Quand le confinement a été mis en place, les étudiants furent parmi ceux qui l’ont ressenti le plus durement. Et plus particulièrement les étudiants étrangers. Du jour au lendemain, beaucoup d’étudiants se sont retrouvés seuls et démunis, sans perspectives d’aucune sorte.

Est alors intervenu à Strasbourg, une des villes atteintes avec toute l’Alsace par le coronavirus, un phénomène formidable :  les appels lancés à la population par la Fondation de l’Université de Strasbourg et des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (Fondation UNISTRA), par l’Association des étudiants de Strasbourg (AFGES), par la presse, ont été entendus. La société civile s’est mobilisée, au niveau des familles et au niveau des associations.

Chaque semaine, des bénévoles travaillent trois jours d’affilée à la Banque alimentaire de l’AFGES. Cinq cents étudiants en bénéficient. On porte aussi des paniers-repas (avec toujours un gâteau maison) aux soixante à quatre-vingts étudiants qui ne peuvent pas se rendre eux-mêmes à l’épicerie solidaire : jeunes handicapés, femmes enceintes, malades, immunodéficients, ainsi que les étudiants en médecine et pharmacie et les élèves infirmiers réquisitionnés aux Hôpitaux de Strasbourg. L’ampleur du défi peut être illustrée par un chiffre : la file d’attente à l’épicerie solidaire de l’AFGES, ouverte tous les mercredis de 10h à 18h, atteint parfois 500 m de long !

Les entreprises du secteur de l’alimentation livrent à la Banque alimentaire de la nourriture par camions entiers. Les boulangers, chocolatiers, fromagers… se sont mis de la partie. Toutes les entreprises de Strasbourg apportent leur contribution, les unes en fournissant des produits, les autres au moyen de dons. Au cours du seul premier mois, la Fondation de l’Université a, à elle seule, collecté 130 000 € de dons, avec lesquels elle a pu abonder la Banque alimentaire en contribuant à l’achat de 50 tonnes de denrées alimentaires, soit 11 semaines d’approvisionnement.

Comme le détaille Frédéric Lichtenberger, de la Fondation UNISTRA, « grâce aux dons collectés par la Fondation, plus de trois cents étudiants mal équipés en informatique et qui, de ce fait, ne pouvaient pas suivre les cours mis en ligne, se sont vus dotés d’un ordinateur et d’une carte d’accès Internet. Et les étudiants en situation de précarité ont pu bénéficier d’aides financières d’urgence (aide au loyer, soins médicaux, désendettement, etc.) grâce à un apport de 50 000 € de la Fondation au CROUS de Strasbourg. »

« Tous ensemble, ils nous ont sauvé la vie », résume Jean-Valentin Foury, le président de l’AFGES.

Le plus remarquable dans cette action, c’est sa continuité. Les Strasbourgeois ne se sentent pas quittes avec leur conscience parce qu’ils ont apporté leur aide une fois. Nous rendons ici compte de ce qui a eu lieu, de ce qui se passe en ce moment même et de ce qui continuera cet été et à la rentrée.

En effet, les étudiants redoutent le vide de l’été. Beaucoup ne pourront pas voyager pour rentrer chez eux (il y a à l’Université de Strasbourg des milliers d’étudiants étrangers). La réapparition des jobs grâce auxquels ils gagnaient leur vie reste aléatoire, a fortiori dans le contexte économique et social qui se profile pour les mois qui viennent. Ils craignent donc encore plus les circonstances de la rentrée : de grandes incertitudes demeurent en ce qui concerne la réouverture des Facultés ; beaucoup resteront sans ressources et auront des difficultés pour se loger, car le parc de logements du CROUS est insuffisant.

Mais il y a tout lieu de penser que la solidarité et la fraternité dont les Strasbourgeois ont fait preuve vis-à-vis des étudiants dans l’épreuve seront elles aussi durables ! Et, heureusement, des initiatives comparables existent dans les autres villes universitaires de France.

Prospective.fr

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