Le tigre de Tasmanie, mammifère marsupial carnivore de la taille d’un loup, au pelage tigré, était largement répandu en Australie il y a plusieurs milliers d’années. Puis des bouleversements, notamment l’introduction du chien dingo, vers le IIIe millénaire avant notre ère et la chasse intensive ont fortement réduit sa population. On ne le trouvait plus – comme son nom l’indique – qu’en Tasmanie. Puis il a complètement disparu. Le dernier est mort en captivité en 1936. Et puis, le 23 février on en a vu et photographié toute une petite famille. Branle-bas de combat chez les amateurs ! En fait, il ne s’agissait pas de tigres de Tasmanie mais d’animaux apparentés.

Régulièrement, des enthousiastes repèrent des animaux disparus, mammifères, oiseaux et autres, photos floues à l’appui. Et régulièrement on se rend compte qu’il s’agit soit de canulars soit d’erreurs. Il en est de même avec des créatures qui n’ont sans doute jamais existé, comme le Yéti ou le monstre du Loch Ness. Pourquoi ? Parce que l’homme est ainsi fait qu’il aime à croire à des choses extraordinaires. Dans des vues peu nettes on projette des choses que l’on sait déjà et on reconstruit une image d’après des connaissances précédentes. Cette interaction entre la perception et la cognition est un biais de notre espèce : nous voyons ce à quoi nous avons envie de croire !  Et pas seulement en zoologie…

Asher Elbein – International New York Times – 17 mars 2021

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