Antoine van Dyck : Sainte Rosalie intercédant pour préserver Palerme de la peste

Nous sommes au printemps 1624. Le peintre hollandais Antoine van Dyck a vingt-cinq ans et la fougue de la jeunesse. Il commence à se tailler une réputation de portraitiste dans sa ville natale d’Anvers, à Londres, à Gênes. Il vient d’arriver à Palerme pour peindre le portrait du vice-roi de Sicile.

Mais le 7 mai 1624, la peste éclate dans la cité. Elle fera bientôt plus de 10 000 morts, soit 10% de la population. Le vice-roi décrète l’état d’urgence. Il décède cinq semaines plus tard. Les gens gémissent dans les rues, les portes de la ville se ferment, le port est à l’arrêt. Le jeune Flamand est désespéré.

C’est alors que des moines franciscains se mettent en devoir de creuser la terre d’une colline faisant face au port. Dans une grotte, ils découvrent des ossements et l’archevêque déclare que ce sont ceux de Sainte-Rosalie. Cette jeune fille noble s’était retirée du monde à l’âge de quatorze ans et avait passé le reste de sa courte vie dans une grotte. Les reliques sont promenées en procession dans les rues au moment où l’épidémie s’apaise et Sainte-Rosalie devient la patronne de Palerme.

Nouvelle commande pour van Dyck, toujours bloqué sur place. Manquant de toile, il repasse une couleur de fond sur un autoportrait qu’il venait de commencer et peint une Sainte-Rosalie intercédant pour préserver Palerme de la peste.

Ce tableau est le premier que le Met (Metropolitan Museum of Art de New York) a acquis un an après son ouverture en 1870. Ce tableau aurait dû être le clou de l’exposition qui à partir du 30 mars devait célébrer les 150 ans du musée.

Le Met rouvrira peut-être en juillet. Pour l’heure, Saint-Rosalie est confinée, comme tous les New-Yorkais en ce moment, et comme l’était van Dyck en 1624.

Jason Farago – International New York Times – 30 mars 2020

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