Corona virus

Silence

Le souffle des mots empoisonne

Visages masqués

Seuls y luisent les yeux

Immobiles oreilles

Où des cordons sont noués

Poumons rongés

Cœurs affolés

La peur au ventre

Tu fuis

Le prochain

L’ennemi

Ton épouse

Ta sœur

Dont le baiser mortel

Est la clé d’un enfer

Ou bien du paradis

Corona virus

L’avenue est déserte et déserte la rue

Dans la cour de l’école aucun enfant ne crie

Les serveurs désœuvrés

Errent entre les tables

Et pour les amateurs de croisières lointaines

Plus question de retour

Quarantaine

Corona virus

Réfugié à l’abri dérisoire

De frontières ressuscitées

Chaque peuple s’enferme

Routes coupées

Sous des trains alanguis rouillent les rails

Des avions

Beaux oiseaux argentés

Dorment sur les tarmacs

Nul n’en vient déranger

Le sommeil insolite

Leurs gaies traînées de givre

Ne rayent plus le bleu du ciel

Où de blancs nuages errent

En toute liberté

Corona virus

Jean Recoing

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