Depuis 2014, tous les petits Estoniens, de l’âge de 7 ans à la majorité, apprennent le codage informatique. Ils doivent devenir des « tigres de la programmation », selon le nom du programme développé par une entreprise finnoise qui forme aussi les enseignants. C’est indispensable dans ce pays ultranumérisé, où la carte d’identité électronique permet à chacun de prendre le bus, voter, payer ses impôts, récupérer ses médicaments…

En France, ce sont surtout des entreprises privées qui ouvrent des ateliers destinés aux enfants. On y programme des histoires et des images que l’on partage.

Le codage ne se substitue pas aux savoirs fondamentaux comme les maths et le français, d’ailleurs nécessaires pour savoir coder. Mais il permet de développer un certain sens de la logique. Comme se plaisait à dire Steve Jobs, « Tout le monde devrait apprendre à programmer un ordinateur parce que cela vous enseigne à penser ». Et, bien sûr, l’écran ne doit en aucun cas remplacer le sport et les autres activités et jeux. Son usage doit être adapté en fonction de l’âge de l’enfant.

Et à ceux qui regrettent, comme déjà Heidegger au milieu du siècle dernier, que la prégnance de plus en plus forte de la technologie conforte l’intelligence binaire, pratique et calculatrice au détriment des intelligences philosophiques et poétiques, les défenseurs de la programmation opposent que le code fait appel à la créativité.  Certains trouvent même que l’algorithme final ressemble à un sonnet ou un haiku, avec leurs règles de versification précises et leur forme achevée : un code doit être beau ! Le débat ne fait que commencer.

Fanny Guyomard – Les Echos – 13 décembre 2019

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