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Près d’un million de réfugiés devraient rejoindre l’Allemagne cette année. Leur avenir dans le pays qu’ils ont apparemment choisi dépendra de leur capacité à parler la langue et à accéder au marché du travail. Or, quelle que soit leur volonté de s’intégrer et de reconstruire leur vie, quelles que soient leurs compétences, les demandeurs d’asile doivent attendre des années avant d’être autorisés à étudier : souvent ils ne parlent pas assez bien l’allemand, ne serait-ce que pour remplir des formulaires d’inscription et ils sont tenus de présenter des diplômes antérieurs, des documents souvent disparus dans le tumulte de leur traversée.

C’est pour remédier à ce problème que deux étudiants berlinois, Vincent Zimmer et Markus Kressler, conseillers psychologiques bénévoles auprès des réfugiés, ont fondé l’an dernier l’Université Kiron, du nom du centaure de la mythologie grecque réputé venir en aide à autrui.

Kiron a été mis au point par une équipe de plus de 150 bénévoles, aussi bien des étudiants que des entreprises comme Goldman Sachs et Lufthansa. Son programme se déroule en trois étapes. La première année, on propose aux étudiants de faire un bilan de compétences et d’apprendre l’allemand et l’anglais. Ils devront aussi suivre des cours préparatoires ou commencer des études universitaires. La deuxième année, ils seront invités à choisir l’un des cinq programmes d’études disponibles : commerce, ingénierie, architecture, informatique et culture générale. Les cours en ligne sont conçus par les meilleures universités, comme Harvard, Stanford et Yale. Ils sont actuellement disponibles en anglais, mais des programmes en arabe et en français devraient également être bientôt accessibles.

Enfin, en troisième année, les étudiants seront autorisés à étudier dans l’une des universités partenaires de Kiron, qui leur donnera la chance de terminer leurs études en tant qu’étudiants comme les autres.

Jusqu’à présent, plus de vingt universités, dont certaines en dehors de l’Allemagne, se sont engagées à accepter les étudiants de Kiron, le moment venu. Ce soutien n’est pas surprenant : les universités allemandes sont financées par le gouvernement local sur la base de leur nombre d’étudiants. Des régions entières en Allemagne sont de moins en moins peuplées et affichent un taux d’abandon élevé au cours de la troisième année d’études. Accepter des étudiants réfugiés est une situation gagnante pour tous.

« Notre atout est notre bon réseau dans l’économie allemande », explique Younes Ouaqasse, 26 ans, directeur des opérations de Kiron. « Nous savons quelles compétences attendent nos entreprises et nos programmes d’études sont adaptés en conséquence. Nous voulons que les gens soient en mesure de trouver un emploi une fois leurs études terminées ».

Les fondateurs prévoyaient de commencer les cours en octobre avec un petit projet pilote, mais ils ont reçu plus de 15 000 candidatures ! Au lieu de demander un financement gouvernemental, les fondateurs se sont tournés vers Internet pour lever les 1,2 million d’euros qui couvriront les frais de scolarité de 100 000 étudiants. Ils ont à ce jour recueilli plus de 140 000 euros.

« Le gouvernement ne peut pas être responsable de tout, ni toujours faire les choses mieux que les citoyens ordinaires », insistent les fondateurs de Kiron. “ Et si vous avez une bonne idée, vous devez juste aller de l’avant et la mettre en œuvre ».

Polina Garaev – i24news – 29 septembre 2015

 

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