Dans un village de France,
Comme il en existe tant,
Les commerces avaient fermé.
Plus d’épicerie,
Plus de boulangerie,
Plus de bureau de Poste.
Que pouvaient faire les habitants ?

Heureusement, il restait le café-restaurant.
Le patron installa une agence postale,
Un distributeur d’argent,
Une épicerie et un dépôt de pain.

Les villageois étaient heureux.
En outre, le menu ouvrier,
Entrée, Plat, Fromage, Dessert, Vin,
Cuisine sur place, ravissait les habitués,
Et ne coûtait que 12,22 €.

Sur le parking,
Les chauffeurs routiers
Faisaient halte pour la nuit.
L’établissement les accueillait dès 4 h du matin
Et ne fermait qu’à 23 heures.
Des touristes et des camping-caristes
De retour de vacances
S’y restauraient également.

Pour signaler l’étape aux voyageurs,
Le patron avait posé,
Au bord de la Départementale,
Quatre panneaux,
Comme il en existe tant.

Las, l’Administration veillait :
« C’est interdit, Monsieur !
Mise en demeure de démonter les quatre panneaux.
Et, d’ici là, astreinte de 210,22 €,
Par jour et par panneau. »

Ceci n’est pas une fable, c’est un échantillon de réalité. C’est Frédéric Potet qui le relate dans Le Monde du 19 janvier 2020.
L’histoire se passe dans le village de Vingt-Hanaps, dans l’Orne. D’où vient son joli nom ? D’après une version, le roi d’Angleterre Henri V, alors maître de la Normandie, lui aurait accordé sa protection en échange de vingt hanaps de vin (l’hanaps était au Moyen-Âge une grande coupe à boire, munie d’un couvercle). D’après une autre version, des chevaliers, en route pour la Croisade, auraient trinqué sans modération dans l’auberge qui existait déjà.

Hélène Braun

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