Deux chercheurs en hydrologie de l’université de Californie ont collecté pendant cinq ans des données concernant 39 puits dans 40 pays du monde et leur verdict est alarmant : les eaux souterraines sont menacées de se tarir. Polluées par l’exploitation agricole intensive, vidées jusqu’à la dernière goutte ou privées d’alimentation à cause de l’artificialisation des sols, les réserves millénaires d’eau douce de la planète étaient déjà en péril avant que les effets dévastateurs du réchauffement climatique ne se fassent sentir. 

Aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, des municipalités ont dû, pendant les pics de sécheresse, prendre des mesures de rationnement car leurs systèmes de distribution de l’eau ont été conçus pour un climat plus stable. Pour chaque degré supplémentaire, environ 7% de la population mondiale pourraient perdre 20% de leurs ressources en eau. L’usage domestique de l’eau ne représente que 3% de la consommation. C’est l’agriculture qui en prélève le plus pour l’irrigation : 1.500 litres pour 1 kg de céréales, 15.000 pour 1 kg de bœuf, 600 pour une bouteille de vin… En tout 80% des ressources planétaires de l’eau.  

Les pays du Sud et les pays les plus pauvres ne sont pas les seuls concernés par la précarité hydrique : 5% des Européens n’ont pas accès à l’eau potable et 10% sont privés d’assainissement. 

Il se pourrait bien qu’en 2025 les 2/3 de la population mondiale soient frappés par la pénurie d’eau. 

Qui sait alors les conséquences ?

Paul Molga – Les Échos – 18 mai 2021

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