EDITORIAUX 2009

Mars 2009
Prospective de la mobilité et de l’emploi en Ile-de-France

Des sommes considérables sont actuellement investies dans le transport public, des sommes encore plus importantes lui sont promises, et pourtant sa part dans les déplacements n’augmente que faiblement. Les différents projets visant à son extension amélioreront peut-être les choses, mais avec une inévitable lenteur et en consommant des ressources publiques rares et coûteuses. C’est seulement dans un avenir lointain qu’on peut espérer une réelle amélioration de la qualité des services rendus aux voyageurs.

Le transport public n’est que l’une des réponses aux besoins de mobilité. Ces derniers changent avec les nouvelles formes de travail (temps partiel, télétravail…) et l’évolution de la localisation des entreprises. Des modes nouveaux de déplacement s’affirment (petites voitures, deux roues, covoiturage…), aussi performants, moins chers, mieux adaptés aux besoins individuels, aussi compatibles avec les préoccupations d’environnement que le transport public. Dans ces conditions, accorder l’essentiel des budgets au transport public, c’est affecter de ne pas voir que nous n’en sommes plus aux transports de masse du XXe siècle. Il est possible de faire autrement.

Les acteurs reconnus (SNCF et RATP notamment) sont saturés et éprouvent de plus en plus de mal à assumer leurs missions actuelles. Les nouveaux chantiers doivent être confiés à une nouvelle entreprise qui reste à créer ; l’Etat et les entreprises publiques concernées en seraient des actionnaires minoritaires ; elle trouverait une partie de son financement ailleurs que dans la poche trouée du contribuable ; et les délais de mise en œuvre actuels des nouveaux équipements – absurdes dans leur longueur – en seraient raccourcis. Il y a fort à parier que les acteurs oligopolistiques d’aujourd’hui, soutenus par de puissants alliés, engageraient un combat existentiel contre l’arrivée de nouveaux opérateurs. En symbiose avec leurs collègues du ministère des Transports, du STIF et de leurs mille structures corporatives, ils aspirent évidemment à rester entre eux.

La mobilité des personnes passe par une nuit du 4 août de la réglementation, alors que tout interdit le marché à de nouveaux entrants. Malheur au jeune chômeur qui s’aviserait d’acheter un minibus pour desservir un trajet dont beaucoup ont besoin et qui n’existe pas ! Il faut être spécialiste pour démêler l’écheveau paperassier protégeant le statu quo et échapper à ses pièges.

Combien de temps le transport public résistera-t-il au droit d’entreprendre et continuera-t-il à dire « pas touche » à ceux qui veulent travailler, même là où il n’est pas ?

Qu’il s’agisse de micromarchés locaux, de lignes non exploitées, de services aux entreprises et aux salariés, de transports routiers franciliens, innombrables sont les initiatives qu’il n’est plus acceptable d’interdire.

Armand Braun

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