EDITORIAUX 2007
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Octobre 2007 « Nous savons ce que nous sommes, La cause paraît désormais entendue. Une multitude d’enjeux nouveaux s’impose à l’humanité. Des questions majeures telles que celles des climats, de l’eau, de la biodiversité, des pollutions, bien d’autres encore devront être traitées, vite, simultanément et de manière innovante pour éviter les catastrophes. Une fois de plus, l’humanité doit prendre en charge une métamorphose. Des chantiers considérables seront à engager, parmi lesquels, pour ne prendre qu’un seul exemple, la nécessité de protéger les zones habitées de la montée des mers. Bref, les problèmes ne sont plus exportables dans l’avenir lointain, ce sont les générations actuelles qui, nolens volens, devront s’en occuper. L’incantation, les bons sentiments, le catastrophisme s’affichent avec complaisance. Mais sont rarement évoquées les véritables questions : comment mobiliser les compétences, la capacité organisationnelle, le capital en l’absence desquels rien de bon ne peut se passer ? Comment faire accepter des transformations profondes par des populations qui préfèrent massivement ne pas les envisager ? Comment prémunir le monde contre le sectarisme et les projets politiques déviants qui fleurissent dans les temps difficiles ? Comment apporter du sens là où les événements pourraient justifier le désarroi ? C’est en envisageant tout cela que nous avons pris connaissance de l’ouvrage de Ray Kurzweil, The Singularity is near, dont la traduction française vient de paraître sous le titre Humanité 2.0, La bible du changement (M21 Editions). Célèbre aux Etats-Unis, inconnu en France, l’auteur explique que la convergence et le développement exponentiel des nouvelles technologies vont induire l’émergence de situations où l’homme et les réseaux technologiques s’interpénétreront et se renforceront réciproquement, où reculeront sans limites prévisibles les frontières de la vie intelligente. Une forme de prise en masse de l’intelligence humaine se produira à l’intersection de l’information, de la biologie, de la robotique… Kurzweil dénomme ce bouleversement la Singularité, parce que l’impossible, l’inconcevable, deviendront réalisables, pour surmonter les défis et inventer une nouvelle croissance. Et, compte tenu de sa familiarité avec l’avancement des grands projets, il va jusqu’à dater ce changement : autour de 2045. Le livre de Kurzweil est loin de représenter l’alpha et l’oméga de la prospective. Le principal reproche que nous lui adressons, c’est son ignorance des travaux de tous ceux qui, sur le mode philosophique, ont abordé avant lui, et avec quelle profondeur, le thème de l’avenir. Citons seulement, parmi d’autres, Gaston Berger et Pierre Teilhard de Chardin. Il est vrai que l’un et l’autre sont morts et que, de surcroît, ce n’étaient que des Européens ! Et pourtant, nous aimons son livre et nous pensons que Berger et Teilhard, chacun en relation avec sa propre réflexion, l’auraient aimé, parce qu’il propose des éclairages, des moyens d’écarter la crainte, des chemins pour l’action. Mais nous restons inquiets. Nous n’avons pas oublié les sourires condescendants qui ont accueilli, par exemple, il y a si peu, l’apparition des moteurs de recherche, si essentiels, si élémentaires par rapport à ce qui est en train de se préparer. Ceux qui s’en moquaient sont les mêmes qui surfent tous les jours et utilisent Google ou l’un ou l’autre de ses concurrents. Cessons d’asservir le mouvement du monde à nos croyances, tirons-en parti pour résoudre les problèmes et renouveler les perspectives. Lisez Kurzweil ! N’en déplaise à Rabelais, « conscience sans science n’est que ruine de l’âme ». Armand Braun |
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Citation
« Si le monde d’hier n’avait pas existé, celui d’aujourd’hui ne pourrait pas envisager celui de demain. »
Pierre Dac
Clin d’oeil
Les requins ont existé bien avant les arbres sur Terre et les anneaux autour de Saturne.
@quikipedia – 8 juin 2023 – cité par Prospect magazine – août-septembre 2023
À lire
Dans « L’homme, l’animal et l’éthique », Georges Chapouthier, neurobiologiste et philosophe, présente à propos de cette problématique les réponses de grands philosophes et les analyses de la biologie moderne concernant la douleur et la conscience. Il démontre comment l’apport des droits de l’animal a modifié la morale et donne des conseils pratiques sur ce qui pourrait être amélioré dans nos relations avec les animaux.
Il propose par ailleurs, aux associations et aux écoles, un jeu pédagogique : « La fresque des animaux »
https://www.jne-asso.org/2023/04/23/lhomme-lanimal-et-lethique-quelques-reflexions-essentielles/
Lire à ce sujet la « rencontre avec Georges Chapouthier »
À voir
Le « Festival Photo La Gacilly » propose une expérience photographique immersive et déambulatoire au cœur d’une trentaine de galeries à ciel ouvert, présentant le meilleur de la création photo contemporaine qui interroge notre relation au monde et à la nature.
Les photographies habillent les rues, les jardins et les venelles de La Gacilly, dont le magnifique patrimoine bâti et naturel offre un écrin parfait aux plus de 800 images exposées. L’espace public devient un espace scénique, partagé et accessible à tous, gratuitement.
Le thème de cette vingtième édition : « la nature en héritage ».
À La Gacilly en Bretagne, jusqu’au 1er octobre
https://www.festivalphoto-lagacilly.com/festivalphoto-lagacilly.com
Courrier des lecteurs
Après avoir lu votre édito de septembre 2022 sur le droit à l’image des léopards, ma compagne et moi nous nous sommes rendus compte qu’il y en avait partout. Nous avons donc inventé un jeu : chaque fois que nous voyions un vêtement ou un accessoire portant ces motifs (sur une personne, pas en photo ou dans une vitrine) nous avons mis I€ dans une tirelire (représentant un léopard, évidemment). Au bout de trois mois, nous avions économisé de quoi nous offrir dans un restaurant étoilé un délicieux repas … végétarien. Mieux que la Caisse d’Épargne !
SLG, Paris