Aux Etats-Unis une équipe de gastronomes s’est amusée à faire rédiger un menu de fête (en l’espèce Thanksgiving) par une intelligence artificielle ayant eu accès à une immense base de données. La donneuse d’ordres a indiqué ses goûts – épices, cuisine indienne et thaï, dessert peu sucré –  et la machine a édité des recettes commentées. Celles-ci sont présentées avec la liste des ingrédients, le mode d’emploi, et même des photos et des commentaires « personnels ». 

Voici le menu : potage de potiron style curry, haricots verts au miso et graines de sésame, naan farci salé sucré, dinde, gâteau de potiron. 

A la réalisation par des humains suivant aux fourneaux les instructions de l’intelligence artificielle, nous n’y sommes pas encore. Tous les plats étaient, non seulement insuffisamment salés et trop secs, mais surtout fades. Seuls les haricots étaient comestibles, sans plus. Le potage n’était qu’une infâme purée rappelant l’herbe mais ni le potiron ni le curry. La farce du naan exigeait 32 ingrédients différents mais ressemblait au final à une barre de fruits secs émergeant d’une bagarre. Nous vous laissons imaginer comment se présente une dinde agrémentée d’une seule gousse d’ail et rôtie sans aucune matière grasse. Quant au gâteau il avait belle allure mais manquait singulièrement de goût. 

Le problème avec l’IA c’est qu’il lui manque tout ce qui fait un bon cuisinier : l’imagination, l’entraînement, les trucs hérités de la famille et des maîtres, et surtout la gourmandise. Les livres et les blogs de recettes de professionnels et d’amateurs humains qui concoctent des recettes ont encore de beaux jours devant eux.

Je me souviens pourtant d’un premier dessin réalisé par un ordinateur dans les années 1970 : un infâme gribouillis. Mais c’était avant…

Priya Krishna et Cade Metz – International New York Times – 14 novembre 2022
Crédit Photo: Stock Unlimited
Prospective.fr

Print Friendly, PDF & Email