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En 2018, une équipe de neuroscientifiques suisses menée par Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine à Lausanne avait réussi à aider des patients à remarcher à l’aide de stimulations électriques de la moelle épinière. Chez ces personnes en effet, le lien entre le cerveau et les fibres nerveuses des jambes avait été sectionné au niveau de la moelle épinière.
Cette technologie vient d’être augmentée par WIMAGINE, un implant cérébral développé depuis dix ans à l’institut Leti du CEA et Clinatec à Grenoble.
Il s’agit d’un pont digital qui restaure la communication entre le cerveau et la région de la moelle épinière commandant le mouvement des jambes. Positionné à la surface du cortex cérébral droit et gauche, il capte et numérise les signaux électriques engendrés par l’intention de mouvement du patient. Grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle, ces informations sont décodées en prédiction de mouvements des jambes, puis converties en séquences de stimulation électrique de la moelle épinière.
Concrètement, le système comporte donc un implant posé sur la moelle épinière, deux dispositifs d’enregistrement sans fil de 5 centimètres de diamètre composés de 64 électrodes chacun posés de part et d’autre de la boîte crânienne sous la peau au niveau du cortex moteur, zone consacrée au contrôle des mouvements volontaires.
Le patient porte par ailleurs un casque où sont intégrées deux antennes : l’une alimente l’électronique implantée, l’autre transfère les signaux émis par le cerveau à un ordinateur traitant les données en temps quasi réel (300 à 500 millisecondes).
L’ordinateur est placé sur un déambulateur ou dans un sac à dos. Il décode les signaux cérébraux pour créer une stimulation de la moelle épinière au moyen d’implants situés dans l’abdomen ou sous les vertèbres. Les mouvements sont fluides. Les chercheurs ont même constaté une récupération neurologique suggérant une repousse et une réorganisation des fibres nerveuses.
Il faudra maintenant valider la méthode sur une large cohorte de patients, miniaturiser le système afin qu’il tienne sur une puce et non plus dans un ordinateur, l’appliquer aux mouvements des bras et des mains.
Sarah Sermondadaz – Heidi.News – 24 mai 2023
Sylvie Logean – Le Temps – repris par Les Echos – 26 mai 2023
https://www.youtube.com/watch?v=6Ee3kZIW5fk&t=6s&ab_channel=CEARecherche