La petite femelle de gibbon, capturée quand elle était bébé, amusait les touristes dans un bar. On l’a sortie de là et elle a passé huit ans dans la cage d’un centre de réhabilitation. Maintenant elle vit dans la jungle sur l’île de Pukhet, et on l’a vue perchée sur un arbre avec son compagnon né dans la jungle et leurs deux rejetons. Elle est l’un des gibbons sauvés grâce au Gibbon Rehabilitation Project. 

« Nous avons 35 gibbons dans la forêt de Pukhet, y compris ceux qui y sont nés », dit Thanaphat Payakkaporn, secrétaire général de la Wild Animal Rescue Foundation de Thaïlande, qui pilote le projet Gibbon. « Certains sont maintenant grand-parents. »

Dans les années 1990 et au début des années 2000, quand exhiber des animaux sauvages faisait partie de la vie nocturne glauque de Thaïlande, on capturait des jeunes gibbons à qui on apprenait à fumer et à boire. Les gibbons vivent normalement dans la canopée de la forêt tropicale. A l’aide de leurs longs bras, ils se balancent de branche en branche et se jettent jusqu’à quinze mètres d’un arbre à l’autre. Les cris aigus qu’ils poussent sont très caractéristiques et s’entendent à des kilomètres. C’est ainsi que les braconniers les repèrent facilement. Pour prendre un petit dans les bras de sa mère, ils massacrent toute la famille. 

Il existe une douzaine de centres de réhabilitation pour gibbons à travers toute l’Asie du Sud-Est. D’abord on leur réapprend à vivre avec leurs congénères, à se débrouiller tout seuls, puis on les relâche dans la nature. Un processus très lent : « le Projet Gibbons a été lancé en 1992, mais il a fallu dix ans avant de relâcher la première famille », confie Thanaphat Payakkaporn. Il y a même des gibbons qui ne veulent jamais quitter le centre et reviennent dans le confort de leur cage… 

Richard C. Paddock – New York Times International – 28 décembre 2020
Pour entendre le cri des gibbons :
https://www.youtube.com/watch?v=nSMZD-CIi30&ab_channel=tushargamer

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