En France, 2,5 millions d’individus sont sortis du système éducatif sans en maîtriser les bases. L’illettrisme est un fléau qui touche de nos jours 7% des actifs. Les personnes qui ne maîtrisent pas les fondamentaux de l’écriture et de la lecture sont vouées soit au chômage, soit aux métiers les plus modestes (le nettoyage, la surveillance…).
A ce problème s’ajoute celui de tous ceux, bien plus nombreux, qui subissent l’illettrisme numérique : 12 millions de personnes, un Français sur six, appartenant à tous les milieux sociaux et culturels. Dans le détail, une personne sur quatre ne sait pas s’informer, une sur cinq est incapable de communiquer via Internet. L’impossibilité de rechercher des informations administratives est particulièrement problématique. Par ailleurs, surfer sur Internet ne garantit pas la maîtrise des compétences numériques de base. L’utilisation des logiciels, type traitement de texte ou tableur, est souvent nécessaire pour rédiger des lettres de motivation et un curriculum vitae ou encore répondre à une offre d’emploi. Plus d’un Français sur deux se plaint de ne pouvoir effectuer des démarches en ligne.
Alors que le gouvernement finalise la digitalisation des 250 démarches les plus couramment effectuées par les Français, le risque de perdre une partie des usagers du service public semble avérée.
Cette question va plus loin. La compétence numérique crée des différences si profondes que l’on s’étonne d’en voir méconnaître la dimension politique. S’agissant des générations, le sujet n’est pas nouveau. S’agissant des qualifications, les besoins de compétences évoluent plus vite que le pouvoir d’assimilation de beaucoup. Alors que le thème de l’égalité est si sensible, les illettrismes n’en constituent-ils pas un déni ?
Corinne Caillaud – Le Figaro – 12 septembre 2022
Florian Dèbes – Les Echos – 31 janvier 2023