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Les traducteurs littéraires –  le maillon le plus fragile et le plus exposé au tsunami de l’intelligence artificielle –  voient chaque jour leurs conditions de travail se dégrader et leurs commandes s’étioler. Le recours à des programmes de traduction automatique se généralise et le métier de traducteur tend à se réduire à des contrats de postédition, à partir d’un texte déjà traduit par une machine.

Leur rémunération passe de 21 € le feuillet à 17 ou 18 €, alors même que la postédition demande plus de temps qu’une traduction à partir du texte initial. 

Les rares professionnels (8%) qui acceptent le font pour certains ouvrages récréatifs comme les livres de cuisine, ou pour des raisons purement économiques.

Et une question demeure : qui est l’auteur de la traduction ? Il n’y a pas de transparence sur le sujet.

Une pétition du collectif « en chair et en os » entend s’opposer aux « traductions sans âme. Ce qui peut apparaître comme un progrès engendre des pertes immenses en savoir-faire, compétences cognitives, capacités intellectuelles et prépare un avenir sans âme, sans cœur, sans tripes, saturé de contenus uniformisés produits instantanément en quantité illimitées. »

Les traducteurs indignés passent pour technophobe alors qu’il s’agit de tout autre chose : de style, de sur mesure, de philosophie du langage.

Nicole Vulse – Le Monde – 2 février 2024

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