Depuis plusieurs années, les grands acteurs du numérique font le pari de faire de la voix la nouvelle forme d’interaction avec les machines. Quoi de plus naturel, en effet, que la voix pour s’exprimer ? Mais cette pratique n’est pas sans conséquences, ni sans risques. « La voix est très ancrée dans notre intimité. Elle permet de déduire des informations sur l’âge, le genre, les origines socio-culturelles ou encore l’état de santé », rappelle Marie-Laure Denis, présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), qui vient de publier un Livre Blanc sur les enjeux éthiques et juridiques de cette nouvelle interface homme/machine. Cette question est critique, encore plus si possible en raison de l’ultra-domination des assistants vocaux d’Apple, de Google et d’Amazon. Un gouffre existe désormais entre le discours public sur l’innovation et le rapport intime que les personnes entretiennent avec la haute technologie omniprésente, addictive et parfois aliénante.
Les utilisateurs doivent avoir conscience de l’éventail de données qu’ils rendent accessibles, au-delà de la question du profilage publicitaire. Installé dans un salon, l’assistant fournit à l’extérieur des informations sur l’ensemble du foyer. Installé dans un hôtel ou dans un cabinet médical pour faciliter la prise de rendez-vous, il remet en question la confidentialité des échanges, voire le secret professionnel. On ne peut pas anticiper le type de données qui vont être ainsi collectées. La CNIL a dégagé les principes qui doivent servir à encadrer l’usage des assistants vocaux : présenter la réalité des traitements, privilégier le traitement des données en local sur l’appareil, assurer à l’utilisateur des moyens de contrôle et recueillir son consentement.
Ingrid Vergara – Le Figaro – 9 septembre 2020
https://www.cnil.fr/fr/votre-ecoute-la-cnil-publie-son-livre-blanc-sur-les-assistants-vocaux