Écrire votre message sur une large feuille de papier, la plier plusieurs fois sur elle-même en laissant dépasser une bande qu’on rabat et coudre le tout ensemble. Jusqu’à l’invention de l’enveloppe dans les années 1830, c’est ainsi qu’on préservait le secret de la correspondance : en l’ouvrant, le destinataire détruisait la couture et était ainsi assuré que personne n’avait lu la lettre avant lui. 

En 2014, on trouva à La Haye, dans un coffre de bois, dans un ensemble de 3.148 objets connus sous le nom de « Collection Brienne », 577 lettres ainsi cousues, datant de 1680 à 1706 et qui n’avaient jamais été ouvertes. Comment faire pour les lire sans détruire les missives en les découpant ou en les déchirant ? Une équipe de chercheurs et étudiants du MIT (Massachussets Institute of Technology) a réussi à les ouvrir virtuellement. À partir d’une image en trois dimensions de la lettre fermée produite par un scanner puissant, l’ordinateur, comme par magie, la déplie numériquement et affiche le texte manuscrit entier sur l’écran.

L’équipe a de surcroît analysé la manière dont 250.000 lettres avaient été cousues. Ils en ont trouvé 12 formats différents, le plus complexe ayant 12 rebords, et 64 manières de les plier. Une façon de faire tellement personnelle qu’elle pouvait presque faire office de signature. 

La première lettre de la collection Brienne était datée de 1697. Elle avait été envoyée de Lille à un marchand français résidant à La Haye pour lui demander des nouvelles de sa santé et la copie certifiée d’un acte de décès d’une autre personne.

Grâce à cette technique non invasive, semblable à celles qu’utilisent les archéologues, les historiens vont pouvoir accéder à de précieuses archives. 

William J. Broad – International New York Times – 10 mars 2021

https://www.geo.fr/histoire/des-chercheurs-ont-trouve-le-moyen-de-lire-sans-les-ouvrir-des-lettres-cachetees-datant-de-la-renaissance-203939

   

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