On s’était déjà rendu compte au cours des dernières décennies que les animaux se déplacent plus loin et de manière plus complexe qu’on ne le pensait. L’automne dernier, pour affiner ces observations, des équipes de scientifiques ont équipé des milliers d’animaux – rhinocéros en Afrique du Sud, chauves-souris en Zambie, merles en France, etc. – d’un mini GPS de moins de 5 grammes, alimenté par l’énergie solaire. Chacun de ces instruments indiquera où se trouve celui qui le porte, son état de santé, le microclimat dans lequel il vit. Ces données seront envoyées à la Station spatiale internationale (ISS), qui les retransmettra à des ordinateurs au sol. Ainsi pourra-t-on suivre, partout et pendant toute leur vie, les déplacements des animaux sauvages, d’une manière qui n’était pas imaginable jusqu’à une période récente.
La prochaine étape annoncée par celui qui a conçu le dispositif, Martin Wikelski, biologiste à l’université de Constance et directeur de l’institut Max Planck pour le comportement animal en Allemagne, sera de mettre en place un « Internet des animaux ».
Ce dernier apportera une contribution précieuse à notre connaissance des comportements individuels et collectifs des espèces, de leurs conflits et alliances avec d’autres espèces, de leur manière de réagir aux phénomènes environnementaux. Identifier, année après année, les migrations des bancs de poissons, évaluer la virulence des agents pathogènes, contrôler les prédateurs qui détruisent le cheptel…
Les enjeux sont considérables dans tous les domaines. Mieux on saura ce qui risque de se produire, mieux au sera à même de réagir à temps.
Sonia Shah – International New York Times – 10 février 2021
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