Nous lisons sous la plume de Marie Frumholtz dans Les Echos du 17 janvier que des entreprises ouvrent leurs portes et impliquent leurs équipes pour faciliter l’accès au stage de Troisième aux collégiens dont les familles n’ont pas suffisamment de relations pour leur trouver ce stage. C’est une chance dans la vie que d’avoir autour de 15 ans. C’en est peut-être une autre, discutable mais réelle, d’être devenu vieux. C’est notre cas. Et parce que nous sommes toujours là, nous pouvons vous raconter l’histoire suivante. 

En 1987, nous avons lancé à Paris l’Aventure des métiers, un salon où les collégiens rencontraient des professionnels afin d’imaginer leur futur métier, dès la classe de Cinquième, avant l’orientation scolaire. La devise : « trouver son propre chemin ». 

Nous avons loué la Grande Halle, à la Villette, pour cinq jours. Nous ne manquions pas d’air : nous n’étions « personne », nous n’appartenions à aucun establishment. Nous avons invité l’ensemble des branches économiques à présenter leurs métiers. Nous leur avons fixé des conditions, qu’elles ont acceptées : sur les stands, des personnes en provenance directe de leur terrain professionnel expliquaient en quoi consistait leur métier et pourquoi elles l’aimaient. Des centaines de métiers, présentés par grands thèmes. Pas de com, pas d’inscriptions à des écoles, on ne vend rien. 

Nous avions à l’époque des réseaux amicaux ou professionnels dans beaucoup de milieux, qui nous ont fait confiance. Comme nous n’avions pas d’argent mais que nous ne voulions nous placer sous l’autorité de personne, les exposants ont rendu le projet viable en finançant leur stand. Nous avons, selon les années, accueilli entre 150 000 et 200 000 jeunes qui, encadrés par leurs professeurs, venaient de toute la France. 

Nous proposions aux visiteurs de prolonger leurs découvertes et leurs contacts grâce à l’opération « Un jeune, un jour, un métier » qui, comme son nom l’indiquait, ne durait qu’une seule journée ; mais celle-ci pouvait, dans une étape suivante, donner lieu à d’autres développements.  

L’Aventure des métiers telle que nous l’avions conçue s’est arrêtée en 1999. Trente-cinq ans après ses débuts, nous rendons hommage aux centaines d’entreprises, d’associations et de collectivités publiques qui se sont engagées à nos côtés, ce qu’a fait aussi et de manière continue le Ministère de l’Education nationale : à partir de l’Aventure des métiers, il a créé le stage des élèves de Troisième. 

Les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Les attentes, les aspirations des jeunes, les besoins des employeurs sont différents. Mais d’autres font preuve d’esprit d’entreprise, les décideurs accueillent avec la même bienveillance étonnée leurs initiatives, les territoires ouverts à l’action innovante dans l’intérêt général sont aussi vastes, plus encore peut-être.

Hélène et Armand Braun

Print Friendly, PDF & Email