Nous vivons un âge d’or de l’information... Nous nous déplaçons tous (ou presque tous) avec un smartphone ou une tablette qui nous donne accès aux journaux du monde entier sans cesse actualisés et à des bibliothèques sans nombre, toujours disponibles, dont les lourds fichiers cartonnés d’autrefois sont remplacés par quelques clics. C’est apparemment le miracle de l’information universelle et instantanée. Il arrive qu’on y trouve des pépites.
Aux sources de ces données, des acteurs puissants et omniprésents qui investissent beaucoup pour mieux identifier et comprendre leurs utilisateurs. En attirer sans cesse davantage, c’est s’assurer une présence de plus en plus hégémonique et gagner beaucoup d’argent. Leur communication devenant ainsi une sorte de sur-mesure, les utilisateurs tournent en rond à l’intérieur de leurs propres goûts et convictions.
Par ailleurs, elle est nombreuse la cohorte de ceux qui cherchent à instrumentaliser les réseaux sociaux afin de promouvoir leurs sectarismes. De là proviennent tant de violences verbales, tant de fake-news qui engendrent parfois la violence physique, voire des psychoses collectives. Les auditeurs, téléspectateurs, lecteurs, internautes reçoivent ces flots chaotiques avec une gamme de réactions allant de l’indifférence à la passion. Ce n’est pas par hasard qu’un livre récent alerte sur le risque de décérébration à grande échelle.
Face à cette profusion le besoin d’information, expression de la personnalité originale de chaque personne, demeure paradoxalement inassouvi. L’information pertinente a un sens différent pour chacun. Elle nous permet de devenir autonomes et responsables par la connaissance et l’action, de comprendre notre environnement pour pouvoir y naviguer, de dépasser notre propre domaine d’expertise, de nous ouvrir au monde. Nous devons chercher et nous entraîner sans trêve : faire preuve de constance et de patience, être à l’affût, percevoir ce que les autres ne voient pas, discerner, dans le chaos des données, ce qui importe et ce qui est possible.
Autrefois, des explorateurs, s’exposant à tous les périls, ont ouvert la voie vers des régions inconnues d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie. Ce qui les motivait, c’était le besoin d’y aller voir, de comprendre, de faire connaître. Nous appelons de nos vœux l’avènement d’explorateurs d’un nouveau type : les explorateurs de l’information.
Armand Braun
Les tribunaux pour enfants sont une spécificité française. Dans les autres pays, la protection de l’enfance dépend de diverses administrations et le juge n’intervient qu’en cas de litige.
Créteil est, après Paris et Bobigny, la troisième juridiction d’Île-de-France pour les mineurs. Elle compte huit juges qui gèrent d’une part entre 370 et 450 dossiers de protection de l’enfance chacun, d’autre part à eux tous 1 208 dossiers au pénal dont 400 sont en attente de mise en examen et 480 font déjà l’objet d’un suivi.
À Créteil, la logique de la continuité entre protection de l’enfance et affaires pénales a été poussée jusqu’au bout pour accélérer le sauvetage de mineurs jetés dans la violence et la précarité : le parquet gère, dans une même direction, les affaires familiales et celles des mineurs. À la permanence, les six parquetières gèrent 70 appels par jour, soit quatre à cinq minutes par affaire. Souvent, les délits sont commis par des mineurs isolés aux identité multiples que le juge perd de vue dès la sortie de l’audience.
Le juge de permanence ne connaît pas les mineurs qu’il met en examen au terme de leur garde à vue. Tout repose sur le rapport de personnalité des éducateurs de permanence qui n’ont eu eux-mêmes que quelques heures pour l’établir et proposer des options, y compris des placements d’urgence. En 2018, l’unité éducative auprès du tribunal a rédigé 1 725 recueils de renseignements, pour 1 163 jeunes (car certains peuvent être vus dans l’année dans plusieurs procédures).
La réforme du volet pénal de l’ordonnance des mineurs de 1945, attendue pour le premier semestre 2020, prévoit une réduction des délais de jugement à neuf mois, avec, dans les trois mois suivant la commission des faits, une reconnaissance de culpabilité pour assurer notamment des dommages et intérêts aux victimes, avant la sanction définitive. Un vertige pour les magistrats : « Que va devenir mon stock en cours ? Faudra-t-il abandonner des centaines d’affaires par manque de temps ? ». Une angoisse pour les éducateurs : « Il arrive souvent que le juge mette le dossier sous le coude, le temps que le mineur ait mûri. Or, si dans le temps imparti, le jeune n’a pas redressé la barre, la sanction sera plus sévère car il sera devenu majeur. »
Le temps des tribunaux pour enfants ressemble à celui du roman de Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir : une divinité monstrueuse qui oblige Alice à courir très vite pour ne pas perdre du terrain.
Paule Gonzales – Le Figaro – 24 octobre 2019
« Le temps d’écran auquel nous exposons nos enfants est extravagant : de 3 à 6 heures par jour ! Seulement 6 à 10% des enfants ne sont pas touchés. Avant 6 ans, les écrans ont un effet dès 15 minutes par jour. C’est un âge unique d’apprentissage, de plasticité cérébrale qui ne se reproduira plus et où chaque minute compte. Au-delà de 6 ans, jusqu’à une demi-heure ou une heure de consommation sont sans effet, pourvu que les contenus consultés soient adaptés et que cette activité ne touche pas le sommeil. Mais on est très au-delà.
Ce qui se produit en ce moment est un problème majeur de santé publique : une expérience inédite de décérébration à grande échelle ! De nombreuses études mettent en évidence l’impact des écrans, quels qu’ils soient et quels que soient les contenus, sur des retards dans le développement du langage, sur le sommeil et l’attention. Le cerveau – surtout quand il est en construction – n’est pas fait pour subir ce bombardement sensoriel.
Chez un enfant de 18 mois, chaque demi-heure supplémentaire passée avec un appareil mobile multiplie par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. Il existe un lien fort entre la richesse du langage et la performance intellectuelle. Et plus le temps d’écran est important, moins les enfants sont exposés aux bienfaits de l’écrit, de la lecture. Or rien ne remplace le livre papier pour favoriser la compréhension.
À Taïwan, exposer son enfant à l’écran est considéré comme de la maltraitance et passible d’une forte amende !
Tant que la tablette sert à consulter les notes, les devoirs, le contenu des manuels, pas de problème et il est bon que les enfants apprennent à utiliser certains outils numériques comme écrire du code, utiliser un traitement de texte. Mais on est en train de transférer au numérique une partie de la charge d’enseignement.
Un enseignant qualifié, c’est toujours mieux qu’un écran. Les études PISA montrent même que plus les élèves utilisent les logiciels d’apprentissage, plus leurs notes baissent. Loin de réduire les inégalités, le numérique à l’école les fait exploser : les enfants les plus aptes à profiter de ces outils sont ceux qui ont un support humain à la maison. »
Michel Desmurget neuroscientifique, auteur de « La Fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants » (2019) et « TV Lobotomie » (2011)
Propos recueillis par Stéphane Foucart et Pascale Nanti – Le Monde 23 octobre 2019
Voici un petit reportage qui semble nuancer l’article précédent. Il est vrai que l’expérience positive qui va être décrite ne date que de trois ans ; on manque du recul nécessaire pour juger des conséquences.
Un matin en classe de CM1 au lycée français de Zurich. On dirait une séance jeux vidéo entre copain. En fait, c’est un exercice de calcul mental conçu comme un challenge et où les tablettes personnelles remplacent les ardoises. Chaque fois que la bonne réponse apparaît au tableau, elle est accueillie par un « yesss !!! » collectif. Ces tablettes sont plus que des ardoises : l’institutrice peut suivre sur sa propre tablette les performances de chaque élève et les aider ensuite à progresser.
Autre exercice : les élèves les plus avancés en calcul s’entraînent à réaliser des opérations complexes sur l’application Mathador ; les moins bons révisent avec Mathéros, où les points gagnés permettent d’équiper le super-héros de son choix.
Cela fait trois ans, que dans ce lycée, tous les élèves, du CP à la terminale, sont équipés d’une tablette. En cursus franco-allemand (l’école est bilingue, évidemment), les CE1 y créent un portrait chinois numérique. En histoire, les troisièmes y présentent un projet de recherche. En langue vivante, les cinquièmes écoutent des consignes et des mots de vocabulaire. En science économique et sociales, les secondes lisent le cours sur une tablette. Les élèves de maternelle n’ont pas encore leur propre tablette mais chaque classe est équipée de quelques tablettes pour un quart d’heure de correspondance entre et graphie et son.
Ce choix aide les élèves à maîtriser le plus tôt possible les compétences du XXIe siècle. Le numérique ne doit en aucun cas remplacer la pédagogie traditionnelle : il s’agit de trouver un équilibre entre les deux. Et pour éviter les effets néfastes des écrans sur le développement, des limites ont été établies : la tablette s’arrête automatiquement après une heure d’usage à la maison, juste le temps de faire les devoirs.
Violaine Morin – Le Monde – 15 octobre 2019
Le Rwanda n’est plus un pays du tiers-monde. Il a des leçons à donner aux pays dits développés.
Depuis une quinzaine d’années, la production, l’importation et l’utilisation de sacs en plastique y sont interdites, sous peine d’emprisonnement. Dans les écoles et les entreprises, de nombreuses campagnes sensibilisent la population à la protection de l’environnement. Une journée nationale de nettoyage a lieu le dernier samedi de chaque mois : tous les Rwandais âgés de 18 à 65 ans se rassemblent pour ramasser les déchets dans les rues, planter des arbres, construire des écoles…
Par ailleurs, une ville entièrement verte surgira en janvier 2020. Elle fonctionnera grâce aux technologies renouvelables : utilisation de l’énergie solaire, traitement durable des déchets, vélos électriques, récupération de l’eau pour réduire les captages pendant la saison sèche, construction de forêts urbaines, logements 100% écolo abordables pour les moins fortunés. Ce projet a été baptisé par la population Wakanda, comme ce pays africain, imaginé et dessiné par Stan Lee et Jack Kirby en 1966 dans les bandes dessinées Les Quatre Fantastiques, reprises au cinéma, notamment dans Black Panthers (2018). Dans cette fiction, technologie et respect de la nature ne font qu’un : une utopie qui devrait devenir réalité !
Fanny Agostini – Europe 1 – 22 octobre 2019
Il y a dix ans, le sort des livres et des librairies paraissait tout à fait compromis. Accessible grâce aux liseuses de plus en plus perfectionnées et à la multiplication des écrans, le livre électronique allait déferler sur le marché. Dès leur sortie, les livres seraient numérisés et commercialisés à des prix imbattables, et les librairies n’existeraient bientôt plus.
Sauf que l’histoire ne s’est pas déroulée comme escompté.
L’e-book n’a pas vraiment tenu ses promesses. En France, sa part de marché ne dépasse pas 5%. Ce sont les livres à écouter qui décollent : + 20% de ventes en 2018, rien que pour les livres audio en français.
Quant aux librairies, elles tiennent bien le coup : d’après le Syndicat national de l’édition, leur chiffre d’affaire a progressé de +15% en août 2019. Véritables commerces de proximité, elles se réinventent en espaces de vie : on vient y prendre un café, faire du yoga, se faire aider pour remplir sa déclaration d’impôt ou préparer un entretien d’embauche… et acheter finalement un livre.
Pourtant le chiffre d’affaires global de l’édition a baissé de 4,4% en 2018. Et ce secteur dépend désormais d’acteurs issus d’univers très divers : téléphonie, chaînes payantes, vidéo à la demande… Un titre qui aurait autrefois inspiré un film ne marche pas forcément. En revanche c’est le succès pour une histoire qui pourra inspirer une série télévisée. Éditeurs, auteurs, distributeurs continuent d’exister au prix d’une hybridation de leurs business model.
Véronique Richebois – Les Échos – 16 et 21 octobre 2019
Où trouver les 2 300 m3 quotidiens nécessaires pour alimenter la ville de Guéret, chef-lieu de la Creuse ? Le camion-citerne du service des eaux est réquisitionné en permanence. La municipalité stocke 16 000 bouteilles d’eau minérale, de quoi répondre à deux jours de consommation des Guérétois. Ces dix dernières années, des recherches ont été menées pour détecter toutes les sources qui sourdent du sol granitique car la région n’abrite pas de nappe phréatique. Soixante sont désormais reliées à une unité de production d’eau potable qui livrait jusqu’à cet été 1 300 m3 par jour. Mais le rendement baisse : 1 278 m3 aujourd'hui et 900 m3 dans un mois. Les précipitations de l’automne ne vont pas redresser la situation car elles n’auront pas d’effet sur les sources avant le printemps ou l’été. Il y a une réserve naturelle de 25 000 m3 dans des carrière à quelques kms, mais seulement de quoi tenir dix jours.
Depuis plusieurs années, les services municipaux s’adaptent au changement climatique : fin des ronds-points fleuris, vive les cactus dans les cimetières. Les efforts de la ville ont compté pour 70% dans la baisse de la consommation d’eau mais cela ne suffira pas.
Ce casse-tête est celui de tout le Limousin. Cet été, en Corrèze plusieurs petites communes ont été approvisionnées par camion-citerne pour cause de rivière à sec. Elles se trouvent pourtant au pied du plateau de Millevaches, plateau des mille sources selon l’étymologie ! Une vache et son veau boivent une centaine de litres d’eau par jour, mais comment va-t-on trouver le fourrage si l’herbe ne pousse pas ? La réserve naturelle des Landes offre un spectacle pathétique. Il ne reste plus qu’une maigre mare recroquevillée au centre d’un étang vide qui n’est plus qu’une étendue de terre craquelée. Une partie de la flore a disparu, les oiseaux aquatiques n’ont pas pondu. Dans les rivières trop chaudes, la truite faro ne s’est pas reproduite depuis trois ans. À Évaux-les-Bains, zone Natura 2000, sur le chemin de la rivière Tarde, une pancarte vante les carpes, brochets, loutres et hérons cendrés qui y vivent et réglemente la navigation en barque et le ski nautique. Vu de près, le lit de la rivière est gagné par la végétation, il n’y plus une goutte et les arbres souffrent.
Martine Valot – Le Monde – 11 octobre 2019
Voyant tant de gens courbés sur leur écran, assis, debout, marchant, seuls ou en compagnie (mais sans communiquer), je me suis dit : « voici une nouvelle maladie : la cyphose de l’écran ». J’allais le mentionner dans la mini-rubrique « vu » ou « clin d’œil », quand le hasard de mes lectures a apporté de quoi en parler plus longuement.
Après s’être progressivement redressé, Homo sapiens retrouve aujourd'hui la posture des anciens humanoïdes, en calant ses fesses dans un fauteuil et en plongeant son nez vers les écrans. Enlevez le mobilier, vous apercevrez un homme quasiment à quatre pattes. David Le Breton, sociologue à l’université de Strasbourg, auteur notamment d’un Éloge de la marche, observe « une régression anthropologique mais aussi ontologique de la condition humaine ».
Les jeunes générations ont beau grandir de plus en plus (en un siècle, + 8 cm pour les femmes et + 11 cm pour les hommes) on les installe toujours aux tables de leurs aînés dans les écoles et les amphithéâtres. Et les voilà qui se recroquevillent.
La posture guimauve sur des fauteuils à roulettes, des canapés et des sièges de voiture, semble devenue le symptôme d’un malaise collectif. La nouvelle mode consiste à asseoir les enfants dans les transports en commun et on ne leur enseigne plus à céder leur place aux vieux.
De nombreuses études ont montré que la station assise prolongée (près de 8 h par jour) provoquait non seulement des troubles musculosquelettiques mais aussi des atteintes à la santé mentale, le diabète de type 2, l’obésité et des pathologies cardio-vasculaires. D’où la campagne de l’Assurance-maladie : « Mal de dos : le bon traitement, c’est le mouvement ! »
On peut écrire debout comme Victor Hugo et Jean-Jacques Rousseau, adopter un bureau à hauteur variable pour alterner les positions assises et debout ou mieux, bouger !
Et remplacer, chaque fois que cela est possible, la fatigue nerveuse ressentie quand on a passé toute une journée assis à son bureau par la fatigue physique bienfaisante de la marche, de la course, du jardinage…
Maroussia Dubreuil – Le Monde – 6 octobre 2019
Il y a plusieurs dizaines d’années, Paolo Fanciulli, un pêcheur de Talamone sur la côte toscane en Italie, se désespérait : ses prises étaient de plus en plus mauvaises et sa petite poissonnerie avait fini par faire faillite.
Accusant les pratiques illégales de pêche de cette raréfaction des poissons, il mena un blocus du port commercial voisin. La nuit, déguisé en garde-côte, il poursuivait les braconniers sur son bateau, toutes sirènes hurlantes.
En 2006, il lui vint une meilleure idée : couler des blocs de ciment sur le fond de l’océan pour empêcher les filets traînants. Le gouvernement et des clients qui adoraient faire avec lui des excursions en mer l’aidèrent à financer ce projet. Et puis, une meilleure idée encore : immerger des œuvres d’art ! En 2015, son rêve devint réalité quand le propriétaire d’une carrière de marbre de Carrare lui offrit 100 blocs de marbre blanc. Il invita des sculpteurs à les travailler. Les blocs ainsi embellis furent immergés dans les fonds marins. Coraux et plantes les recouvrirent bientôt. Et les poissons revinrent.
À présent Paolo le pêcheur a la joie de remonter toutes sortes de fruits de mer et de poissons qu’il donne à déguster dans son restaurant.
Et il continue de rêver : « Vous vous rendez compte, si des plongeurs retrouvent ces œuvres dans un siècle ou deux !... »
Jason Horowitz – International New York Times – 30 septembre 2019
https://www.euronews.com/2019/06/27/watch-british-sculptor-creates-a-marine-exhibition-in-tuscany
https://www.nytimes.com/2019/09/24/world/europe/italy-tuscany-fishing-art.html
En Thaïlande, il y trois ans, des rangers ont fait une descente dans un zoo illégal attenant au Temple du Tigre. Ils y ont saisi 1 600 objets divers, porte-bonheur et autres gadgets, faits de fourrure ou de dents de tigre, et 60 cadavres de bébé tigres congelés ou enfermés dans des jarres. 147 tigres vivants furent emmenés, dont 86, déjà malades, consanguins, stressés, sont morts après leur « sauvetage »
Malgré le scandale, personne ne fut inquiété.
Depuis, la situation des tigres en captivité partout ailleurs dans le pays continue de se dégrader. Ces zoos ne sont en fait que des foires avec des attractions douteuses pour les visiteurs qui peuvent regarder un tigre bondir dans un cercle de feu, poser aux côtés d’un grand tigre enchaîné, ou bien donner le biberon à un bébé tigre, ou encore tirer sur de la nourriture suspendue qui tombe devant les animaux qui se disputent pour la dévorer.
Les tigres se reproduisent facilement en captivité. Et donc, il y en a beaucoup trop - l’un des plus anciens et plus grands zoos du pays en compte plus de 300 - détenus dans des conditions ignominieuses : pas d’eau fraîche, pas d’espace, les griffes arrachées pour que les gens puissent les câliner sans risque, pas de quarantaine pour les nouveaux arrivants d’où des épidémies...
Ces zoos sont surtout des fermes d’élevage pour un marché noir de pièces détachées (on ne peut même pas dire trophées puisqu’il ne s’agit pas de chasse) notamment pour la médecine traditionnelle chinoise qui utilise la peau, les os, les pénis, etc. des tigres. On trouve même de la poudre d’os de tigres proposée aux touristes comme complément de santé. Et comme les mêmes produits issus d’animaux sauvages sont encore plus prisés, l’élevage des tigres a paradoxalement un effet direct et délétère sur la population sauvage.
Le WWF estime qu’il y a dans le monde encore 3 900 tigres en liberté, dont 3 000 en Inde où un effort a été fait pour protéger leur habitat. En Thaïlande il y en aurait 250. Tout espoir n’est pas perdu.
Richard C. Paddock – International New York Times – 25 septembre 2019
Les déserts couvrent 5 000 millions d’hectares sur la planète. Changement climatique et mauvaises pratiques, chaque année, 6 millions d’hectares de terres fertiles font place à des déserts. L’eau, « l’or bleu », devient une ressource naturelle de plus en plus rare.
Après les filets de brouillard et les pièges à rosée, voici une nouvelle technologie destinée à récupérer l’humidité de l’air dans les régions arides. Elle a été mise au point par le laboratoire de chimie de Omar Yaghi de l’université de Berkeley, qui s’intéresse de près aux réseaux métallo-organiques poreux (MOF), une nouvelle classe de matériaux à la porosité exceptionnelle étudiée jusqu’à présent pour ses perspectives dans le stockage de gaz. En en modifiant les propriétés, le chercheur est parvenu à en faire une véritable éponge capable de capter dans l’air trois fois son poids d’eau. Le piège est un simple réceptacle dans lequel les MOF utilisent les variations de condition météo dans les déserts pour capter l’humidité ambiante la nuit et la recracher le jour, quand la température en plein soleil atteint dans la boîte les 65° nécessaires. Les premiers essais montrent que ce filet cristallin fonctionne même dans les déserts les plus secs où le taux d’humidité ne dépasse pas 5%. La société Water Harvesting, créée par le Pr. Yaghi compte commercialiser de grosses unités capables de produire chacune les 22 000 litres d’eau par jour, soit les besoins d’un village.
Paul Molga – Les Echos – 17 septembre 2019
Caminteresse.fr – 10 août 2019
Omar Yaghi: https://www.youtube.com/watch?v=KOOVBKWRLxk