EDITORIAUX 2008
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Avril 2008 Si vous êtes las de voir aujourd’hui se produire après hier et annoncer immanquablement demain, je vous invite à m’accompagner à travers la quatrième dimension. Pour voyager vers le futur, le plus simple, comme pour les expéditions intergalactiques, c’est l’hibernation : vous dormez et vous vous faites réveiller dans l’avenir. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle est sans retour. Avant de partir vers le passé, il vous faudra élire domicile dans un cadre adéquat : forêt vierge, montagne inexplorée, tipi dans une prairie, immeuble du XIXe siècle avec vue imprenable… et vous vêtir à l’ancienne mode. Le résultat : une excursion dans la vie quotidienne de nos ancêtres, un véritable reportage, voire l’élucidation d’un ancien mystère, une aventure amoureuse et plus si affinités. Vous pourrez ensuite revenir à votre époque. Sauf si le charme du passé ne vous retienne… à jamais. Quelle que soit la direction, je vous conseille la bonne vieille machine à explorer le temps. Elle vous dirigera, à la vitesse que vous choisirez, indifféremment vers le passé ou l’avenir. Quelques manettes, un tableau de bord élémentaire et le tour est joué. Derrière le pare-brise, vous verrez les jours et les nuits se succéder dans un clignotement, la végétation éclore, se faner et repousser, les monuments grandir comme des champignons puis disparaître pour être remplacés par d’autres, les étoiles tournoyer. Plus impatient, vous choisirez le saute-temps. Aussi maniable qu’une trottinette, aussi léger qu’un ULM, il se pose sans encombre sur la canopée de la forêt équatoriale, se métamorphose en moto-neige pour des sport d’hiver dans les Pyrénées du paléolithique ou en hydro speed sur l’océan qui recouvrira l’Europe après le réchauffement climatique. Attention, choisissez bien l’endroit où vous garez vous engin. Combien d’imprudents se sont retrouvés coincés à une autre époque pour une simple erreur de parking ! Les uns ont joué malgré eux un rôle dans l’Histoire, les autres ont dû affronter les épreuves d’un avenir des moins utopiques. Et surtout, pas d’interférences ! Qu’on vous prenne pour un demi-dieu et que vous vous retrouviez au panthéon de la mythologie, passe encore. Mais imaginez que vous empêchiez bêtement vos parents de se rencontrer… Pire, si, lors d’une excursion chez les dinosaures, vous écrasez par inadvertance un minuscule papillon, vous risquez de bouleverser de proche en proche la chaîne des générations de prédateurs et de revenir dans un monde bien différent de celui que vous aurez quitté. Finalement, plutôt que de surgir bêtement dans l’avenir, le moins risqué, le plus efficace, le plus utile c’est encore de le construire dès aujourd’hui. Avec pour outils l’information, l’imagination et une certaine éthique… autrement dit : la prospective « Demain, disait Gaston Berger, est moins à découvrir qu’à inventer ». 1er avril 2008 |
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Citation
« Au début des années 2000, la vulgarisation, c’était la cerise sur le gâteau. Maintenant, la cerise est devenue le gâteau. »
Jean-Michel Courty, physicien – Le Monde – 28 février 2024
Clin d’oeil
« Les réseaux sociaux utilisent les mêmes artifices pour garder les gens le plus longtemps possible devant leur écran, que la fameuse boîte de Skinner, où des rats appuient frénétiquement sur un levier qui leur apporte aléatoirement une friandise. »
Augustin Lignier, International New York Times, 27 janvier 2024
Rencontre
Le coin du poète
PRINTEMPS
Une tendre buée verte
Mousse sur les rameaux dans les hautes futaies
Le hêtre et le tilleul y respirent en paix
La tiédeur du soleil
Poussés par le vent d’ouest
Les nuages déposent leur précieuse pluie
Sur les bourgeons qui s’ouvrent
Et les troncs reverdis
Tout brille
La canopée se meut en ondulations lentes
La jonquille couvre d’or les feuilles du passé
Jean Recoing