Il y a quelques dizaines d’années, l’automobile, le téléviseur, l’ordinateur ont profondément modifié notre vie. Ils ont rendu obsolètes des infrastructures existantes et ont créé des besoins nouveaux. La modification des données impacte tous les aspects de la vie et apporte pendant des dizaines d’années de l’innovation, des investissements et du dynamisme.

C’est l’intelligence artificielle qui jouera ce rôle désormais. Des objets idiots vont devenir intelligents. Par exemple, une automobile mettra en route toute seule ses essuie-glaces quand il pleut, ou activera ses freins si on se rapproche un peu trop du véhicule précédent. Désormais vont intervenir des réseaux neuronaux artificiels qui, à l’image du cerveau humain, seront capables d’apprendre. Bientôt, au lieu d’appuyer sur des boutons, nous parlerons à notre voiture.

La crise du coronavirus accélérera cette tendance. La peur de l’infection et le souci de la distanciation sociale vont hâter l’intervention des robots et des automates. Il en ira ainsi dans d’innombrables domaines. La robotique voit s’élargir considérablement son champ d’action : la logistique, la sécurité, l’artisanat, le bâtiment, la santé. Et même les soins aux personnes âgées qui souhaitent rester chez elles, à des prix très sensiblement inférieurs à ceux des auxiliaires de vie et plus encore des maisons de retraite !

Un nouvel univers de fournisseurs va se mettre en place : les fabricants et programmeurs des robots, les réseaux 5G capables de transporter d’immenses quantités de données, les gestionnaires du cloud, qui conservent ces données, sans oublier les producteurs et transformateurs de lithium, ce matériau indispensable à la fabrication des batteries. Le contexte de l’emploi va aussi changer : celui qui n’est pas familier avec ce monde aura peu de chances d’y trouver un travail.

Werner Grundlehner – Neue Zürcher Zeitung – 19 mai 2020
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