Les experts de l’écologie et de la santé s’accordent sur ce point : la déforestation joue un rôle dans les changements climatiques et les pandémies. Abattage des arbres, dégagement de terrains cultivables, parasites, incendies : s’entraînant l’une l’autre, les causes de cette déforestation se sont multipliées et aggravées.

Avec le réchauffement, les forêts sont devenues beaucoup plus vulnérables aux incendies… qui à leur tour libèrent chaque année des millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère. C’est ainsi notamment que la forêt amazonienne, le « poumon de la planète », pourrait bientôt émettre dans l’atmosphère plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en absorbe !

Contre les parasites, insectes et microorganismes, les arbres ont développé leurs propres défenses. Les chênes, par exemple, peuvent héberger et nourrir sans dommage 500 espèces de chenilles. Hélas, l’équilibre acquis au cours de millénaires d’évolution et les arbres succombent.

Un remède semble s’imposer : la reforestation. Selon une étude publiée dans la revue Science en 2019 la planète pourrait accueillir près de 1 milliard d’hectares de forêts supplémentaires, soit environ la surface des Etats-Unis, avec un potentiel de stockage de 205 gigatonnes de carbone équivalent aux deux tiers des émissions humaines dans l’atmosphère depuis 1800. Quelques semaines plus tard, trois autres études sont venues contredire cette hypothèse.

Alors replanter certes, mais pas n’importe comment. Dans nos pays tempérés, on a trop longtemps planté à tout va des résineux dont les aiguilles tombées en toutes saisons étouffent le sol. Mélanger les espèces, les adapter au climat et au terrain : on sait maintenant que la reforestation est un art subtil.

Dans l’arrière-pays brestois se déroule, à l’initiative d’une école de forestiers et de la Fondation La Poste, une expérience qui a reçu le Label bas-carbone. Une parcelle exposée au nord a été reboisée avec des essences variées pour diminuer le risque d’épidémie, sélectionnées pour leur capacité à encaisser le réchauffement climatique et dont le bois peut être utilisé dans la construction sans être traité : châtaigniers, chênes sessiles, aulnes glutineux, thuyas, pins douglas… Et ont été laissées fougères et ronces, qui éloignent le chevreuil brouteur de troncs. On ne saura que dans une trentaine d’années si l’impact de cette future petite forêt tiendra ses promesses : la capture d’au moins 1200 tonnes de CO2.

Quant au botaniste Francis Hallé, l’inventeur du radeau des cimes pour observer la canopée des forêts tropicales, il cherche, à cheval sur plusieurs pays d’Europe de l’Ouest, un terrain de 70 000 hectares pour recréer une forêt primaire sans intervention humaine. Ce rêve fou, s’il le réalise, pendra une dizaine de siècle à se développer. Mais il a le temps : il n’a que 82 ans !

Stefano Lupieri – Les Echos – 21 janvier 2021
Gabriel Popkin – International New York Times – 9 février 2021
https://www.youtube.com/watch?v=azlRlReK3ow&ab_channel=associationPennArWeb

Print Friendly, PDF & Email