>>> Mai 2014 – Rencontre avec Jean-Marie Domenach
>>> Février 2015 – Rencontre avec Michel Louis Lévy
>>> Juin 2016 – Rencontre avec Jean Audouze et Johan Kieken
>>>Novembre 2016 – Rencontre avec Manfred Mack: les nouveaux concepts d’entreprise
>>>Janvier 2017 – Rencontre avec Laurent Vigroux : le métier d’astronome, du chapeau pointu à l’ordinateur
>>>Avril 2017 – Une lettre de lectrice
>>>Mai 2017 – Rencontre avec Michel Cassé, astrophysicien et poète
>>>Juin 2017 – Rencontre avec Jean-François Garneau et Jean-Marie Bézard
>>>Janvier 2018 – Rencontre avec Jean Audouze: susciter des vocations scientifiques
>>>février 2018 – Rencontre avec Michèle Brum: la crise de l’expertise
>>>Avril 2018 – Rencontre à Delphes : Un exercice de prévision ?
La philosophie prospective de Gaston Berger : rencontre avec Philippe Gouët
Professeur agrégé de philosophie de l’Éducation nationale, Philippe Gouët enseigne pendant vingt ans en Afrique de l’Ouest. Après sa rencontre avec le Professeur Souleymane Bachir Diagne et sa participation au séminaire que celui-ci anime à l’Université de Dakar, il contribue avec de jeunes philosophes sénégalais, à la redécouverte de la pensée de Gaston Berger. Par la suite il promeut une pédagogie prospective dans une structure médico-pédagogique à Rennes, et enseigne à l’École Nationale de Statistique et de l’Analyse de l’Information (ENSAI) de Rennes.
Il nous présente son ouvrage :
L’Aventure humaine – La philosophie prospective de Gaston Berger
(Éditions Présence Africaine, 2019).
« Lorsque le président Léopold Sédar Senghor décida de donner à la seconde université du Sénégal, à Saint-Louis, le nom de Gaston Berger, il ne le fit pas seulement parce que celui-ci était natif de cette ville et d’origine sénégalaise par sa grand-mère, mais surtout parce qu’il reconnaissait dans la pensée du philosophe la conception d’un avenir ouvert qu’il souhaitait pour son pays.
L’attitude prospective est en effet, dans la définition qu’en donne Gaston Berger, à partir d’une lecture méticuleuse de la phénoménologie de Husserl dont il est un éminent introducteur en France, la reconnaissance de l’exigence humaine universelle d’émancipation, c’est à dire de valeur.
« Être prospectif » c’est répondre à cette exigence en en renouvelant sans cesse la réflexion, le vocabulaire et les images. Ce renouvellement est création et il est l’œuvre des poètes, des philosophes, des artistes, tout autant que celle des inventeurs et des ingénieurs.
Car, nous dit Gaston Berger, « toute culture est prospective ».
Mais être prospectif c’est plus précisément, à partir d’une exploration rigoureuse du présent, penser, agir, connaître, décider à partir de l’avenir. Ce qui commande de s’écarter du mythe d’un temps linéaire et aliénant qui invite à ne construire que des futurs sans avenir.
Or le présent n’est autre que le témoignage de la présence humaine au monde. Cette présence est mouvement. Elle s’inscrit dans « un monde mobile et sans cesse renouvelé où il faut inventer sa propre vie ». En cela consiste l’aventure humaine qui est aventure de l’humanité universelle de l’humain et quête d’une sagesse d’agir, non pas seulement pour l’avenir mais à partir de lui.
Cet ouvrage restitue le fil de la démarche philosophique qui, à partir de ses premières recherches sur la notion de contingence et de ses premiers travaux sur la philosophie de Husserl, conduisit Gaston Berger à former le concept de « prospective ». La prospective est ainsi indissociable d’une philosophie de l’existence et du temps, que Gaston Berger, en digne héritier de Descartes, a voulu accueil généreux et attentif à l’homme moderne, à son monde et à ses problèmes, mais aussi expression de l’exigence humaine d’émancipation et donc de valeur. »