C’est sans doute le plus important programme de sciences participatives à travers le monde. Chaque année, à la mi-janvier, plusieurs dizaines de milliers de bénévoles se postent avec longue-vue et carnet, tout le long de la route de migration des oiseaux d’eau, dans les zones humides où ils font halte pour se nourrir avant leur grand voyage vers le nord. Ils les comptent un à un en espérant qu’ils ne s’envoleront pas avant. 

L’opération peut durer deux jours ou plusieurs semaines, selon l’étendue du territoire à couvrir : une plage, un petit lac, un immense delta… L’important est que le comptage soit réalisé toujours au même endroit, dans les mêmes conditions, par le même observateur. Depuis la création en 1967 de ce programme Wetlands International – relayé en France par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui collationne les notes de 1 500 passionnés qui reviennent chaque année – quelque 50 000 zones humides ont été évaluées régulièrement dans près de 180 pays et plus d’un milliard d’oiseaux ont été recensés. 

L’objectif est de déterminer les effectifs et la répartition des populations d’oiseaux d’eau, d’inscrire éventuellement une espèce sur la liste rouge des espèces menacées et d’identifier les sites à protéger en priorité.  

En France métropolitaine les oiseaux d’eau se portent plutôt bien dans l’ensemble, puisque les effectifs (2,7 millions d’individus dénombrés sur 480 sites) sont stables depuis une vingtaine d’années. Le cygne tuberculé, le canard souchet, la sarcelle d’hiver ont même atteint des effectifs record. Le tournepierre à collier, le bécasseau maubèche, le flamant rose, la spatule blanche ont été vus en nombre. En revanche, les populations de grèbes et de certains canards déclinent.

D’abord réservées aux oiseaux, les sciences participatives se sont ouvertes à d’autres espèces. Petits et grand mammifères, insectes, papillons, chauve-souris, mollusques, reptiles, amphibiens, mille-pattes, mousses, algues, arbre, champignons… le portail des observatoires participatifs des espèces et de la nature (OPEN) recense 168 programmes.

Perrine Mouterde – Le Monde – 16 janvier 2022

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