A Walldorf, une ville allemande du nord du Bade-Wurtemberg, il est interdit aux chats de se promener dehors, de jour comme de nuit, de mi-mai à fin août. Les édiles l’ont décrété ainsi afin de sauver les trois couples d’alouettes huppées de la ville. Cet oiseau, de même que son nid et ses œufs, figure sur la liste des espèces protégées. Il ne reste, dans toute l’Allemagne, que 1 700 à 2 700 couples d’alouettes huppées et on en compte chaque année de moins en moins. 

Les alouettes huppées nichent au sol, leurs petits sont une nourriture appréciée des renards mais aussi des chats domestiques, leurs principaux prédateurs. 

Des sanctions sévères (jusqu’à 500 € d’amende) frappent les maîtres qui n’ont pas bien enfermé leurs chats. Et si un contrôleur croisait à l’extérieur un chat avec une alouette dans la gueule, l’amende pourrait atteindre 50 000 €. Quant aux chats enfermés, ils se vengent de cette assignation à domicile en détériorant le mobilier et en dispersant leurs excréments dans les appartements. Certains se laissent même mourir de faim. 

On enregistre à ce jour 30 plaintes de maîtres mécontents. La recherche d’un compromis a échoué. La ville s’est pourtant donné beaucoup de mal. On a même cherché à persuader les alouettes de partir s’installer un peu plus loin, dans un endroit où les nids seraient protégés par une clôture électrique haute de 1m70, mais elles n’ont pas accepté cette proposition. 

Qui arbitrera entre les légitimes intérêts des alouettes qui redoutent d’être croquées et les justes aspirations des chats qui veulent exercer leur métier de chat ?

En tout cas, il est un point sur lequel alouettes et chats sont d’accord : la cause véritable de ce problème, c’est le développement urbain, les pesticides, la disparition des insectes. 

Armand Braun
Source : Stephanie Lahrtz – Neue Zürcher Zeitung – 17 juin 2022

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