Photo Edith Bier 

35% de la population fait occasionnellement des cauchemars. Quand ils sont fréquents, c’est « la maladie des cauchemars », qui concerne 6% de la population générale adulte, 90% de la population psychiatrique (et peut alors être associée à des idées suicidaires ou à des symptômes mélancoliques).

Des thérapies se développent pour en venir à bout.

Une technique issue des thérapies comportementales et cognitives (TCC), baptisée « répétition d’imagerie mentale » (RIM), a fait ses preuves et constitue le traitement de référence de la maladie des cauchemars. Elle consiste à modifier un cauchemar que l’on fait souvent en inventant soit un dénouement heureux, soit une autre histoire. Grâce à des images mentales, on visualise ce scénario d’une durée de cinq à sept minutes deux fois par jour, dont une fois avant le coucher, et ce pendant plusieurs mois, le scénario agréable changeant une fois par semaine. Mise au point aux États-Unis dans les années 1990, cette technique a été importée en France par l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) au lendemain des attentats de Paris de novembre 2015. Les résultats sont spectaculaires. Un exemple raconté par une patiente qui faisait des cauchemars dont le thème récurrent était la mort : « J’étais dans un train, il déraillait et s’encastrait dans un arbre. Sans la RIM, on mourait tout. Là, l’arbre s’est ouvert en deux tel une porte. J’arrivais en Angleterre et je mangeais une glace. » 

La RIM ne fonctionne pas chez tout le monde. Les chercheurs en neurosciences de l’université de Genève et des hôpitaux universitaires de Genève ont mis au point un nouveau procédé pour les patients qui n’y répondent pas, en y associant une autre technique : la « réactivation de mémoire ciblée » (TMR pour Targeted Memory Reactivation). Une méthode utilisée dans des protocoles expérimentaux pour comprendre comment, lorsque l’on dort, la mémoire se consolide. Elle consiste à envoyer au cerveau de la personne endormie des stimuli – sons ou odeurs, associés à des images ou à des expériences. Avec les deux thérapies associées les cauchemars diminuent, les rêves contenant des émotions positives augmentent. 

Nathalie Brafman et Pascale Santi – Le Monde – 22 mars 2023
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