Les œuvres d’art majeures de l’Occident résultent souvent d’échanges entre les Européens. Le dire et le montrer, c’est contribuer à faire aimer l’Europe. Il devient vital qu’après une Europe de l’éducation (Erasmus), de la science et de la technologie (en matière spatiale surtout), soit lancée une Europe des musées.

La muséologie a pour objectif de conserver des œuvres dans les meilleures conditions, les étudier, les interpréter, les mettre en valeur, les exposer, communiquer à leur sujet. Deux bouleversements ont eu lieu depuis une cinquantaine d’années. Le premier est technique : les nouvelles technologies du virtuel et de l’informatique ont permis de diffuser des images et de l’information. Le second est dû à la démocratisation et à l’augmentation du temps libre : dans les pays européens, un tiers de la population fréquente régulièrement les musées. Le musée veut à la fois divertir et instruire. Il scénarise pour donner à voir le lien entre l’art et la vie. Dans les expositions, les conservateurs installent des vidéos montrant notamment l’artiste travailler et parler.

Une Europe des musées commencerait à l’échelle de l’Union européenne. Un musée imaginaire rassemblant les chefs d’œuvre de l’art européen, accessible sur Internet, compterait 1 000 œuvres qu’on rêverait d’avoir vues, avec image, notice très simplifiée, information sur les musées qui les exposent. Petit à petit, on évoluerait ainsi vers la notion de chef-d’œuvre européen comme label. Toutes les époques, toutes les catégories d’œuvres d’art ont vocation à trouver leur place dans le musée européen.

Avec l’aide de l’Union européenne et sans engager de budgets importants, quelques musées pourraient, à leur convenance, aller plus loin :  par exemple, le musée Unterlinden à Colmar donnerait un aperçu numérique de grandes tendances de l’art germanique ; dans le sud-est de la France, entre Léman et Nice, on développerait une initiative sur le baroque des églises et chapelles rurales, souvent dû à des artistes italiens, ou formés en Italie.

Il ne s’agit pas de quotas pour satisfaire des intérêts locaux ou des idéologues aigris, mais de l’exigence intellectuelle de rassembler les chefs-d’œuvre généralement reconnus. Les réseaux des savants constitués au gré des échanges académiques et des grandes expositions témoignent de l’existence et du dynamisme d’autorités qui pourraient guider les choix esthétiques.

Vitrine de l’Europe sur le monde et facteur d’égalité des chances pour les jeunes, le musée européen aiderait tout un chacun à mieux connaître et comprendre notre patrimoine culturel, source d’élévation de l’esprit, de réussite universitaire et de création du présent.

Pierre Grégory et Jean-Pierre Daviet – Commentaire – Printemps 2020


Visites virtuelles du musée de l’Hermitage à Moscou :
https://youtu.be/49YeFsx1rIw

du Rijkmuseum à Amsterdam : https://mail.google.com/mail/u/0/?pli=1#search/rijkmuse/FMfcgxwHMZJvDmBQzxCwRGDbRDbGplCR

et de toutes les galeries du monde, avec le blog de Judith Benhamou-Huet : https://judithbenhamouhuet.com/

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