En décembre 2019, une équipe américaine de chercheurs en santé publique a publié dans The New England Journal of Medicine un rapport préoccupant concernant la population des Etats-Unis : d’ici à 2030, un adulte sur deux sera obèse. Or, on le sait, le surpoids joue un rôle dans nombre de maladies graves.

« Les gens qui blâment leurs gènes se bercent d’illusions », dit Zachary J. Ward de l’université de Harvard, qui a dirigé cette étude. « La génétique n’a pas changé depuis trente ans, ce qui a changé c’est l’environnement ». Un environnement où la nourriture est bon marché, toujours accessible, où manger est une source de satisfaction immédiate.

Nous mangeons davantage à l’extérieur, des plats plus riches en graisses, sucre et sel, et des portions plus importantes. On n’a même plus besoin de sortir de chez soi : il suffit d’un coup de fil pour se faire livrer des menus de restaurant. Et la nourriture industrielle, que nous consommons de plus en plus, est, elle aussi, trop riche en graisses, sucre, sel. Même si nous en réduisons les portions dans l’idée de faire un régime, elle est tellement déséquilibrée qu’elle peut causer notamment du diabète de type 2. Dès que nous avons l’âge de manger tout seuls, nous grignotons toute la journée. Le chien de l’auteur du présent article a découvert qu’il peut chiper toutes sortes de friandises dans le dessous des poussettes…

Les boissons sucrées sont un autre facteur de risque : quand les calories qu’on ingère sont liquides, on n’a pas le sentiment de satiété que procure la nourriture solide et l’on mange encore davantage.

Mais, me direz-vous, cela se passe aux Etats-Unis. Les Américains eux-mêmes citent en exemple les comportements vertueux des Français à table : repas familiaux préparés à la maison, moins de grignotage qu’aux Etats-Unis… Las, la mauvaise monnaie chasse la bonne. Malgré des campagnes comme « manger-bouger », « cinq fruits et légumes », etc. et des menus équilibrés dans les cantines, les publicités vantant la junk-food accessible en un clic se multiplient. Elles ont sûrement trouvé leur public puisque, même si c’est dans une proportion moindre qu’aux Etats-Unis, l’obésité croît aussi en France.

Jane E. Brody – International New York Times – 21 février 2020
Prospective.fr

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