Dans les magasins Nature et Découvertes, le réveil « trois sons de la nature » (oiseau, vague et cascade) s’écoule à 12 000 exemplaires par an. Cette « sonothérapie » aide à se relaxer et facilite le sommeil, grand préoccupation des Français. La sonothèque numérique du Muséum d’Histoire naturelle réunit 24 000 somptueux fichiers audio de mésange bleue, butor étoilé, sauterelle cymbalière, barbitiste du maquis et autre phanéroptère liliacé. 

Ces archives sonores naturelles enflent au même rythme que l’intérêt pour l’éco-acoustique. Les preneurs de son, souvent des volontaires passionnés, captent la grande symphonie du vivant. Le concert de la planète dans ce qui lui reste de sauvage, avec ses gazouillis, chuintements, coassements, stridulation, vocalises animales agrémente désormais les lieux publics, les sites web, où sont aménagées des « pièces d’immersion animaux de mer » ou « forêt tropicale ». Cette activité est bonne pour la santé : diminution du stress, de la pression artérielle, du rythme cardiaque, amélioration de l’humeur, des performances cognitives, du système immunitaire. Quant à l’impact mortifère des pollutions sonores d’origine humaine, il n’échappe plus à personne. 

Les amoureux de la nature avouent une grande peur : « je crains que d’ici cent ans, l’homme se satisfasse de sons enregistrés. Je crains le temps où il n’y aura plus de nature sauvage. » 

Horreur : il est maintenant question de sorties en forêt avec casque d’écoute de sons enregistrés ! 

Pascale Krémer – Le Monde – 13 novembre 2022
Crédit Photo: Stock Unlimited

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