Cette alerte date d’il y a quelques mois, elle est tirée de la presse américaine, mais elle s’applique à l’actualité mondiale
Les microbes résistants aux antibiotiques jouent au flipper autour de la planète, tuant des centaines de milliers de personnes par an. Ainsi, Candida auris est une nouvelle levure tueuse résistante aux antifongiques. Elle a déjà infecté des patients hospitalisés dans les États américains d’Illinois, New Jersey, New York.
Il y a une cinquantaine d’années, la plupart des généralistes savaient reconnaître la cause d’une fièvre chez un malade et choisir s’il le fallait parmi un nombre limité d’antibiotiques efficaces. Aujourd’hui, sans parler de l’identification d’un germe nouveau, la recherche du diagnostic peut prendre du temps et faire appel à des technique sophistiquées. Par exemple, pour savoir à quoi est due et comment soigner une pneumonie grave, l’infectiologue doit s’entretenir avec le généraliste et le pneumologue, faire passer au malade toute une batterie d’examens radiologiques, puis procéder à une biopsie de cellules. Un protocole très lourd pour le patient… et pour le médecin.
Dans un hôpital, l’infectiologue est le spécialiste que tous consultent pour savoir quel médicament, classique ou nouveau, utiliser ou ne pas utiliser, quelle démarche adopter pour un cas complexe, comme celui, par exemple, d’un cancéreux atteint d’une maladie nosocomiale au cours de sa chimiothérapie.
Mais la médecine manque cruellement d’infectiologues. On estime le déficit à 500 spécialistes hospitaliers en France et les formations ne font pas le plein aux Etats-Unis, où le nombre d’inscrits a baissé de 40% entre 2009 et 2017. Inciter les étudiants en médecine à choisir cette spécialité, c’est, avec les nouvelles recherches thérapeutiques, le prochain combat contre les supermicrobes.
Matt McCarthy, infectiologue à l’hôpital Weill Cornell (New-York) – International New York Times – 11 avril 2019