif
>>> Une e-résidence en Estonie
>>> Voyage vers Mars: répétition générale sur Terre
>>> Les écrans: un problème de santé publique ?

L’ADN continue-t-il d’évoluer ?

Chacun de nous possède un peu plus de 20.000 gènes programmant tout ce qui nous constitue, depuis la kératine de nos cheveux jusqu’aux fibres musculaires de nos orteils. Nous les tenons de nos parents, qui les tiennent eux-mêmes des leurs, et ainsi de suite.

Comment cela a-t-il commencé le long de cette lignée généalogique? Les scientifiques se le demandent depuis les débuts de la génétique, il y a un siècle : « C’est la question fondamentale de la vie : comment l’évolution génère-t-elle la nouveauté ? », résume Diethard Tautz, de l’Institut Max Planck pour la biologie évolutive à Plön (Allemagne).

De récentes découvertes éclairent ce sujet. Certains de nos gènes, très anciens, remontent peut-être aux débuts de la vie sur Terre. Beaucoup sont apparus ensuite, les plus récents ayant évolué après que notre espèce se soit séparée de ses cousins les singes.

De nouveaux gènes surgissent et évoluent incroyablement vite. Dès le début du XXe siècle, des chercheurs ont supposé, par exemple, que, lorsque des cellules se multiplient, elles pourraient accidentellement reproduire deux fois le même gène. Au début, les deux gènes seraient identiques, puis ils évolueraient différemment. Ils se sont dit que ce type d’accident pourrait expliquer certaines maladies comme le cancer. A la fin du siècle, quand on a pu déchiffrer précisément les séquences d’ADN, on s’est rendu compte que cette intuition était avérée. Il devenait clair que la duplication jouait un rôle dans l’évolution. Lorsque les gènes se reproduisent pendant des millions d’années, ils peuvent former des familles de gènes dont chacune contient des centaines de gènes similaires, qui ensuite changent au point de prendre en charge des fonctions tout à fait différentes. Ainsi, l’hémoglobine, qui stocke l’oxygène dans nos cellules rouges appartient-elle à une famille de gènes qui traitent l’oxygène de multiples façons ; elle a pu évoluer à partir de protéines qui rejetaient, avant qu’elles ne les endommagent, des molécules d’oxygène pénétrant dans les cellules.

Lorsque la vie est apparue il y a des milliards d’années, les premiers micro-organismes avaient un tout petit assortiment de gènes. A force de se reproduire en se transformant, ils auraient donné naissance à tous les gènes aujourd’hui présents sur Terre.

Cependant, le séquençage de génomes entiers a révélé des gènes présents dans une seule espèce. Selon la théorie de la duplication, qui explique que les gènes sont issus de gènes plus anciens d’autres organismes, ils ne devraient pas exister. Or ils existent. Des chercheurs allemands et américains s’emploient à mettre en évidence le processus qui conduit à la naissance de tels gènes orphelins : certains scientifiques supposent maintenant qu’ils n’ont pas été transmis de génération en génération pendant des milliards d’années mais sont apparus bien plus tard.D’après le Dr. David Begun de l’Université de Californie à Davis, « il est prématuré de faire des annonces, mais une cohérence semble émerger».

Carl Zimmer – International New York Times – 30 avrll 2014

 

La couche d’ozone se reconstitue

Le protocole de Montréal adopté par 196 pays en 1987 est destiné à bannir la plupart de composés chlorés et bromés (CFC) utilisés notamment dans les réfrigérateurs et les bombes aérosols. Ces substances sont responsables du trou dans la couche d’ozone stratosphérique qui nous protège du rayonnement ultraviolet, très dangereux pour la santé des êtres vivants.

Tous les quatre ans, un rapport de l’Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l’environnement fait le point sur les résultats. Le rapport publié en septembre dernier, qui a mobilisé 300 chercheurs à travers le monde, est très encourageant : la concentration atmosphérique des CFC a diminué de 10 à 15% par rapport au pic de la fin des années 1990 ; seul le tétrachlorure de carbone est encore trop élevé ; le bouclier anti-UV est stabilisé depuis l’an 2000 ; d’ici à 2030, deux millions de cancers de la peau auront été évités chaque année, ainsi que des dégâts oculaires et immunitaires sur les humains et des effets nocifs sur la faune et l’agriculture. D’ici à 2050, la couche d’ozone devrait notablement s’être reconstituée et on peut même espérer que le trou d’ozone au-dessus de l’Antarctique aura disparu vers la fin du siècle.

Il faut noter cependant que l’augmentation de la couche d’ozone relevée ces dernières années, dans certaines régions de l’hémisphère Nord notamment, n’est attribuée que pour moitié à la réduction des CFC. Paradoxalement, elle provient pour l’autre moitié de l’accumulation des gaz à effet de serre. Ces derniers réchauffent la basse atmosphère, mais induisent un refroidissement aux très hautes altitudes, refroidissement qui ralentit les réactions chimiques détruisant l’ozone. Si cette tendance se poursuit, la couche d’ozone sera sans doute plus épaisse vers la fin du siècle que dans les années 1970, du moins aux latitudes moyennes.

Outre son effet sur la couche d’ozone, le protocole de Montréal a aussi eu un bénéfice inattendu sur le réchauffement. Les CFC bannis par le protocole sont en effet de puissants gaz à effet de serre. Les remplacer a donc représenté un bénéfice pour limiter le réchauffement.

Cependant, les composés bannis par le protocole ont été remplacés par des hydrofluocarbures qui pourraient avoir un effet de réchauffement si leur concentration encore faible aujourd’hui augmentaient…

Stéphane Foucart – Le Monde – 12 septembre 2014


Allô la forêt ? Ne quittez pas, nous arrivons à votre secours !

Dans les forêts tropicales, 50 à 90% du bois est extrait illégalement. Des moyens de surveillance existent, tels que l’observation par satellites, mais ils ne permettent qu’une réaction a posteriori, et alors il est trop tard.

Fin 2012, Christopher White a, avec une levée de fonds de 167.000 dollars via la plateforme de financement participatif Kickstarter, fondé l’organisation Rainforest Connection pour lutter d’une manière plus efficace contre les abattages clandestins. Son idée : un réseau de surveillance en temps réel des forêts tropicales, capable de donner l’alerte au moindre démarrage d’une tronçonneuse. La vigilance est assurée par des smartphones fixés sur les troncs des arbres et dont les micros sont constamment enclenchés. Des chutes de panneaux solaires disposées comme les pétales d’une fleur tout autour de ces smartphones devraient pouvoir les alimenter en permanence, quelle que soit la luminosité.

Devenus les oreilles de la forêt, ces téléphones écoutent le tumulte de la jungle et reconnaissent la signature sonore caractéristique d’une tronçonneuse, un peu comme ces applications mobiles capables de reconnaître une chanson à partir de trois notes de musique ou de détecter les pleurs d’un bébé au-delà d’un certain seuil de décibels. Dès qu’est enregistré le bruit suspect d’une tronçonneuse qui démarre, le smartphone donne l’alerte au plus proche bureau des gardes forestiers, qui interviennent avant que les ouvriers n’aient eu le temps d’abattre le premier arbre.

Une expérience pilote sur l’île de Sumatra a été menée en partenariat avec l’association française Kalaweit, qui a pour but la protection des gibbons et leur habitat : 4 smartphones ont couvert une surface de 200 hectares. Ce fut un succès : les smartphones ont bien fonctionné et les abattages clandestins ont été ralentis. Un autre chantier a donc été lancé au Cameroun en octobre et un troisième sera tenté au Brésil en janvier 2015.

Christopher White a encore bien d’autres projets pour sauver les forêts : une application pour reconnaître les sons des animaux de la jungle afin de dresser l’inventaire des espèces (d’après la Rainforest Foundation, les forêts tropicales ne recouvrent que 7% de la surface terrestre mais abritent environ 50% de la faune et de la flore) ; une autre pour permettre aux gens d’écouter la forêt en temps réel depuis leurs propres smartphones. « Certes, dit-il, nous sommes sensibilisés, nous savons intellectuellement que la forêt tropicale recule chaque jour, mais elle demeure trop éloignée. Il est important de rapprocher émotionnellement les gens et la forêt. »

Fabien Goubet – Le Temps – 23 septembre 2014
Prospect – octobre 2014


Tablettes interactifs et tablettes au lieu de craies et de livres

Le collège Georges-Charpak de Goussainville compte parmi la vingtaine de « collèges connectés » de France, des sites pilotes sélectionnés par l’Education nationale en 2013 pour développer les usages pédagogiques du numérique.

L’établissement met à disposition de ses 450 élèves toutes sortes d’outils high-tech : ordinateurs, lecteurs audio et vidéo, baladeurs, tablettes …

Voici, par exemple, un cours de géographie en classe de 3ème. Sur le tableau numérique interactif qui équipe la salle, un fond de carte vierge. A intervalles réguliers, Edwige de Boers, l’enseignante, clique sur l’écran blanc avec un stylet et fait se superposer les légendes puisées dans un manuel numérique. A chaque clic, l’attention des adolescents monte d’un cran. «Si les élèves n’écoutent pas, commente l’enseignante, j’éteins l’écran … et ils se taisent immédiatement. Quand j’ai un problème technique, ils viennent m’aider, ça les valorise ! Et puis, pour des jeunes peu familiers des livres, c’est plus attractif, plus naturel. »

Pour ces élèves nés avec le numérique, c’est une évidence partagée par leurs professeurs. Ce n’est pas le cas ailleurs. D’après une enquête de Savoir Livre auprès de 15.000 enseignants, si l’usage des manuels numériques a doublé en trois ans, ceux-ci ne sont utilisés que par un tiers des enseignants (40% dans le secondaire, 20% dans le primaire) et les usages individuels des manuels numériques par les élèves n’atteignent que 7%. Neuf enseignants sur dix déclarent s’être formés par eux-mêmes au numérique et le jugent profitable à leur enseignement, mais seulement un sur deux est convaincu des atouts qu’il représente en matière d’éducation.

A la rentrée 2015, une centaine de collèges devraient être connectés et il est question d’un plan « e-ducation » plus général pour 2016. Au collège Charpak les manuels papier n’ont pas été abandonnés : ils restent à la maison, permettant ainsi aux élèves de venir désormais au collège sans porter plusieurs kilos de livres sur le dos.

Mattea Battaglia – Le Monde – 1er octobre 2014


Les cabines téléphoniques londoniennes passent au vert

La généralisation des téléphones portables a rendu les cabines téléphoniques obsolètes.

A Londres, il en reste un peu moins de 10.000. La plupart sont ces cabines rouges conçues en 1935 pour commémorer le jubilé du roi George V. Elles participent depuis de l’image de la capitale. Les Londoniens y sont tellement attachés qu’au lieu d’accepter leur disparition ils leur ont trouvé de nouveaux usages : certaines sont devenues des mini-bibliothèques publiques, d’autres contiennent un défibrillateur, d’autre encore abritent des installations artistiques pérennes ou éphémères, d’autres même des douches ou un WC ; et l’une d’elles est le plus petit pub du monde.

Repeintes en vert, six anciennes cabines rouges seront très prochainement transformées en mini-stations solaires destinées à recharger son téléphone ou sa tablette. Un petit panneau solaire de 86 cm² suffira pour brancher 100 appareils par jour. L’usage sera gratuit et le coût couvert par des publicités apparaissant sur les écrans pendant le rechargement. On pourra s’en servir la nuit et quelle que soit la météo, car l’énergie sera stockée dans une batterie. Une aubaine pour tous ceux qui s’angoissent à l’idée que leur mobile puisse se décharger alors qu’ils se trouvent loin d’une prise de courant.

A l’origine de cette initiative, deux diplômés en géographie de la London School of Economics, Kirsty Kenney et Harold Carston. Lauréats 2014 du Concours des Entrepreneurs pour un moindre impact en gaz carbonique sur l’environnement (Low Carbon Entrepreneur Competition) lancé par le Maire de Londres, Boris Johnson, ils se sont vu allouer 5.000 livres (6.350 €) pour leur projet.

« Quand j’étais étudiant, je passais tous les jours devant l’une de ces cabines », a expliqué Harold Carson, «  je savais qu’il y en avait ainsi au moins 8.000 qui ne servaient plus à rien et je me disais qu’il fallait leur trouver une nouvelle utilité. »

Et Boris Johnson de renchérir : « Il était temps de faire de nos fameuses cabines un outil du XXIe siècle, écologique et utile à tous ces Londoniens qui ne se séparent plus de leur smartphone ou de leur tablette. »

Kimiko de Freytas-Tamura – International New York Times – 3 octobre 2014


Le retour du vieux sage

Longtemps a prévalu l’idée d’un capital de neurones qui fondait à mesure qu’on vieillit. A son maximum dans la jeunesse, incapable de se renouveler, il était censé diminuer irrémédiablement, de décennie en décennie. On sait aujourd’hui que c’est faux. En 2003, Pierre-Marie Lledo, de l’Institut Pasteur et le Pr. Schachner de l’Université de Hambourg ont découvert ensemble que des cellules souches régénèrent le cerveau tout au long de la vie en produisant de nouveaux neurones.

Malgré tout, la représentation dominante reste encore marquée par la régression inéluctable. Le spectre d’Alzheimer fait croire à ceux qui avancent en âge qu’ils sont condamnées, même s’ils échappent au pire, à l’amoindrissement inéluctable de leurs performances cognitives.

Or, d’après le Pr. André Aleman, membre de l’Académie des sciences néerlandaises, qui enseigne la neuropsychiatrie cognitive à l’université de Groningue, ce serait l’inverse : le cerveau se bonifie avec l’âge ; plus il vieillit, plus il se révèle capable de résister aux émotions, de gérer les situations de stress, de faire des choix décisifs.

Cette description recoupe ce que toutes les civilisations, de la Chine séculaire à la Grèce antique en passant par l’Afrique, semblent avoir déjà su : les sages sont les anciens. En un temps où l’on sait que le nombre de centenaires va exploser, cette vieille évidence est désormais cautionnée par la science.

N’est-ce pas, malgré tout, trop beau pour être vrai ? Mieux vaut se méfier d’une affirmation correspondant si joliment à ce que souhaitent tant d’êtres humains. En matière cognitive, l’interprétation des données dépend des orientations des observateurs. En ce domaine, il n’existe pas de connaissance scientifique absolument pure, objective, étrangère à tout mythe comme à toute fiction. Nos désirs, nos attentes, nos rêves habitent aussi ce genre de recherches. Ceci ne les disqualifie aucunement, mais conduit à demeurer prudemment sceptique.

Skeptikos, dans le vocabulaire grec ancien, voulait seulement dire « qui observe » ou « qui réfléchit », sans affirmer ou prendre parti. Ce refus de prendre parti est-il le signe d’un déclin cérébral lié à l’âge ou celui d’une sagesse permise par le vieillissement du cerveau ?

Roger Pol-Droit – Les Echos – 10 octobre 2014
André Aleman – Le Bel Age du cerveau – Editions Autrement


La Californie meurt de soif

La Californie est entrée dans sa quatrième année de sécheresse record. Les lacs et les rivières s’évaporent, les pelouses brunissent, les cultures sont en jachère (20% des terres agricoles).

Nulle part la situation n’est aussi catastrophique qu’à East Porterville, dont les habitants sont principalement des ouvriers agricoles employés dans les plantations de pistaches, de grenades et de citrons verts. Un millier d’entre eux (sur 7.200 résidents) vivent sans eau courante : leur quartier n’a jamais été rattaché au réseau municipal de Porterville, chaque famille a son puits. Mais, depuis le mois de février, les puits se sont taris l’un après l’autre. Puis ce furent les robinets…

Comment peut-on vivre sans eau courante dans un pays comme les Etats-Unis ? De CNN au New York Times, tous les médias sont venus enquêter et ont publié des constats révoltants. Les parents craignent qu’on ne leur retire leurs enfants tellement ils sont sales. Les citernes en plastique sont venues s’ajouter aux canapés, aux poules et aux carcasses de voitures dans les cours bordées de cactus. Les habitants boivent une eau saumâtre et mangent des conserves dans des assiettes jetables. Ceux qui le peuvent s’achète des lingettes pour se nettoyer au moins les mains et le visage. Le lycée a ouvert ses douches le matin aux élèves …

Le comté dont dépend East Porterville a fait installer cet été une citerne en face de la caserne des pompiers et va en installer une deuxième. Un panneau affiche « eau non potable » en anglais et en espagnol, mais tout le monde n’en tient sans doute pas compte.

Une œuvre de charité financée par des dons privés et une subvention de l’Etat distribue des cartes de rationnement « Sécheresse 2014 » permettant à 200 familles de recevoir des bouteilles d’eau une fois par semaine.

« Nous fournirons de l’eau aux gens tant qu’ils en auront besoin, mais nous ne savons pas combien de temps cela va durer », a déclaré Andrew Lockman, responsable des situations d’urgence du comté. « Nous ne voyons pas de solution à long terme pour le moment. Il y a un écart incommensurable entre les besoins et les ressources. »

« La seule chose qui reste à faire, avoue un professeur du lycée, c’est de prier pour qu’il pleuve ». Et encore : il faudrait 150% des précipitations normales pour sortir la Californie de sa sécheresse historique.

Jennifer Medina – International Nez York Times – 3 octobre 2014
Corinne Lesnes – Le Monde – 21 octobre 2014


Une e-résidence en Estonie

L’Estonie est leader mondial en nouvelles technologies. C’est là que sont installés des services comme la plateforme de vidéo-chat Skype et le logiciel de transfert d’argent électronique Transferwise. Et depuis 2005, les citoyens peuvent déposer leur bulletin de vote sur Internet.

Forte de cette réputation, l’Estonie va plus loin : grâce à une loi votée le 7 octobre par 80 parlementaires sur 101 et qui entrera en vigueur à la fin de cette année, elle sera le premier pays à offrir une résidence purement numérique à des étrangers habitant en dehors de l’Estonie.

Pour la somme de 50 €, on pourra se procurer une identité digitale permettant d’avoir, sans y être physiquement, une existence numérique officielle dans le pays. Les titulaires de cette carte d’identité digitale pourront accéder à toutes sortes de services en ligne : signature électronique de documents, compte en banque, domiciliation d’une entreprise.

Les e-résidents n’auront pas les mêmes droits que les citoyens estoniens : ils ne pourront se servir de leur carte d’identité comme d’un passeport. Mais la signature digitale sera assortie d’une garantie officielle de l’Etat estonien attestant de la véracité de l’identité du signataire, ce dont ne sont pas pourvues les autres signatures électroniques.

Pour devenir un e-résident d’Estonie, il faut se rendre à la Police des frontières, remplir un formulaire et laisser des informations biométriques, notamment une empreinte digitale. Fin 2015, on pourra aussi se procurer ce document dans les ambassades estoniennes et devenir ainsi un résident électronique du pays sans y avoir jamais mis les pieds.

Liis Kängsepp – The Wall Stret Journal – 22 octobre 2014


Voyage vers Mars : répétition générale sur Terre

Pour aller sur Mars et en revenir, il faut un millier de jours et un équipage de quatre à six personnes. Impossible d’embarquer la quantité phénoménale de réserves nécessaire à leur survie. Rien que l’eau : il en faut 15 litres par jour et par personne ; faites le calcul… Un voyage vers Mars implique l’invention de systèmes de recyclage de l’eau, de l’air, des déchets et la mise au point de méthodes de production de nourriture et d’oxygène.

Des expériences sont tentées dans ce domaine par diverses stations spatiales. Le projet Melissa a été lancé en Suisse en 1989. Il a conduit à l’installation en 2009 à Barcelone d’un modèle d’écosystème artificiel composé de quatre compartiments devant recycler les eaux usées et les déchets à l’aide de bactéries pour produire eau, nutriments et azote afin de faire pousser des plantes comestibles et générer de l’oxygène. En 2015, la « boucle » sera fermée et testée sur des rats. Puis il faudra refaire l’expérience en microgravité.

L’étape suivante serait la construction sur Terre d’un milieu reproduisant les contraintes spécifiques des habitats clos pour des humains. Vu son coût, une telle entreprise n’est pas encore d’actualité. Mais diverses agences spatiales en rêvent, notamment en Russie, où l’expérience Mars500 a simulé un voyage vers mars de 520 jours. Il faudra peut-être envisager que des pays se regroupent pour sa réalisation.

Le jour où cela sera possible, cela permettra non seulement l’exploration spatiale mais encore la résolution de problèmes terrestres : recyclage et utilisation optimale des ressources, écotoxicologie, biosécurité, habitat autonome et durable. Les tenants de ce type de projet font aussi valoir qu’une telle infrastructure constituerait un laboratoire nouveau pour nombre de chercheurs : physiologistes désireux d’observer des êtres vivants en boucle, microbiologistes voulant étudier des organismes en ne faisant varier que certains facteurs, ingénieurs souhaitant optimiser la miniaturisation de leurs machines.


Olivier Dessibourg – Le Temps – 24 octobre 2014


Les écrans : un problème de santé publique ?

Depuis la généralisation du petit écran, la question de son impact sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents est posée. La multiplication des écrans interpelle encore davantage.
Les études à ce sujet se sont multipliées et leurs conclusions sont toutes pessimistes : manger devant la télévision provoque obésité et diabète car le cerveau occupé à contempler l’écran ne transmet pas immédiatement le message de satiété au corps ; il y a un lien entre usage excessif des nouveaux médias et sommeil insuffisant et de mauvaise qualité ; on a constaté des troubles divers de la vision chez 90% des jeunes en fin de parcours scolaire dans plusieurs pays développés d’Asie ; le contenu des images des films comme des jeux est de plus en plus violent, ce qui accroît le risque de comportement violent chez les spectateurs …

Certes, les nouvelles technologies donnent accès à des sources documentaires intéressantes, mais s’en servir trop a des effets pervers : le recours à Internet peut entraîner un affaiblissement de la pensée critique, de l’imagination et de la réflexion. L’exposition aux écrans joue un rôle certain dans les troubles de l’attention, l’hyperactivité, les symptômes anxieux. L’usage des écrans n’a pas forcément un effet direct sur la cognition, mais comme l’outil numérique fait office de mémoire externe, il empêche de développer d’autres processus de mémorisation : on n’apprend plus par cœur, on ne retient plus un trajet …

Les enfants de la génération des écrans ne savent plus rester seuls, s’ennuyer, s’évader dans leur imaginaire, jouer à tous ces jeux qui participent à leur développement.

Sans diaboliser les écrans, il faudrait que, au sein de chaque famille, on sache en limiter raisonnablement l’usage, en quantité comme en qualité : une à deux heures (91,5% des jeunes Français sont au-dessus de ce seuil), ne pas mettre les tout petits devant des écrans (oui, cela existe !), les interdire dans les chambres d’enfants, discuter du contenu, éviter les jeux violents …

Steve Jobs limitait le temps passé devant les écrans pour ses propres enfants et d’autres dirigeants de la Silicon Valley font de même.

Pascale Santi – Le Monde – 29 octobre 2014

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