Simplement agaçants et fatigants pour beaucoup, le brouhaha et les lumières agressives de la grande distribution sont générateurs de stress et d’anxiété pour les autistes, enfants et adultes, particulièrement sensibles à la lumière et au bruit. L’idée des « heures calmes », suggérée par des parents d’enfants autistes dans quelques magasins U, a été un tel succès que l’enseigne est en train de mettre en place, dans tous ses magasins, deux heures hebdomadaires de silence et de lumière tamisée. La clientèle habituelle, notamment les personnes âgées, apprécie, ainsi que les employés que l’agitation ne stresse pas moins. Et cette innovation n’entraîne aucun équipement, aucun frais (sans doute même une légère baisse de la facture d’électricité).

L’aire de jeux accessible à tous les enfants représente, elle, un investissement, mais quelle idée géniale ! En France, on en trouve à Arras, Bourges, Colomiers, Nancy, Grande-Synthe, Rodez…

Et voici celle qui a été inaugurée fin décembre 2019 dans le parc de Tohannic, à Vannes. Cette ville compte déjà une classe d’enfants autistes au sein d’une école élémentaire, une crèche et des centres de loisir pour les petits en situation de handicap. L’aménagement du square a coûté 500 000 €, soit cinq fois plus qu’habituellement, mais il les vaut bien. Les panneaux sont traduits en braille et en langue des signes. Un fauteuil roulant peut se glisser sur le plateau de la très grosse balançoire, comme sur le tape-cul géant, sur le trampoline au ras du sol, et sous les jeux de manipulation. Le toboggan élargi incite à la descente accompagnée. Des tubes musicaux avec des manivelles permettent de monter le son. Un parcours sensoriel pour les pieds a été aménagé ainsi que des coins où se cacher. Les couleurs sont vives et contrastées. Et l’ensemble du parc a été conçu en fonction de cet accueil : vaste espace tranquille, parking, lignes de bus, tables de pique-nique adaptées aux fauteuils…

L’aire de jeux inclusive montre à l’enfant handicapé qu’il est avant tout un enfant. Un enfant qui, pour se développer, a, comme tous les autres, besoin de jouer. Et de jouer avec d’autres enfants. Les enfants valides retirent aussi quelque chose de cette expérience : ils apprennent la solidarité, la compréhension et l’entraide.

Isabelle Jégouzo – Ouest-France – 21 décembre 2020
Pascale Krémer et Catherine Rollot – Le Monde – 2 février 2020

Print Friendly, PDF & Email