En Angleterre, la dernière décennie a été marquée, en zone rurale, par l’affaiblissement des infrastructures sociales – commerces, transports, écoles, bibliothèques, services de santé … L’habitat est épouvantable. La généralisation des Communautés de communes, une si bonne intention, a accentué le phénomène en faisant disparaître une partie de l’enracinement local de ces services avec, à la place, des administrations dont les gens estiment qu’elles sont déconnectées d’eux.
La pandémie a encore aggravé la misère préexistante. Les jeunes, les retraités, les membres de certaines minorités ethniques vivent bien en dessous du seuil de pauvreté. Les gens souffrent d’un nouvel isolement.
Les plus durement frappés sont les agriculteurs, avec, entre autres, le remplacement des ouvriers agricoles par des machines et la négociation de leurs prix de vente sur Internet. En 2019-2020, 133 agriculteurs et ouvriers agricoles se sont suicidés.
Une phase nouvelle de l’histoire rurale britannique commence. Il y a eu traditionnellement la vie difficile des paysans, toujours à la merci d’une mauvaise récolte, d’une épidémie ou de la guerre. La Révolution industrielle a changé cette image, faisant du monde rural un territoire idyllique, un rêve pour la retraite.
La multiplication des résidences secondaires de citadins accentue encore l’amertume des ruraux, qui voient à leur porte vivre des familles possédant tout ce qui leur manque.
Le Brexit, rendu possible par l’approbation massive de ces populations, a encore aggravé leur situation.
Ce qui se passe dans certaines de nos campagnes n’est pas bien différent…
Hephzibah Anderson – Prospect (Londres) – Décembre 2021